Promeneurs, méfiez-vous de ces animaux qui mordent

Dernière mise à jour 27/08/15 | Article
Promeneurs, méfiez-vous de ces animaux qui mordent
En Suisse, il est rare d’être victime d’une morsure de serpent ou d’araignée. Quant à celle de la tique, bien plus courante, elle passe souvent inaperçue. Détails des risques encourus et des gestes à adopter.

La Suisse est un pays de rêve pour les randonnées. Mais pour ne pas gâcher le plaisir de la balade, mieux vaut se méfier des morsures des vipères dissimulées sous les pierres et des tiques cachées dans l’herbe. Quant aux araignées, elles sont totalement inoffensives.

La maladie de Lyme

Tiques: elles transmettent des maladies potentiellement graves

Qui aime se promener en forêt et dans les sous-bois du Plateau suisse risque d’y croiser Ixodes ricinus, l’espèce de tique la plus répandue en Suisse. Cet acarien vit dans la végétation basse et attend le passage d’un promeneur pour s’accrocher à ses mollets.

En fonction de l’aire géographique où elles ont élu domicile, les tiques peuvent être des vecteurs de diverses maladies. Les espèces locales peuvent ainsi être infectées par la bactérie Borrelia burgdorferi. «Après avoir mordu, la tique est gonflée de sang et elle en régurgite un peu, explique Gilbert Greub, médecin-chef des laboratoires de microbiologie diagnostique et directeur de l’Institut de microbiologie du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). Elle risque alors de nous transmettre les micro-organismes présents dans ses glandes salivaires.» Et, par ce biais, la maladie de Lyme, affection qui commence par des rougeurs cutanées mais qui peut se traduire, des mois ou des années plus tard, par des troubles neurologiques plus ou moins sévères.

Toutefois, le microbiologiste se veut rassurant: «Seule une tique sur cinq est infectée par la bactérie et 1 ou 2% des personnes mordues développent la maladie de Lyme.» Pour réduire le risque, «il suffit d’enlever la tique dans les 24 heures et de désinfecter la peau. Comme on ne sent pas la morsure, il est important de bien s’examiner en rentrant d’une promenade en forêt.»

Le saviez-vous?

La tique mord et pique Ce n’est pas sa tête que la tique insère dans la peau, mais une pièce buccale particulière appelée hypostome. «En ce sens, elle pique», constate le Dr Gilbert Greub, du CHUV. Mais puisqu’elle déchire progressivement la peau de son hôte à l’aide de sa paire de chélicères, «qui fonctionnent comme des ciseaux, on peut aussi considérer qu’elle mord».

Contrairement aux moustiques, la tique reste longtemps accrochée sur la peau. Il est vrai «qu’au cours de chacune des trois phases de sa vie –larve, nymphe et adulte– elle ne mange qu’une fois. Elle ne fait donc que trois repas, mais ceux-ci sont prolongés.» Ce qui laisse aux personnes qui ont été mordues –ou piquées– le temps de réagir et de l’ôter.

Les acariens vivant au pied du Jura ou dans le Valais peuvent aussi transmettre l’encéphalite à tiques. Dans la majorité des cas, cette infection virale passe inaperçue, mais elle peut parfois provoquer des troubles neurologiques graves et une forte fièvre. Il est donc recommandé aux personnes qui travaillent dans la forêt ou qui s’y promènent fréquemment de se faire vacciner.

Serpents: Les espèces exotiques sont plus dangereuses que les vipères locales

En Suisse, seules la vipère aspic et la vipère péliade sont venimeuses. Mais il faut aussi compter avec les reptiles exotiques élevés par les amateurs d’herpétologie, qui «sont responsables de la moitié des vingt à quarante morsures signalées chaque année dans notre pays», souligne Laurent Getaz, médecin adjoint au service de médecine tropicale et humanitaire des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Certains ne sont pas venimeux, mais les autres provoquent des troubles neurologiques ou des saignements parfois graves. 

Les promeneurs, eux, risquent moins gros en cas de morsure. «Une fois sur deux, les vipères n’ont pas le temps d’inoculer leur venin», précise le médecin des HUG. Mais dans le doute, il faut toujours réagir, car l’envenimation peut engendrer en quelques heures une inflammation locale et une chute de tension sévère. 

Que faire ? «D’abord, rassurer la personne», répond Laurent Getaz, qui rappelle que «depuis 1961, les vipères n’ont provoqué aucun décès en Suisse». Puis la coucher et immobiliser le membre mordu, nettoyer la plaie (sans utiliser d’alcool) et, si possible, calmer la douleur (en évitant les anti-inflammatoires). Il faut ensuite essayer de prendre une photo du reptile –tout en restant à distance!– afin d’aider le médecin à identifier l’espèce en cause, puis se rendre à l’hôpital dans les plus brefs délais. 

En revanche, il faut éviter l’incision de la plaie et la pose d’un garrot qui «peuvent aggraver les lésions des tissus», ainsi que la succion et l’emploi de kits de secours antivenin qui «font perdre un temps précieux».

L’astuce 

Inutile de faire du bruit pour éloigner les serpents, car «ils sont sourds», rappelle le Dr Laurent Getaz, des HUG. Mieux vaut «porter de bonnes chaussures et marcher à pas bien appuyés pour provoquer dans le sol des vibrations qui les font fuir». Lorsqu’on dort en plein air, il faut «contrôler qu’un serpent n’est pas caché dans son sac de couchage, ses vêtements et ses chaussures». Et ne pas oublier qu’un reptile qui semble mort ne l’est pas forcément.

Araignées: les arachnides indigènes sont inoffensifs

Si les araignées effraient de nombreuses personnes, voire suscitent de véritables phobies, celles que l’on trouve en Suisse sont totalement inoffensives. «Elles ne peuvent pas nous mordre, car notre peau est bien trop épaisse pour que leurs crochets la traversent», souligne Pierre Krizan, responsable d’expositions au Vivarium de Lausanne. Seules certaines mygales sont dotées de crochets assez longs pour être susceptibles de passer à travers l’épiderme. «Mais, reprend le spécialiste, elles vivent à dix ou vingt centimètres sous terre, on n’a donc aucun risque de les croiser.» 

Même les redoutées veuves noires –présentes en Amérique du Nord, en Australie, mais aussi dans le sud de l’Europe– ne sont pas aussi terribles qu’on le croit. Selon Pierre Krizan, «les véritables risques d’envenimation proviennent de gros arachnides vivant dans les zones intertropicales. Toutefois, les espèces dont les morsures sont mortelles, comme celles des mâles Atrax robustus, en Australie, sont très rares.»

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