Sauvetage sur le lac: des plongeurs volants
Opération sauvetage
On a de la peine à le croire. Un hélicoptère jaune vole à dix mètres au-dessus d’un Léman gris foncé. Entre les deux, un homme-grenouille et le malheureux qu’il vient de repêcher sont suspendus à un fil. Comment en est-on arrivé là?
Nous assistons en fait à un exercice des plongeurs de la police du lac et de la Rega. Ils répètent une manœuvre qui doit fonctionner au mieux dans l’urgence : un sauvetage sur le lac et un transport par hélicoptère, à l’occasion d’une noyade ou d’un accident.
Première étape pour le sauveteur: se jeter à l’eau, depuis l’hélicoptère. Rejoindre la victime, la sécuriser et lui passer une courroie autour. L’hélicoptère repasse alors et, après un signal du plongeur, envoie un câble. Une fois arrimés, plongeur et rescapé volent, accrochés à un fil, jusqu’au bateau de la police.
«C’est une opération très minutieuse», commente, flegmatique, le pilote Arpad Buvary, quatorze ans de Rega à Genève. Sa dernière étape décroche le pompon: l’hélicoptère calque son allure sur celle du bateau en marche et descend à quelques mètres de celui-ci pour poser, toujours en mouvement, le plongeur et sa victime. Saisissant.
Cinq minutes suffisent
«A l’avant du bateau, nous discutons avec le médecin anesthésiste Ghislaine Chatellard. Avec treize autres collègues, elle participe au tournus de garde de l’hélicoptère. L’équipage est prêt à partir dans les cinq minutes en journée et dans la demi-heure la nuit. Si l’on repose plongeur et victime sur le bateau, explique-t-elle, le casque toujours sur la tête, c’est pour délivrer les premiers soins. Espace disponible oblige, l’hélicoptère n’a pas tout l’équipement d’une ambulance. «Ensuite, soit l’on remonte dans l’hélico, soit le bateau continue à terre où l’attendra une ambulance.»
Un ballet bien rodé
Cet après-midi d’automne, chacun des six plongeurs joue tour à tour le sauveteur et la victime. Les rotations se passent bien, de même que les déposes sur le bateau – qu’inondent à chaque fois les embruns dégagés par les pales de l’hélicoptère. L’affaire est rodée. Les participants préfèrent être sauveteur que sauvé, car quand ils sont treuillés « la sangle appuie un peu sur les côtes », expliquent-ils.
L’équipement des plongeurs se compose d’une combinaison, d’un casque et de lunettes ou d’un masque pour ne pas être aveuglé par les embruns. Ils portent des « palmes hélico », plus courtes, et un baudrier à bretelles pour le treuillage. Un gilet de sauvetage « eau vive » complète le tableau. Il aide à la flottaison et permet aussi de porter une radio ou des instruments.
A chacun son rôle
Plongeurs, pilote, médecin, et un dernier personnage qui complète la distribution: le treuilliste-paramédic. La position de Michel Savary donne le vertige puisque, aujourd’hui, on l’aura principalement vu assis dans la porte ouverte de l’appareil en vol, les pieds posés sur un patin de l’hélico. Apocalypse Now n’est pas loin, sauf que son arme est un treuil qui peut lever un total de 230 kilos. Le paramédic joue aussi un rôle clé dans la phase d’approche du bateau, guidant le pilote aveuglé par les embruns que produit le rotor de l’appareil.
En situation réelle, l’hélicoptère est utilisé pour la recherche de personnes. «Nous l’avons demandé dix-neuf fois de janvier à septembre 2013, détaille le chef des plongeurs, le sous-brigadier Yan Loudoueineix, qui pilote le bateau pour l’exercice. Nous sommes ainsi intervenus aux Bains des Pâquis ou le long du Rhône.» Du fait de la hauteur, l’hélicoptère apporte un avantage considérable de visibilité pour localiser une personne, précise-t-il encore. «Nous savons que là où nous sommes passés avec, nous ne repasserons pas.».