Problèmes de libido chez la femme: un trouble sexuel fréquent mais mal connu

Dernière mise à jour 28/09/17 | Article
libido_femme_frequent
Alors que la médecine actuelle reconnaît l’importance du désir sexuel féminin, ses troubles sont souvent vécus avec fatalisme, et négligés tant par les femmes elles-mêmes que par les hommes.

Selon diverses études, entre 10 et 50% des femmes adultes vont rencontrer des difficultés sexuelles liées au désir au cours de leur vie. Mais en Europe, selon une large étude internationale, seulement 6 à 13% d’entre elles vont souffrir d’un trouble avéré (contre 12 à 19% aux Etats-Unis). En chiffres absolus, le trouble du désir est le plus fréquent de tous les troubles sexuels (les deux sexes confondus), et la première cause de consultation pour des problèmes sexuels à Genève, en France et en Europe.

Pourtant, beaucoup de femmes (et d’hommes) se convainquent que «ce n’est pas si grave» ou «normal» avec le temps et la durée d’une relation ou avec l’âge, notamment. Or, il n’en est rien! L’âge avançant ne signifie pas automatiquement une sexualité amoindrie. Et les «vieux» couples peuvent vivre une sexualité tout aussi harmonieuse et satisfaisante que ceux qui viennent de se rencontrer.

Définition et symptômes des troubles du désir

La définition moderne des troubles du désir sexuel féminin évoque tout d’abord une absence ou une diminution des fantasmes sexuels ou du désir d’activité sexuelle. La femme souffrant de ce trouble est peu motivée dans la recherche de sensations sexuelles et habituellement ne prend pas l’initiative d’une activité sexuelle, ou alors s’y livre avec réticence quand son partenaire prend l’initiative. Cette situation provoque une souffrance subjective prononcée chez la femme et/ou chez son partenaire et donc des difficultés relationnelles.

Parmi ces dysfonctions, on en distingue divers types: tout d’abord le trouble primaire, quand le désir sexuel a toujours été faible ou absent. Cela concerne une minorité de femmes souffrant de problèmes de libido. Le trouble secondaire, quant à lui, correspond à un désir qui était présent, mais qui a diminué ou disparu progressivement ou subitement. Dans le cas du trouble situationnel, le désir est faible ou absent lors de certaines stimulations seulement, ou dans certaines situations, par exemple avec un partenaire en particulier ou lorsque les enfants dorment dans la chambre à côté. Enfin, le trouble généralisé apparaît dans n’importe quelle situation et indépendamment du partenaire.

Faut-il consulter?

Certaines femmes ressentant moins ou pas de désir sexuel n’en souffrent pas forcément directement, tandis que d’autres en seront fâchées ou en souffriront et constateront un manque, une frustration, un mécontentement et une grande détresse. Un certain nombre de femmes se sentent même honteuses de ne pas être «de vraies femmes», d’être «anormales».

Il n’est pas rare que la femme prenne véritablement conscience du problème à cause de la détresse de son partenaire. Elle peut alors se sentir triste, coupable, désemparée de ne pouvoir répondre à ses attentes, de le décevoir. Et tomber dans la dépression, la peur et l’anxiété qu’il la quitte –ce qui arrive hélas fréquemment. C’est d’ailleurs généralement lorsque cette inquiétude devient très intense, ou que le partenaire en fait la menace, que les patientes vont (enfin) consulter, parfois trop tard.

En effet, le partenaire va commencer par ressentir un simple manque, puis, avec le temps, se remettre en question –sur sa capacité de séduire et de donner du plaisir– et se demander s’il est encore désirable et aimé, allant jusqu’à mettre en cause le bien-fondé même de son couple. D’où l’émergence de conflits, d’accusations et de critiques.

Il faut consulter lorsque les problèmes de désir durent depuis un certain temps (plusieurs mois) et provoquent une souffrance personnelle de la femme et/ou du partenaire et du couple.

Qui consulter?

Dans un premier temps, une consultation chez son médecin de premier recours –généraliste, gynécologue– permettra de déterminer si l’origine du problème est physiologique (maladie, trouble hormonal, etc.) ou psychiatrique. Le cas échéant, il pourra guider la patiente vers le/les spécialistes ad hoc selon les causes du trouble. Si le médecin consulté estime ne pas être assez formé en médecine sexuelle, il devrait envoyer la patiente chez un spécialiste. Relevons que les troubles du désir sont difficiles à dépister pour les non-spécialistes en médecine sexuelle et en sexologie.

Notion de «faute» à prohiber

Il subsiste bon nombre de croyances et de mythes au sujet du manque de désir féminin. L’un des plus fréquemment entendus dans les cabinets médicaux, et souvent énoncé par les partenaires hommes, est que la baisse de libido serait uniquement de «la faute» de la femme. Or, toute notion de faute est à écarter, d’abord car tout le monde peut avoir une baisse d’envie momentanée. Ensuite, parce que l’une des causes les plus fréquentes de la perte de libido chez la femme est un problème de couple.

Parler de faute est donc un raccourci qu’aucune femme ne devrait accepter tel quel avant d’avoir examiné de près ce qui se passe dans son couple. De nombreuses questions méritent alors d’être posées. Le couple traverse-t-il une crise? Son partenaire est-il froid, distant, agressif ou violent? A-t-il été infidèle? Est-il toujours aussi attirant ou se laisse-t-il aller physiquement? Est-il (toujours) assez attentif ou plutôt égoïste, en faisant l’amour très rapidement, sans véritables préliminaires? Offre-t-il une sexualité, des pratiques et stimulations variées?

La communication au sein du couple est également un facteur important. Par exemple, le couple communique-t-il sur ses envies et besoins sexuels? Partage-t-il des intérêts communs et des activités? Le partenaire est-il assez présent et communicatif? Fait-il souvent passer son travail avant le couple? Autant de questions qui peuvent être des éléments de réponse à une baisse de libido et qui ne sont pas intrinsèquement liées à la responsabilité de la femme.

Image et estime de soi

«J’ai grossi, je suis trop ronde pour être désirable, pas assez jolie, trop ridée, pas assez sexy, repoussante à cause de vergetures»… ces types de pensées reflètent une mauvaise image de soi et peuvent fortement dégrader le désir chez la femme. De même lorsqu’elle souffre d’une mauvaise estime d’elle-même: «Je ne suis pas assez intelligente ou cultivée pour lui», «Je ne suis pas assez passionnée durant les ébats amoureux», «Je suis moins performante au lit que son ex-femme»…

Certaines situations, telles l’insécurité financière ou le chômage, sont aussi d’importants inhibiteurs de la libido, même au sein d’un couple amoureux, harmonieux et vivant une bonne entente sexuelle au départ.

 

Les principaux facteurs de baisse du désir sexuel

Les causes de troubles du désir féminin sont donc multiples. Un certain nombre d’entre elles sont toutefois reconnues comme fréquemment présentes. Premièrement, il existe des causes liées à la santé physique, telles que la fatigue, le manque d’activité physique, certaines maladies génétiques, des affections gynécologiques (par exemple infections vaginales) et/ou urologiques (par exemple cystite), des maladies hormonales, neurologiques et infectieuses, ou encore des maladies chroniques.

La prise de certains médicaments (notamment des antidépresseurs) peut également être la source de troubles du désir, tout comme la consommation de drogues ou d’alcool de manière excessive.

Certains facteurs psychologiques sont aussi connus pour avoir des répercussions sur la libido. Le stress et l’anxiété bien sûr, mais également les troubles psychiatriques comme la dépression ou les troubles anxieux. Des expériences sexuelles négatives du passé, une éducation sexuelle rigide, culpabilisante, une aversion envers certaines pratiques sexuelles, des traumatismes sexuels (abus sexuel, viol, etc.) ou encore l’anxiété de performance ou la peur de l’échec sexuel peuvent avoir d’importants effets négatifs sur le désir.

Enfin, des facteurs relationnels comme une peur de l’engagement, des attentes négatives envers la relation avec le partenaire (peur de l’abandon, de l’infidélité, etc.), trop de demandes et besoins sexuels du partenaire ou encore un traitement d’infertilité peuvent altérer la libido.

L’important est de rester attentif à soi, à son corps, et ne pas hésiter à parler de ses doutes avec un spécialiste.

________

Extrait de J’ai envie de comprendre… Ma sexualité (femme), de Ellen Weigand, en collaboration avec le Dr Francesco Bianchi-Demicheli, Ed. Planète Santé, 2013.

Articles sur le meme sujet
LMD_pervers_narcissiques

Pervers narcissiques: qui sont-ils vraiment?

C’est une étiquette parfois utilisée pour qualifier un ex-conjoint manipulateur ou un chef autoritaire. Trouble psychiatrique ou masculinité toxique? Et qu’en est-il des femmes? Le point avec deux psychiatres.
GEN22_couple_longue_union

Quand le couple vacille après une longue union

Après avoir partagé leurs vies pendant 30, voire 40 ans, voilà que le doute s’installe et que, pour certains, l’idée d’une séparation se profile…
GEN22_happer_conjoint_depressif

Comment ne pas se laisser happer par un conjoint dépressif?

La dépression est un mal qui ronge près d’une personne sur dix. Pour les proches, le conjoint en particulier, la maladie peut entraîner des répercussions importantes. Comment aider son partenaire atteint d’un syndrome dépressif tout en se préservant soi-même?
Videos sur le meme sujet

L'impact de la pornographie sur les performances sexuelles

Selon une étude récente, plus les hommes consomment de la pornographie, plus leur performance sexuelle et la satisfaction de leur partenaire diminue alors que, pour les femmes, la tendance est inverse.

Ça n'a pas de science !... lʹaddiction sexuelle

Il y a les opinions, les rumeurs, les modes et il y a la science.

Vous croyez tout savoir sur le vagin ?

" La Bible du Vagin ", cʹest le nom dʹun livre récemment traduit en français et écrit par Jen Gunter, une gynécologue canadienne.
Maladies sur le meme sujet
La balanite

Balanite

La balanite est une inflammation de l’extrémité de la verge, et plus précisément du gland.