Bouger connecté: véritable avantage ou simple gadget?
Les premières montres dites «intelligentes» sont apparues vers les années 1980. Mais le marché des accessoires connectés pour sportifs s’est véritablement développé à partir de la décennie suivante. La miniaturisation des capteurs a favorisé l’essor de cette panoplie digitale et l’intérêt croissant de la population pour la santé a fait le reste. Aujourd’hui, il semble que plus aucun sportif ne puisse y échapper.
Les objets connectés sont désormais intégrés dans n’importe quel attirail sportif: montres, lunettes, chaussures, maillot, raquette, ballon, selle de vélo, etc. Le plus souvent, ils sont reliés à une application téléchargeable sur smartphone et grâce à laquelle les données enregistrées sont analysées. Mesure de la fréquence cardiaque, calcul du nombre de pas, évaluation de la quantité de calories brûlées, etc., font partie des fonctions courantes. Prétendre faire le tour de cette gamme de produits est illusoire, tant il en existe. On en trouve en effet pour tous les goûts et toutes les disciplines, et leur degré croissant de sophistication rend le choix du consommateur encore plus délicat.
«De quoi ai-je vraiment besoin?»
La première question à se poser est peut-être «De quoi ai-je vraiment besoin?» Beaucoup de sportifs amateurs font l’acquisition d’un cardiofréquencemètre pour contrôler l’intensité de leur effort cardiaque et adapter leur entraînement à leur objectif, qu’il s’agisse de progresser ou de perdre du poids. En principe, il suffit d’introduire quelques paramètres (âge, poids, taille…) pour obtenir une proposition de plan d’entraînement. À noter toutefois: une consultation chez un préparateur physique ou une diététicienne n’est pas superflue avant de passer aux choses sérieuses.
Globalement, la précision des cardiofréquencemètres est jugée bonne. Tel n’est pas le cas de la fonction d’évaluation de la dépense énergétique proposée parfois à titre accessoire. Les résultats sont en général obtenus par simple déduction à partir des valeurs de la fréquence cardiaque. Même lorsque d’autres paramètres (sexe, âge, poids, etc.) sont intégrés dans le calcul, les chiffres affichés restent théoriques, car ils ne tiennent pas compte du métabolisme de base de la personne. Selon certaines études, il faudrait compter avec des marges d’erreur considérables.
En ce qui concerne les podomètres utilisés pour calculer le nombre de pas effectués, ils sont réputés assez performants quand ils sont intégrés dans des montres-bracelets. La fiabilité diminue lorsqu’il s’agit d’une application pour smartphone, en raison de l’absence de capteur en contact direct avec le corps de l’utilisateur. Par ailleurs, une étude réalisée en Pennsylvanie sur plusieurs centaines de sujets suggère l’existence d’un effet «tout beau, tout nouveau». Après un enthousiasme initial, certaines personnes, déçues de n’avoir pas atteint d’aussi bons résultats qu’elles le souhaitaient, remisent l’objet fétiche dans un tiroir.
Le découragement est parfois dû à la trop grande complexité de l’appareil. Aujourd’hui, les montres-bracelets ne se contentent plus de vous indiquer votre rythme cardiaque, la distance que vous avez parcourue et les calories prétendument brûlées. Elles vous renseignent encore sur votre vitesse moyenne, le dénivelé que vous avez avalé, votre courbe de progression, etc., pour vous proposer ensuite d’importer toutes ces données sur des fichiers Excel. De quoi transformer peu à peu vos sorties champêtres censément ludiques en prises de tête.
Des sondages confirment cet effet à double tranchant. D’un côté, les gens sont contents d’avoir la possibilité de visualiser leurs exploits sur de jolis graphiques en couleur qu’ils peuvent ensuite partager sur les réseaux sociaux. De l’autre, ils sont dépassés par l’ésotérisme des tableaux et se sentent stressés par les messages de rappel qu’ils reçoivent («Bouge ton corps!») en cas de manquement d’un entraînement, par exemple. Au point que 30% des utilisateurs finiraient par considérer le bijou technologique comme un «ennemi».