De bons yeux de 0 à 99 ans

Dernière mise à jour 04/02/20 | Article
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Environ 64% des suisses ont des problèmes de vue. Le cas le plus courant est la myopie, surtout chez les jeunes. À partir de 40 ans, la presbytie gagne du terrain. En dehors de ces deux diagnostics, une quantité d’affections oculaires ou ophtalmologiques sont susceptibles de survenir au cours de la vie. Vision floue, rétrécissement du champ visuel, sensation d’éblouissement sont autant de symptômes qu’il est utile de connaître. Éclairage.

La vision, un mécanisme complexe

Une bonne vision repose sur plusieurs paramètres, notamment l’acuité visuelle, la vision en 3D, la perception des couleurs, la vision stéréoscopique, l’adaptation aux variations lumineuses, la sensibilité aux contrastes et la détection des mouvements. Le fonctionnement de l’œil humain ressemble à celui d’un appareil photo. La cornée remplace l’objectif, le cristallin permet la mise au point et l’iris permet l’ajustement aux conditions d’éclairage. La rétine, qui tapisse la paroi interne de l’œil et est constituée de cellules photoréceptrices, fait office de pellicule photographique.

Rares sont les personnes qui conservent un œil de lynx tout au long de leur vie. Le temps qui passe altère bien souvent la vision. Mais, dès le plus jeune âge aussi, l’œil peut poser problème. Comment bien prendre soin de ses yeux pour conserver une vision efficace le plus longtemps possible?

La conduite à tenir en matière de contrôle de la santé des yeux varie en fonction de l’âge. Les enfants devraient être examinés au moins une fois par un ophtalmologue entre 3 et 4 ans. La présence de troubles importants chez les parents, comme une myopie conséquente ou un astigmatisme sévère, est un critère pour effectuer un contrôle un peu plus tôt, avant l’âge de 2 ou 3 ans. Il faut savoir que la vision se développe très vite chez l’enfant et se rapproche de celle d’un adulte au bout d’une année, mais elle continue d’évoluer jusque vers 6 ou 7 ans. Au-delà de ce cap, elle est définitivement fixée. Il est donc recommandé de profiter de cette fenêtre de plasticité cérébrale pour corriger à temps les troubles de la vue, comme le strabisme, qui touche 2 à 4% des enfants.

Strabisme: intervenir tôt

Le strabisme correspond à un défaut de parallélisme des axes visuels, c’est-à-dire que les yeux ne regardent pas exactement dans la même direction en même temps, ils ne sont pas coordonnés. Par conséquent, le cerveau ignore les informations transmises par l’œil qui louche et celui-ci risque de s’affaiblir. Il devient en quelque sorte «paresseux». D’où une perte visuelle unilatérale appelée amblyopie. Avec une prévalence de 5%, l’amblyopie est le trouble de la vue le plus fréquent au cours des premières années de vie. Le fait que l’enfant s’achoppe contre des objets ou qu’il incline la tête pour les regarder, constitue des motifs de soupçons.

La rééducation de l’œil faible se fait par occlusion de l’œil dominant pendant des laps de temps de quelques heures, sur indication médicale. Cette rééducation doit intervenir le plus tôt possible.

La myopie en progression

La myopie est très répandue chez les enfants et touche presque la moitié des jeunes adultes en Europe. Caractérisée par une vision floue des objets éloignés, elle est en partie héréditaire. «Mais la myopie peut être favorisée par des circonstances telles qu’une exposition insuffisante à la lumière du jour. Il est recommandé que les enfants et les adolescents, notamment ceux dont les parents sont myopes, s’y exposent beaucoup et observent des pauses en cas de travail de près prolongé. Ils devraient, si possible, passer deux heures par jour en plein air et faire vingt minutes de pause toutes les deux heures lorsqu’ils lisent ou jouent à des jeux vidéo», affirme le Dr Kristof Vandekerckhove, membre du comité directeur de la Société suisse d’ophtalmologie (SSO) et chef de la clinique Vista Alpina en Valais.

En principe, les myopies qui se développent très tôt dans l’enfance progressent tout au long de la vie et sont susceptibles de devenir plus importantes que les myopies simples, dites scolaires. Celles-ci débutent généralement entre 7 et 14 ans et évoluent pendant encore quatre à huit ans avant de se stabiliser à un degré faible ou moyen.

Quant à la presbytie, caractérisée par une vision de près altérée (typiquement, à la lecture), elle apparaît souvent vers la quarantaine.

Un contrôle au plus tard à 45 ans

Dégénérescence maculaire: deux diagnostics possibles

Il existe deux types de dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). La plus courante (entre 85 et 90%) est dite sèche ou atrophique. Elle est causée par le vieillissement et la détérioration des mécanismes qui «nettoient» la macula. Les déchets provenant de cette destruction cellulaire forment des dépôts jaunâtres (appelés druses) qui s’accumulent sous la rétine. Progressant beaucoup plus vite, la forme «humide» s’accompagne, en plus de la multiplication de ces dépôts, de l’apparition de nouveaux vaisseaux sanguins anormaux sous la rétine, au niveau de la macula, provoquant un échappement de sang et de liquide puis un œdème maculaire.

Chez les adultes qui ne présentent ni trouble de la vue ni maladie oculaire, il est conseillé d’effectuer un premier contrôle ophtalmologique au plus tard à 45 ans, et d’en faire ensuite au moins un tous les cinq ans. Après 65 ans, les examens peuvent être plus rapprochés; on préconise une fréquence annuelle. L’avancement en âge est corrélé à une plus grande prévalence des maladies des yeux, parmi lesquelles la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), le glaucome et la cataracte. Elles se manifestent en général après 60 ans.

La DMLA résulte de la détérioration de la zone centrale de la rétine, la macula, où l’acuité visuelle est maximale. C’est grâce à elle que nous pouvons reconnaître des visages et lire des textes, par exemple. S’il existe des facteurs de risque comme le tabagisme et l’excès d’exposition au soleil, la maladie est essentiellement liée au processus de vieillissement naturel de l’œil. La DMLA concernerait ainsi 25 à 30% des plus de 75 ans. «Un examen précoce par l’ophtalmologue peut limiter les dommages et des mesures pourront alors être prises en temps utile afin de stabiliser voire d’améliorer la situation», souligne le Dr Vandekerckhove. Il convient de consulter rapidement lors de symptômes caractéristiques, tels que déformation des images et des lignes droites, difficulté à distinguer les visages ou apparition d’une tache floue dans le champ visuel central.

Dépister le glaucome dès 40 ans

Le glaucome est également associé à l’avancement en âge. Sa prévalence, estimée à moins de 0,5% entre 40 et 50 ans, passe à 2% après 80 ans. En Suisse, environ 100’000 personnes porteraient ce diagnostic et quelque 100 000 autres en souffriraient sans le savoir.

La maladie correspond à une lente destruction du nerf optique, généralement associée à une augmentation de la pression intraoculaire. «Le plus souvent, il n’y a pas de symptômes précurseurs. La maladie évolue de façon insidieuse, si bien que la moitié des gens atteints ne s’en aperçoivent pas. Progressivement, le champ visuel périphérique se rétrécit, jusqu’à ce que seule une petite portion de l’environnement reste visible. Malheureusement, les déficits ne peuvent alors plus être récupérés. Un dépistage est donc recommandé: tous les trois ans pour les plus de 40 ans, tous les deux ans pour les plus de 50 ans et tous les ans pour les plus de 60 ans. Ce dépistage permet de diagnostiquer et de traiter le glaucome à un stade précoce. La plupart des patients pris en charge évitent ainsi la cécité», indique la Pre Gabriele Thumann, médecin-cheffe du Service d’ophtalmologie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).

Quant à la cataracte, il s’agit d’une opacification du cristallin, la lentille interne de l’œil située en arrière de la pupille. Cette pathologie touche la plupart des gens au-delà de 60 ans. «L’âge moyen des patients que nous opérons de la cataracte est de 74 ans», précise le Dr Kristof Vandekerckhove. Dans la plupart des cas, la maladie évolue lentement, sur plusieurs années, de sorte que les personnes concernées ne la remarquent pas tout de suite. Baisse de la vue sans correction possible par des lunettes adaptées, apparition d’un halo ou de voiles devant les yeux, ternissement progressif des couleurs, sensibilité inhabituelle à la lumière (photophobie), constituent des signes d’alerte. Le seul traitement possible est chirurgical. En tous les cas, le diagnostic doit être posé par un ophtalmologue.

Le glaucome, cause majeure de cécité

Maladie grave, le glaucome est généralement associé à une augmentation de la pression intraoculaire qui entraîne une détérioration du champ visuel pouvant mener, en l’absence de traitement, à une cécité complète. Cette maladie est la deuxième cause de cécité dans le monde, après la cataracte. Dans sa forme la plus fréquente, elle se développe de manière silencieuse. Le rétrécissement du champ vision est son symptôme unique et tardif. «La maladie peut ainsi causer des lésions irréversibles avant même que le patient ne se doute de son existence», relève la Professeure Gabriele Thumann, médecin-cheffe du service d’ophtalmologie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).

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Paru dans le hors-série «Votre santé», Le Nouvelliste/La Côte, Novembre 2019.

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