Le somnambulisme et les «terreurs nocturnes» sont bien d’origine génétique

Dernière mise à jour 27/05/15 | Article
Le somnambulisme et les «terreurs nocturnes» sont bien d’origine génétique
Une étude canadienne confirme que les enfants de pères ayant été somnambules ont un risque multiplié par trois de l’être eux-mêmes. Ce risque passe à sept lorsque les deux parents l’ont été.

«On peine à croire que l’on puisse dormir et être éveillé à la fois, c’est pour cela que le somnambulisme fascine», expliquait à planetesante.ch, dans un Question-Réponse sur ce comportement, le Dr José Haba Rubio, médecin associé au Centre d’investigation et de recherche sur le sommeil du CHUV de Lausanne.

Les spécialistes rangent le somnambulisme dans la catégorie des «parasomnies», un ensemble de phénomènes moteurs ou sensoriels anormaux survenant durant le sommeil. Dangereux (les actions que l’on entreprend lors d’un épisode peuvent conduire à de graves blessures voire à la mort), le somnambulisme est fréquent chez les enfants, avant l’adolescence. La proportion diminue chez les adolescents, pour atteindre 1% chez les adultes, précise le Dr Haba-Rubio. Il est très rare que l’on devienne somnambule à l’âge adulte sans l’avoir été dans son enfance.

On sait aussi qu’il y a une forte composante génétique dans cette parasomnie. Et c’est cette composante qu’ont étudié des chercheurs canadiens, dirigés par le Pr Jacques Montplaisir (Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal), qui viennent de publier leurs résultats dans la revue JAMA Pediatrics1.

Réveils brutaux, cris, confusions

L’équipe des chercheurs canadiens a étudié la prévalence du somnambulisme et des terreurs nocturnes durant l'enfance, les liens pouvant exister entre les deux, ainsi que les degrés d'association entre les antécédents de somnambulisme des parents et l’incidence du somnambulisme et des terreurs chez les enfants. Au total ce travail a porté sur1940 enfants (nés en 1997 et 1998) et leurs parents.

L’analyse des données recueillies conclut à une prévalence globale à l'enfance du somnambulisme (de 2 ans et demi à 13 ans) de 29 % ainsi qu’une augmentation progressive de cette prévalence jusqu’à 13,4% à l'âge de 10 ans. Les chercheurs canadiens se sont aussi intéressés à cette autre parasomnie que sont les «terreurs nocturnes», caractérisées par des réveils brutaux, des cris, une peur intense, une grande confusion et une période prolongée d’anxiété.

Antécédents parentaux

L’analyse constate une forte prévalence des terreurs nocturnes (un enfant sur trois environ) à 1 an et demi avec une diminution progressive de cette prévalence (jusqu’à 5% à 13 ans). Ces deuxparasomnies partagent certaines caractéristiques et trouvent leur origine principalement au cours des phases de sommeil à ondes lentes. L’analyse constate encore que les enfants sujets à des épisodes de terreurs nocturnes pendant la petite enfance ont, par rapport aux autres, un risque accru de somnambulisme plus tard dans l'enfance, vers 5 ans ou plus.

Il ne fait aucun doute d’autre part que l’incidence du somnambulisme augmente avec l’existence d’antécédents parentaux. Les enfants de père ayant été somnambule ont un risque multiplié par trois de l’être eux-mêmes. Quant aux enfants dont les deux parents ont été somnambules, ce risque est multiplié par sept.

Chromosome n° 20

L’explication de cette influence génétique réside, selon les spécialistes, dans les structures des gènes impliqués dans les mécanismes du sommeil à ondes lentes. Publiée en 2011 dans la revue Neurology2, une étude menée sur quatre générations d’une même famille avait déjà ciblé les bases génétiques du somnambulisme dans une région particulière du chromosome n° 20. Ce qui ne veut pas dire que tous les somnambules ont eu des parents qui l’étaient également. En revanche, si on menait des recherches, il est hautement probable que l’on retrouverait des antécédents de ce comportement chez leurs ascendants. Hautement probable, aussi, qu’on les trouverait chez certains de leurs descendants.

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1. Le résumé (en anglais) de l’étude du JAMA Pediatrics est disponible ici

2. Le résumé (en anglais) de l’étude de Neurology est disponible ici.

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