«Le plaisir est un moteur fondamental»
Dans le cadre d’une étude soutenue par la Fondation privée des HUG, menée avec Mylène Bolmont, psychologue et sexologue, et la Pre Alexandra Calmy de la Consultation VIH, vous vous êtes intéressé à la place accordée à la sexualité lors de ces consultations. Qu’en estil ressorti?
Pr Francesco Bianchi-Demichelli L’implication entre VIH et sexualité est évidente, même si on n’a pas contracté le virus par voie sexuelle. Si tous reconnaissent l’importance de parler de sexualité, dans les faits, le sujet reste tabou. Les soignants ne se sentent pas assez formés pour aborder ce sujet avec leurs patients, qui reconnaissent éprouver une certaine gêne à cette idée. Mettre en place une formation pour les médecins et proposer des brochures d’information aux malades sont des pistes à suivre. Le contexte de l’infection, l’annonce à son ou sa partenaire, à l’entourage, comment rencontrer quelqu’un en étant porteur du VIH, sont de réelles préoccupations.
Quels retentissements les IST ontelles sur la sexualité?
Elles modifient beaucoup le rapport à soi et aux autres, avec un impact sur la vie sexuelle et psychologique. Se savoir atteint d’une infection peut générer des peurs, un retrait ou au contraire des comportements sexuels dangereux. Il faut de plus composer avec la maladie, dont chacune a son histoire propre et sa connotation spécifique dans la société.
Conjuguer plaisir et risques pour la santé, ce n’est pas toujours simple…
On aurait tort d’envisager la sexualité uniquement à travers le prisme des risques, car elle regorge d’aspects positifs. Le plaisir sexuel est un moteur fondamental dans la vie. Il est lié à notre équilibre émotionnel, affectif, psychologique et à la connaissance de soi. Il permet de remplir les fonctions d’attachement et d’élan de vie. Certes, il faut s’informer et se prémunir au maximum des IST, des grossesses non désirées, mais aussi des risques émotionnels liés à la sexualité… Toutefois, en ayant trop peur, on prend le risque de s’isoler, de ne pas aimer et de ne pas vivre qui on est. Enfin, évitons de juger les autres dans leur rapport au plaisir et à la sexualité. Les pensées moralistes sont encore trop répandues.
Se réapproprier le préservatif
Souvent mal-aimé, parfois oublié, le préservatif est pourtant l’un des seuls moyens – avec le dépistage – de se protéger des infections sexuellement transmissibles. Pour se le réapproprier, il faut bien le choisir: «S’il est trop petit, il risque de se casser, et s’il est trop grand, il peut rester dans le vagin ou l’anus», explique Mélanie Michaud, infirmière de santé publique au Service de dermatologie et de vénéréologie des HUG. Le choix est large*. Il existe plusieurs matériaux (latex, polyisoprène), épaisseurs, formes, parfums, avec ou sans lubrifiant, couleurs, etc. Le préservatif féminin (ou interne) est une alternative. Il a l’avantage de pouvoir être placé à l’avance et de bien protéger la vulve et le vagin. Pour le sexe oral, on peut recourir à la digue dentaire, qui se présente comme un petit rectangle de latex ou de polyuréthane, à placer sur la vulve ou l’anus. Pour être à l’aise, mieux vaut tester différents modèles avant le rapport sexuel.
Réfléchir avant à la manière d’aborder le sujet avec son ou sa partenaire est recommandé, «surtout lorsqu’on éprouve de la gêne ou qu’on s’inquiète du regard de l’autre», déclare Geneviève Preti, conseillère en santé sexuelle à l’Unité de santé sexuelle et planning familial. Enfin, «mieux vaut toujours avoir un préservatif avec soi et l’intégrer dans les jeux sexuels, plutôt que de le considérer comme une barrière», suggère Mélanie Michaud.
Pour une bonne protection, veillez aux règles d’utilisation suivantes:
- Vérifiez la date de péremption du préservatif.
- Optez pour un modèle portant la norme CE.
- Stockezle à l’abri de la chaleur et de l’humidité ; utilisez une petite boîte pour le transporter dans les sacs ou les poches.
- Ouvrez soigneusement l’emballage avec les doigts pour ne pas le déchirer.
* www.mysize.ch
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Article repris du site pulsations.swiss
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