La sexualité féminine n’est pas un long fleuve tranquille…

Dernière mise à jour 15/01/14 | Article
La sexualité féminine n’est pas un long fleuve tranquille…
Vivre une sexualité épanouie à toutes les étapes de sa vie n’est pas une évidence. Et si des problèmes s’installent, mieux vaut ne pas trop attendre pour consulter, car des solutions existent.

En couple ou non, chacun traverse des périodes où sa sexualité laisse à désirer. Le désir, justement, n’est pas toujours au rendez-vous. La fatigue, le stress, les problèmes de couple rendent parfois l’excitation ou l’orgasme difficiles à atteindre. La plupart du temps, ces problèmes ne sont que passagers et sans gravité. Pourtant, il peut arriver que les troubles s’installent, affectant la vie de celle qui les subit et de son partenaire. Le risque est alors de tomber dans un cercle vicieux. Pour éviter que cela n’arrive, mieux vaut donc savoir de quoi on parle, quelles sont les périodes de transition qui peuvent influencer la vie sexuelle, et surtout quand est-ce qu’il vaut mieux aller consulter.

Cinq troubles principaux

Parmi les nombreux troubles sexuels possibles, on en distingue cinq principaux. Les troubles du désir sont les plus fréquents de tous. Il s’agit d’une diminution des fantasmes sexuels ou du désir d’activité sexuelle qui provoque une souffrance chez la femme et/ou chez son partenaire. Viennent ensuite les troubles de l’excitation, caractérisés par la difficulté à ressentir de l’excitation sexuelle ou son absence. Ce trouble peut être subjectif (le corps réagit, mais la femme ne ressent pas la sensation ni le plaisir de l’excitation), génital (le corps ne réagit pas, même si la femme ressent l’excitation dans sa tête) ou une combinaison des deux. Les troubles de l’orgasme sont quant à eux décrits comme la difficulté ou l’impossibilité récurrente ou persistante à atteindre l’orgasme. Les troubles sexuels avec douleur sont caractérisés par des douleurs ressenties lors de la pénétration, ou une pénétration rendue impossible par des contractions involontaires du vagin. Finalement, beaucoup plus rares mais également difficiles pour celles qui en souffrent, les troubles de l’excitation génitale persistante, un état d’excitation involontaire et durable.

Des causes souvent multiples

Les origines des troubles sexuels peuvent être nombreuses et sont souvent multiples. Des facteurs psychologiques tels que le stress, des traumatismes vécus dans le passé ou une mauvaise image de soi sont souvent en cause. Les problèmes relationnels de manière générale (conflits dans le couple, manque d’intimité ou de communication) jouent souvent un rôle dans l’apparition des troubles sexuels. De même, être en mauvaise santé, en mauvaise forme physique, ou le fait de prendre de la drogue ou certains médicaments peuvent également être à l’origine de ces problèmes.

Comme il est possible que plusieurs causes déclenchent le trouble, il est parfois difficile de déterminer son origine. Lorsque celui-ci persiste au-delà de plusieurs mois ou se répète, il devient donc nécessaire de consulter.

A qui s’adresser?

En premier lieu, il est indispensable d’écarter d’abord toute cause organique d’un trouble sexuel. C’est pourquoi il est conseillé, dans un premier temps, de se rendre chez son médecin de famille ou son gynécologue. S’il ne se sent pas qualifié ou s’il suspecte une cause physique, le médecin redirigera la patiente vers un ou plusieurs spécialistes (sexologue, endocrinologue, urologue, etc.).

Si après avoir consulté différents médecins (urologue, gynécologue, endocrinologue, psychiatre non formé en sexologie, etc.), on cherche toujours l’origine de son problème sexuel, c’est probablement le moment de se rendre chez un praticien en sexologie. C’est également le cas lorsque l’on ressent un malaise, voire un jugement de la part de son médecin traitant, gynécologue ou autre.

On peut bien sûr consulter d’abord un conseiller conjugal, ou un psychologue spécialisé en sexologie. Toutefois, il ne saurait effectuer lui-même les examens médicaux. Dans l’idéal, il devrait alors travailler en réseau avec des médecins pouvant assurer cette partie du diagnostic.

Prévenir en s’adaptant face aux divers caps de vie

Grossesse, accouchement, ménopause, vieillissement, chaque étape de la vie peut s’accompagner de difficultés. Connaître ces périodes, se connaître soi-même et communiquer avec son partenaire aide à négocier ces transitions tout en préservant sa vie sexuelle et de couple et permet de rester actif le plus longtemps possible.

La maternité

Une grossesse implique des changements importants et a des conséquences inévitables sur la vie sexuelle du couple. La future mère peut voir sa libido diminuer, son partenaire peut avoir des difficultés avec les transformations du corps, ou même avoir peur de déranger le fœtus. Il existe donc des moments de baisse de la libido tout à fait normaux durant cette période, et notamment durant le premier trimestre ainsi qu’à la fin de la grossesse. De même, le désir sexuel fluctue également après l’accouchement. Suite à la naissance, et même plusieurs mois après, la femme ressent souvent moins de plaisir et vit des orgasmes moins intenses pendant un certain temps. Lorsque la vie sexuelle du couple n’a toujours pas repris un an après la naissance du bébé, il est temps de consulter un spécialiste.

L’âge

Il n’existe pas de « date limite » pour la sexualité de la femme (ou de l’homme). En général, elle évolue et s’enrichit même avec les années. Par contre, il est vrai que l’âge peut impliquer certains changements. Parmi eux, l’arrivée de la ménopause peut s’accompagner chez certaines femmes de facteurs physiques tels qu’une sécheresse vaginale, des bouffées de chaleur et une absence de désir. Avec l’âge, certaines femmes ont également besoin de plus de temps pour s’exciter et atteindre l’orgasme. Des troubles physiques, comme des douleurs, une prise de poids, des problèmes cardiovasculaires, de la fatigue, peuvent également venir péjorer la vie sexuelle. Au niveau psychologique et relationnel, l’âge peut s’accompagner de ressentis négatifs tels que de l’anxiété, un état dépressif, une nostalgie du passé, la peur de vieillir, le poids des idées reçues («Cela ne se fait pas à mon âge! »), ou un certain pessimisme. Le couple doit également faire face à la routine, parfois à des problèmes relationnels, ainsi qu’aux transformations corporelles du partenaire.

Quels que soient les changements, la meilleure approche est d’en parler sans tabou avec son partenaire en lui indiquant ses attentes, tout comme ce qui se passe dans son corps et la manière dont ça influe sur ses capacités. A tout âge, il est toujours possible d’explorer de nouvelles façons de rester physiquement intimes. Et même si les rapports sexuels ne sont pas possibles (pour cause de maladie ou de handicap par exemple), il est important de continuer à se toucher, de rester en contact physique et d’avoir une intimité émotionnelle. De même, si la sexualité a été impossible durant un certain temps et que, par pudeur, on n’ose plus ou ne sait comment faire le premier pas, on peut toujours demander aide et conseils à un spécialiste.

Des conseils pour une sexualité de couple épanouie

Une sexualité épanouie dépend également de la qualité de la relation de couple. Voici quelques conseils pour la préserver:

  • Communiquer et parler de ses envies et besoins avec son partenaire, également à travers les gestes, en le guidant.
  • Prendre soin de son apparence et de son hygiène.
  •  Etre attentif à l’autre: lui dire qu’on l’aime, qu’on le trouve attirant, séduisant et le montrer également à travers les gestes et des petites surprises.
  • Etre convaincu par son couple et vouloir le faire durer activement, et en faire part à son partenaire.
  • Savoir surprendre. Le changement est un stimulus sexuel important: faire l’amour ailleurs que dans son lit, à un autre moment, proposer de nouveaux jeux ou des lectures érotiques, créer des situations romantiques, s’évader du quotidien familial.
  • Se préserver un espace à soi: se séparer le temps d’une soirée, d’un week-end, pour mieux se retrouver.
  • Préserver du temps pour vivre sa sexualité au quotidien, et non pas s’y adonner qu’une fois qu’on a «enfin» un peu de temps libre.
  • Chercher activement à vivre et faire évoluer sa sexualité, en veillant à ce que cela ne devienne pas un acte mécanique avec les mêmes comportements et gestes répétés depuis des années.
  • Ne pas accepter la violence ni le manque de respect, qu’ils soient physiques ou verbaux, et n’accepter que les pratiques dans lesquelles on se sent bien.
  • Ne pas être fataliste en pensant que la sexualité et les sentiments doivent forcément s’altérer avec le temps.
  •  Et, bien sûr, consulter rapidement en cas de difficulté ou troubles sexuels quels qu’ils soient.

Quand consulter ?

La majorité des personnes souffrant de troubles sexuels ne consulte jamais, souvent par pudeur ou par honte. Pourtant, un dysfonctionnement sexuel peut être le symptôme révélateur d’une affection physique ou psychique, parfois grave. Il ne s’agit pas de courir chez un spécialiste à cause d’une panne sexuelle passagère. Il est tout à fait normal de ne pas ressentir tous les jours les mêmes envies et besoins, ni la même intensité de désir, d’excitation ou d’orgasme. Ne serait-ce que parce que certains jours on se sent moins bien que d’autres, qu’on peut être plus ou moins réceptif, que l’harmonie du couple n’est pas constamment parfaite, etc. Il faut par contre s’inquiéter lorsque le problème se répète et persiste, lorsqu’on vit un changement de sa sexualité sur une durée de plusieurs mois, entraînant une perte de la qualité de vie, allant jusqu’à provoquer une profonde détresse psychique, émotionnelle ou des problèmes de couple et familiaux.

Une sexualité épanouie, une histoire très personnelle…

Finalement, il n’y a pas de mauvaise manière de vivre sa sexualité, tant qu’elle procure la satisfaction et le plaisir recherchés et qu’elle reste sans risques (de transmission de maladies par exemple), respectueuse et librement consentie par les partenaires. Peu importe donc qu’on soit peu ou très actif sexuellement, qu’on ait un partenaire fixe ou non, etc. Et peu importent les pratiques, les préférences et l’orientation sexuelles de chacun.

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Extrait de J’ai envie de comprendre… Ma sexualité (femme), de Ellen Weigand, en collaboration avec le Dr Francesco Bianchi-Demicheli, Ed. Planète Santé, 2013.

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