Sommeil de l’enfant: quand la terreur survient
Les parents qui ont assisté aux terreurs nocturnes de leur enfant généralement s’en souviennent. Non sans raison. Car ce genre de scène a de quoi impressionner. Un enfant en proie à une terreur nocturne se relève, s’assoit brusquement dans son lit. Il hurle, semble effrayé et en montre tous les signes: son rythme cardiaque et sa respiration s’accélèrent, il a chaud, il transpire, sa peau devient rouge, ses cris se mélangent à ses larmes. Malgré l’intervention de ses parents, il est inconsolable et rien ne semble pouvoir le ramener à la raison. Ses yeux sont grand ouverts, ses pupilles dilatées, mais il est en plein sommeil. En effet, les terreurs nocturnes relèvent d’une parasomnie, en l’occurrence un trouble du sommeil lent profond, au même titre que le somnambulisme (lire encadré) et les éveils confusionnels. Ce phénomène, bien qu’il puisse survenir à plusieurs reprises au cours de l’enfance, ne fait pas partie du sommeil physiologique, autrement dit normal, de l’enfant.
Un état hybride
Conseils
Une saine hygiène du sommeil est importante pour un sommeil de qualité. Voici quelques mesures à faire adopter à votre enfant:
- Couchers et réveils à des heures régulières.
- Quantité de sommeil suffisante (lire encadré).
- Faire pipi avant d’aller au lit.
- Eviter les boissons stimulantes en fin de journée.
- Pas d’activités excitantes à l’approche du coucher.
- Proposer un rituel agréable et relaxant 15 à 20 minutes avant l’heure du dodo.
- Eliminer, si possible, les perturbateurs du sommeil.
Il touche le plus souvent les 4 à 12 ans, mais peut aussi concerner les plus jeunes ou, certes plus rarement, les adultes. Si ces épisodes ne durent qu’entre cinq et quinze minutes, ils sont néanmoins intenses et laissent les parents impuissants et inquiets à leur tour.
Les terreurs nocturnes surviennent au cours du sommeil lent profond, le plus souvent durant le premier cycle de sommeil, soit environ 1-1,5 heure après l’endormissement. Mais comme plusieurs cycles de sommeil s’enchaînent au cours de la nuit, elles peuvent revenir (ou apparaître) plus tard dans la nuit.
Et, contrairement à ce que ses yeux, ouverts, laissent croire, l’enfant est bien en train de dormir. «L’enfant se trouve dans un état hybride. Certaines parties du cerveau sont endormies, d’autres sont en état de veille, en raison d’un stimulus quelconque de son environnement», explique la Dre Katerina Espa-Cervena, spécialiste du sommeil au centre CENAS à Genève. Les stimuli peuvent être divers: une envie de faire pipi qui réveille un peu, mais pas complètement, la présence de fièvre, la chaleur, un manque de sommeil, ou des conditions de sommeil inhabituelles (voyage, lit différent, etc.). «Ces éléments perturbateurs induisent un réveil dissocié où l’état de veille et de sommeil se mélangent littéralement», poursuit la spécialiste.
Terreur ou cauchemar
Combien d’heures votre enfant doit-il dormir?
Les besoins de sommeil chez l’enfant varient selon l’âge. Les recommandations suivantes sont conformes aux données scientifiques actuelles. Les respecter, c’est permettre à l’enfant de combler ses besoins de sommeil.
- 0 à 3 mois: entre 14 et 17 heures par jour.
- 4 à 11 mois: entre 12 et 15 heures.
- 1 à 2 ans: entre 11 et 14 heures.
- 3 à 5 ans: entre 10 et 13 heures.
- 6 à 13 ans: entre 9 et 11 heures.
- 14 à 17 ans: entre 8 et 10 heures.
Contrairement aux cauchemars, les terreurs nocturnes ne laissent aucun souvenir chez l’enfant. «C’est l’amnésie totale, confirme la spécialiste. Nous déconseillons aux parents d’y revenir le matin venu. Cela pourrait engendrer un stress inutile chez l’enfant». Les cauchemars surviennent quant à eux dans les stades de sommeil paradoxal (ou REM), et ils ont de plus un contenu propre. La peur qu’ils occasionnent peut provoquer un réveil complet et l’enfant peut en faire le récit. Leur contenu, plus ou moins élaboré, le permet en effet. La consolation des parents est alors possible, alors qu’en cas de terreurs nocturnes, il est impossible d’influencer ou de rassurer l’enfant.
Dans tous les cas, rien ne sert de culpabiliser. Les terreurs nocturnes sont plus présentes chez ceux dont les proches parents ont eux-mêmes été concernés. Pour diminuer leur survenue, il est vivement conseillé de veiller à une bonne hygiène du sommeil chez son enfant (lire encadré) et de rester vigilant, en particulier si les épisodes sont nombreux, avec des mouvements ou comportements très stéréotypés, violents, qu’ils surviennent très proches de l’endormissement ou du réveil et qu’ils se répètent plusieurs fois par nuit. Dans ce cas, précise la doctoresse, «il vaut mieux en parler au pédiatre, afin d’exclure des problèmes d’épilepsie. Aussi, il faut également exclure la présence d’apnées du sommeil, qui peuvent également en être à l’origine». Du côté des parents encore, il faut veiller à rester calme, ne pas chercher à calmer l’enfant, ni à le réveiller, mais sécuriser l’espace et attendre que cela passe.
Les enfants somnambules
Des déambulations nocturnes, les yeux ouverts, un comportement automatique, déterminé, parfois des gestes surprenants, une activité mentale réduite. Puis, parfois, un retour dans le lit, comme si de rien n’était, ou presque. Le somnambulisme est une autre forme de parasomnie, survenant comme les terreurs nocturnes durant le sommeil lent profond. Et généralement, durant la première partie de la nuit, 60 à 80 minutes après l’endormissement. Ce trouble du sommeil est assez fréquent chez l’enfant, puisqu’il touche environ 17% d’entre eux. A l’adolescence, il tend à disparaître, et il est plus rare chez l’adulte. Certains enfants cumulent les deux troubles, mais il est plus fréquent de souffrir de l’un ou de l’autre. En tant que tel, le somnambulisme n’est pas dangereux, à moins d’une chute, d’une perte d’équilibre ou de blessures, si l’enfant se cogne ou s’il sort de la maison. Afin d’éviter les accidents, il est recommandé de sécuriser l’espace. Là aussi, il est déconseillé de réveiller l’enfant. A la place, le reconduire calmement dans son lit. Et, plus généralement, veiller à son hygiène du sommeil.
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Paru dans le Quotidien de La Côte le 20/12/2017.