Une piqûre d’insecte peut être bien plus que désagréable
Pique-niques sur l’herbe et repas sur la terrasse: ces plaisirs estivaux sont parfois gâchés par de douloureuses piqûres d’abeilles, de guêpes, de frelons ou de moustiques. Quant aux baignades dans les lacs, certaines valent de pénibles démangeaisons dues aux puces de canard.
Abeilles, guêpes et frelons: gare aux réactions allergiques
C’est à ces insectes de la famille des hyménoptères que l’on doit, sous nos latitudes, la majorité des piqûres estivales. Les abeilles, les guêpes et les frelons ne provoquent pas seulement des réactions inflammatoires douloureuses, leurs piqûres figurent parmi les trois premières causes d’allergies généralisées et sont responsables de «trois à quatre décès par an en Suisse», indique François Spertini, responsable du service d’immunologie et d’allergologie du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV).
Les piqûres provoquent des gonflements de la peau, «qui sont impressionnants, poursuit l’allergologue. C’est pourquoi de nombreuses personnes croient qu’elles font une allergie, alors qu’il s’agit d’une réaction immune classique, semblable à celle de la vaccination. Dans ce cas, il suffit de mettre de la glace sur la peau.»
Il en va autrement si on observe des gonflements distants de l’endroit piqué, dans la gorge par exemple, que l’on a de l’urticaire ou une chute de pression. Le choc anaphylactique menace et il faut alors «aller aux urgences», poursuit le Dr Spertini. Les personnes qui se savent allergiques peuvent d’ailleurs avoir sur elles des antihistaminiques et une seringue contenant de l’adrénaline.
Pour éviter ces risques, mieux vaut savoir que les abeilles n’attaquent que quand elles se sentent menacées ou pour défendre leur ruche. Il faut donc regarder où l’on met les pieds et porter des gants quand on jardine. En revanche, les guêpes sont attirées par les repas. Lorsque l’une d’elles voltige autour des assiettes, «il faut l’éloigner en restant calme, conseille le médecin. Si on la tue, elle émet des phéromones qui attirent ses congénères.» Quant aux frelons, «ils ne sont agressifs que quand on s’approche de leur nid, constate Camillo Ribi, médecin associé au service d’immunologie et d’allergie du CHUV. Leur taille étant plus imposante que celle des guêpes, ils injectent plus de venin, mais ils sont moins agressifs et piquent moins facilement que leurs cousines.»
L’astuce
Contrairement aux guêpes, les abeilles ont un dard qu’elles laissent dans la peau avec leur sac à venin. Lorsqu’on a été piqué, «il est nécessaire d’enlever cet aiguillon le plus vite possible», souligne Camillo Ribi.
Mais comment faire? «Surtout, ne pas presser dessus, répond l’allergologue. Il faut utiliser un objet tranchant, comme une carte de crédit, et la passer d’un coup sec sur la peau pour faire sortir le dard.»
Moustiques: inoffensifs en Suisse, mais pas dans les pays chauds
Entendre le bourdonnement de moustiques qui volent autour de soi les soirs d’été a de quoi énerver, tout comme les démangeaisons que provoquent leurs piqûres. Toutefois, en Suisse et en Europe, on ne risque pas grand-chose sauf, «dans de rares cas, des réactions allergiques qu’il suffit en général de traiter à l’aide d’une pommade antihistaminique», précise Blaise Genton, médecin-chef des maladies tropicales à la Policlinique médicale universitaire de Lausanne et au CHUV.
Les voyageurs au long cours peuvent s’inquiéter davantage, car ces insectes peuvent transmettre diverses pathologies. A commencer par le paludisme, maladie endémique dans de nombreuses régions chaudes et due à des parasites véhiculés par des moustiques du genre Anopheles.
Leurs cousins Ædes, les «moustiques tigres», peuvent de leur côté provoquer des infections virales. «La plus fréquente est la dengue», indique le spécialiste. Cette fièvre tropicale –qui, dans de rares cas, entraîne des complications hémorragiques– est longtemps restée le lot des régions tropicales. Mais elle s’étend rapidement et touche aujourd’hui le sud-est de la France. Le moustique tigre est aussi porteur du virus du chikungunya, qui gagne également du terrain et sévit désormais en Europe. On voit même émerger de nouveaux virus, comme le Zika qui, après avoir infecté 55'000 personnes en Polynésie française, fin 2013, a désormais atteint le Brésil.
Le saviez-vous?
Les moustiques piquent aussi le jour. Dans nos contrées, on est habitué à voir les moustiques apparaître au coucher du soleil. Mais ceux du genre Ædes –beaucoup plus redoutables, car ils peuvent transmettre la dengue ou le chikungunya– piquent pendant la journée, prévient le Dr Blaise Genton, spécialiste de médecine tropicale. Il ne faut donc pas attendre le soir pour mettre des produits répulsifs sur les parties apparentes du corps.
Mais comment procéder quand on doit aussi se protéger du soleil? «Il faut d’abord appliquer la crème solaire, attendre une vingtaine de minutes, puis étaler ou pulvériser le produit antimoustique sur la peau», recommande le médecin.
Pour se préserver des piqûres de ces insectes, des gestes s’imposent: «Dormir sous une moustiquaire, brancher des diffuseurs antimoustiques et appliquer des produits répulsifs sur la peau», conseille Blaise Genton. En revanche, les gadgets du type bracelet ne sont pas très efficaces.