A l'assaut des infections sexuellement transmissibles
Introduction
Les infections sexuellement transmissibles (IST) touchent chaque année plusieurs dizaines de milliers de personnes en Suisse. Les trois virus les plus répandus sont le VIH (virus de l’immunodéficience humaine), le VPH (papillomavirus) et ceux du groupe herpès (HSV). En dehors des maladies graves (sida, cancers du col de l’utérus, etc.) qu’ils peuvent provoquer, ces virus peuvent être responsables de lésions cutanées diverses qui conduisent à de nombreuses consultations chez les médecins de premier recours ou chez les spécialistes. C’est un problème de santé publique majeur. Les patients recherchent bien sûr des soins, mais aussi de moyens de prévention efficaces.
Le préservatif : indispensable
Si l’approche préventive de ces infections n’en est qu’à ses débuts sur le plan médical, de nouvelles perspectives, dans le domaine des vaccins en particulier, laissent présager des avancées majeures dans un avenir proche. Mais pour l’heure, le moyen le plus simple et le plus sûr reste le préservatif. Son utilisation permet en effet de réduire le risque de transmission du virus du sida de 87% environ. L’impact du bout de latex sur les virus du groupe herpès est comparable et dépasse même les 90% dans les cas de transmissions de l’homme à la femme. En revanche, il est un peu inférieur pour le papillomavirus (70% au maximum).
Mais pour limiter de façon encore plus large la propagation de ces agents infectieux, le développement des vaccins serait souhaitable. Depuis près de 25 ans, la mise au point d’un vaccin contre le sida est un des objectifs primordiaux de la recherche. Malgré les avancées importantes dans ce domaine, on le sait, l’existence d’un tel vaccin n’est toujours pas une réalité. Un des obstacles majeurs étant la grande variabilité du virus. Toutefois, une récente étude menée en Thaïlande a quelque peu réveillé les espoirs. Fait particulier, le vaccin testé a été administré à une population hétérosexuelle à risque faible ou modéré de contracter le sida, alors que les études antérieures se sont intéressées à des groupes à risque. Injecté à 16 000 personnes, il a montré une efficacité de l’ordre de 26%. Un résultat insuffisant, mais bien supérieur à de précédents essais cliniques menés sur l’homme.
En ce qui concerne l’herpès aussi, une solution vaccinale se fait toujours attendre. Si deux vaccins font l’objet d’études cliniques, le premier s’est révélé complètement inefficace, tandis que le second a montré une efficacité partielle, soit uniquement chez les femmes non préalablement infectées par l’herpès.
La lutte contre le VPH connaît un sort plus heureux. On le sait, deux vaccins sont actuellement sur le marché. L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) recommande même une vaccination généralisée pour toutes les jeunes filles dès l'âge de 11 ans. Bien qu’elle ne couvre pas tous les types de VPH, la vaccination assure une protection contre les papillomavirus responsables de 70% des cancers du col de l’utérus et préserve à 98% des lésions précancéreuses provoquées par le VPH. 94% des infections persistantes à un des types de papillomavirus peuvent également être évitées, tandis qu’une protection contre plus de 90% des verrues génitales est garantie. Cela, seulement pour les filles qui n’ont pas été exposées au VPH, raison pour laquelle la campagne de l’OFSP s’adresse aux adolescentes qui n’ont pas encore d’activité sexuelle. L’administration du vaccin aux jeunes hommes pourrait s’avérer utile dans la mesure où le VPH peut aussi être impliqué dans le développement de tumeurs cutanées et ORL ainsi que dans la survenue de verrues génitales. Si, en Australie ou en Autriche par exemple, les garçons ont déjà été intégrés dans les campagnes vaccinales, en Suisse en revanche, cette possibilité est encore en cours d’évaluation. Des études analysant en détail le rapport coût/bénéfice doivent encore prouver l’intérêt d’une telle démarche.
La protection contre le VPH devrait être de plus en plus manifeste au cours des prochaines années, au fur et à mesure que la couverture vaccinale augmentera. Mais pour l’heure, le préservatif conserve un intérêt majeur, car une infection au VPH peut être source d’autres lésions (verrues, kystes, etc.) ou tumeurs (anales, vulvaires, cancers ORL, etc.).
Autres pistes
En marge des vaccins, d’autres approches préventives sont actuellement évaluées, parmi lesquelles le recours à des microbicides, des composés qui ont pour but d’inhiber le virus au niveau muqueux, en empêchant ainsi l’infection. Ces molécules se présentent la plupart du temps sous forme de gel ou de liquide qui s’utilisent avant ou pendant les rapports sexuels. Dans des régions où l’emploi du préservatif est socialement difficile, en Afrique subsaharienne notamment, ces moyens représentent une alternative particulièrement intéressante.
Dans le cas du VPH, l’extrait d’algues rouges, par exemple, aurait montré un impact positif sur les risques de transmission. La piste des microbicides est aussi explorée pour les virus de l’herpès et du VIH. Aujourd’hui, environ cinquante composés différents sont à l’étude dans le cadre de la prévention du sida. L’action de ces microbicides est évaluée aux différents stades de la transmission du virus à travers les muqueuses. De nouvelles perspectives de prévention contre les infections sexuellement transmissibles devraient donc bientôt voir le jour.
Source
« Infections virales sexuellement transmissibles: prévention, traitements et perspectives », Drs Damjan, S. Nikolic, Pr Vincent Piguet Service de dermatologie et vénéréologie, Département de médecine génétique et de laboratoire HUG, 1211 Genève 14, in Rev Med Suisse 2010; 6 : 866-70.
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Le sida est dû au VIH (virus de l'immunodéficience humaine). Il se transmet par contact direct avec du sang contaminé, lors de relations sexuelles ou directement de la mère à l'enfant.