Apprendre les gestes qui sauvent sans quitter son canapé
L’application Salvum*, c’est ce qu’on appelle dans le jargon geek un «serious game». Un jeu qui permet d’apprendre quelque chose d’utile. Dans le cas précis, le joueur devient un véritable pro du secourisme grâce à son portable. «Cette application est sortie en France il y a deux ans. Firstmed l’a adaptée pour le marché Suisse et l’a lancée en fin novembre 2016, explique Maddalena di Meo, directrice de l’école de premiers secours Firtsmed. Elle est destinée au grand public, dès 15 ans.»
Evoluer dans Salvum est un jeu d’enfants. Vous êtes dans la peau d’un bon samaritain qui se balade dans une ville futuriste. Sur votre chemin, vous croisez plusieurs situations d’urgence dans différents quartiers. Là un homme qui s’étouffe, ici une femme qui a perdu connaissance, plus loin un enfant qui a subi un choc violent, entre autres situations qui nécessitent votre aide.
Sur l’écran à côté de la victime, apparaissent différentes suggestions d’actions à entreprendre. A vous de choisir la plus pertinente en fonction de la situation. Si vous choisissez la bonne, un secouriste virtuel vous félicite et vous fournit quelques détails supplémentaires sur la question soulevée par ce cas précis. Si vous choisissez la mauvaise option, il vous explique votre erreur et vous demande de recommencer.
«Malheureusement, en Suisse, une personne n’a que 5% de chances de survie en cas d’arrêt respiratoire hors hôpital, déplore Maddalena di Meo. Les gens ne savent pas agir, certains ne connaissent même pas le numéro d’urgences! Dans les pays nordiques, qui étaient eux aussi à 5%, les chances s’élèvent maintenant à 60%, car la population est correctement formée.» Mieux vaut donc faire un infarctus dans les rues d’Oslo que dans celles de Genève… Et la directrice de poursuivre: «Les gens ont la volonté de se former, mais ils n’ont ni le temps ni l’argent. Salvum permet d’apprendre en ligne n’importe quand. Pour finir le jeu, il faut compter entre trois à six heures.»
Si l’application est accessible à tous, elle devient un véritable outil d’e-learning. «Dans le cadre de nos offres de cours pour entreprise, Salvum remplace la partie théorique, il ne reste alors plus que le cours pratique à donner aux employés. L’employeur économise du temps et de l’argent.»
SITUATIONS D’URGENCE, QUE FAIRE?
En premier lieu, appeler le 144, puis:
• Suspicion d’arrêt cardiaque (inconscience et respiration anormalement lente): débuter immédiatement un massage cardiaque à raison de 100 à 120 compressions par minute à 5 ou 6 cm de profondeur. Si un défibrillateur se trouve à proximité, demander à un autre témoin d’aller le chercher. Enclencher l’appareil et suivre les instructions.
• Personne inconsciente qui respire normalement: la placer en position latérale de sécurité.
• Accouchement: prendre des draps propres et si possible chauffés et accueillir l’enfant dès sa sortie. On évite ainsi une expulsion violente qui pourrait blesser le nouveau-né et causer des lésions à la mère. Garder le bébé au chaud en attendant l’ambulance. Ne pas couper le cordon, les secours s’en chargeront.
• Etouffement et absence de flux d’air (plus de son): faire 5 fortes compressions abdominales en se plaçant derrière le patient (manœuvre de Heimlich) pour faire sortir l’objet qui obstrue les voies respiratoires. Si cela ne marche pas, pratiquer un massage cardiaque.
Les secours, c’est vous
Savoir faire des compressions thoraciques, des insufflations ou mettre la personne en position latérale de sécurité sont autant de gestes qui peuvent faire la différence. «Dans une salle fermée, sans accès aux secouristes, les vrais protagonistes de la chaîne des premiers secours c’est vous», explique Maddalena di Meo. Un avis partagé par Fabrice Dami, médecin associé au service des urgences du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) et également responsable médical au 144: «Ce sont les actions concrètes du témoin qui vont faire la différence entre le moment de l’arrêt cardiaque et l’arrivée de l’ambulance. Il faut débuter le massage le plus rapidement possible, cela permet de prolonger l’activité électrique du cœur. Si on la perd, il devient impossible de faire repartir le cœur avec un défibrillateur et les chances de succès de la réanimation sont extrêmement faibles.» Et le spécialiste de rajouter: «Les cours ou les applications sont de bons outils de sensibilisation, mais on peut être témoin d’un arrêt cardiaque plusieurs années après avoir suivi une formation. Le plus efficace est donc de composer le 144 et de suivre le coaching donné par le régulateur. Ce qui sauve le plus grand nombre de vies, ce ne sont ni les ambulanciers ni les médecins d’urgence, mais bien le massage cardiaque et la défibrillation précoce réalisés par les témoins, souvent guidés par le 144!»
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Sources:
- * Salvum, disponible pour iOS et Android, version test gratuite, jeu complet: 6 Frs
- Paru dans le magazine Planète Santé n°25, mars 2017.