La coqueluche met bébé en danger
A chaque toux son remède
Sèche ou grasse, aiguë ou chronique, les toux cachent des origines multiples aux remèdes bien spécifiques. Détail des causes de quintes les plus fréquentes chez les enfants avec la Doctoresse Anne Mornand, médecin en pneumologie pédiatrique aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).
LA TOUX INFECTIEUSE | En proie à un virus, les voies respiratoires supérieures (sphère ORL) déclenchent une toux sèche pouvant durer plusieurs semaines. Le remède: lavage de nez au sérum physiologique plusieurs fois par jour, surtout avant le coucher, et gouttes décongestionnantes si le nez est bouché.
L’ASTHME | La toux est sèche, récurrente, souvent accompagnée d’un sifflement parfois audible à l’oreille ou à l’auscultation, et d’une difficulté respiratoire. Déclenché par un virus, une activité sportive ou encore l’exposition à un facteur irritant, l’asthme se traite par des bronchodilatateurs et, si besoin, des corticoïdes inhalés.
LA TOUX GRASSE CHRONIQUE | Certaines pathologies génèrent une toux grasse permettant d’évacuer les glaires. Mais les épisodes doivent rester ponctuels. En cas de persistance sur plusieurs semaines, il s’agira de rechercher une pathologie plus complexe, comme la mucoviscidose ou une dilatation des bronches.
Sur le papier, les indices sont précis: toux sèche depuis plus de quinze jours, quintes gênant la reprise du souffle et provoquant des vomissements, le tout sur fond de «chant du coq». Dans les faits, c’est beaucoup plus compliqué. «Le sonde chant du coq a donné son nom à la pathologie, mais ne se produit pas systématiquement. Pas plus que les vomissements ou les difficultés respiratoires. Par ailleurs, surtout chez les bébés âgés de moins de six mois, la toux est rarement caractéristique», indique le Dr Andrés Pascual, co-responsable du service de pédiatrie du Groupement hospitalier de l’ouest lémanique (Ghol), à Nyon.
Alors, que faire? «Consulter dès que la toux devient handicapante, qu’elle empêche de boire ou de s’alimenter correctement, qu’elle est associée à des difficultés respiratoires ou lorsqu’elle dure depuis plus de quinze jours», conseille le spécialiste. Première étape menée par le pédiatre ou le médecin généraliste: l’examen clinique et la recherche de la piste contagieuse si un proche présente des symptômes semblables.
Traquer la bactérie
Si les signes laissent présager un cas de coqueluche, il faudra procéder, dans la plupart des cas, à une PCR (Polymerase Chain Reaction). Basée sur le prélèvement de sécrétions naso-pharyngées, la technique dévoile en quelques jours la présence de l’une ou l’autre des bactéries à l’origine de la coqueluche: bordetella pertussis (la plus fréquente) ou bordetella parapertussis. Sauf en cas de complications, la suite se résume généralement à une prise d’antibiotique. Pour anéantir la bactérie présente, bien sûr, et, fait plus surprenant, pour protéger l’entourage du malade. «La prescription d’antibiotique, chez l’adulte en particulier, est principalement faite pour raccourcir la durée de l’infection et éviter la propagation de cette maladie très contagieuse, révèle le Dr Pascual. Du côté de la personne infectée, l’amélioration est généralement déjà en cours: la bactérie impliquée disparaît d’elle-même en trois semaines environ.» La coqueluche, une maladie microbienne banale seulement très contagieuse? Pas exactement, du moins pas chez les bébés. Si l’épidémie touche chaque année autour de 10 000personnes en Suisse (avec de grandes variations selon les années), il faut savoir qu’un enfant atteint sur 1000 peut y succomber. La raison? «Les accès de toux peuvent être très violents et gêner la respiration. Chez les nourrissons, la maladie peut aller jusqu’à l’arrêt respiratoire, précise le Dr Pascual. Il y a également des risques de complications comme une pneumonie, des convulsions et des lésions cérébrales.»
Adultes propagateurs
Chez les plus jeunes, la toux est telle qu’elle peut également empêcher de manger, de boire, de dormir. Elle finit par épuiser le petit malade. Le suivi des nourrissons atteints de coqueluche est donc particulièrement strict: «En parallèle du traitement antibiotique, tout signe de déshydratation, de manque d’oxygène dans le sang ou d’affaiblissement justifie une hospitalisation pour permettre une prise en charge et une surveillance adéquates», indique la Doctoresse Anne Mornand, médecin en pneumologie pédiatrique aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).
Reste la faille: la vaccination. «Les jeunes enfants sont les plus vulnérables face à la coqueluche, mais ce sont fréquemment les adultes qui propagent la maladie», souligne le Dr Pascual. En cause, des vaccins qui ne sont plus à jour. Si aucun vaccin n’est strictement obligatoire en Suisse, les recommandations sont vives du côté de l’Office fédéral de la santé publique. Pour la coqueluche, le calendrier est précis: vaccination à 2,4, 6 mois de vie, puis rappel entre15 et 24 mois, entre 4 et7 ans, entre 11 et 15 ans, puis entre25 et 29 ans. Enfin, l’administration d’une nouvelle dose est vivement conseillée chez toute femme enceinte n’ayant pas reçu de vaccin depuis au moins cinq ans et chez les personnes travaillant au contact de jeunes enfants si le dernier rappel remonte à plus de dix ans. En 2014, 65% des adultes atteints de coqueluche ignoraient leur statut vaccinal.
Patienter, hydrater… et consulter
Face à son enfant en proie à des toux intenses, on rêve d’une seule chose: le sirop magique qui sera capable de stopper les quintes en une seule cuillerée. L’ordonnance idéale est bien moins spectaculaire. «La plupart des toux d’origine virale passent d’elles-mêmes en deux ou trois semaines», rappelle le Dr Andrés Pascual, co-responsable du Service de pédiatrie du Ghol, à Nyon.
Les remèdes préconisés pendant ce laps de temps? «Patience et hydratation, résume le pédiatre. Peu de sirops fonctionnent vraiment et beaucoup d’antitussifs sont à proscrire en raison de leurs effets secondaires.» Quant au miel? «Eventuellement, mais pas avant les 1 an de l’enfant et seulement si le miel est pasteurisé. Celui-ci pourrait en effet avoir des bienfaits en cas de toux et de rhume, mais la dose à utiliser n’a pas encore été établie», révèle le Dr Pascual.
L’idée: miser sur un environnement sain – une chambre pas trop chauffée, bien aérée, sans source d’irritation (fumée de cigarette, par exemple) – et des gestes simples – faire des lavages du nez en cas de rhume, donner à boire très régulièrement. Et bien sûr consulter si la toux persiste. «La toux n’est pas une maladie en soi, mais un mécanisme de défense. Tout l’enjeu est de trouver et de traiter sa cause», rappelle la Doctoresse Anne Mornand, médecin en pneumologie pédiatrique aux HUG.
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Paru dans le Quotidien de La Côte le 22/02/2017.
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