Les punaises de lit reviennent en force

La plupart des grandes villes du monde sont concernées par l'invasion des punaises de lit. Leur recrudescence spectaculaire, amorcée dès les années 1990, a probablement été due à l'interdiction des puissants insecticides comme le DDT, ainsi qu'à l'augmentation vertigineuse des mouvements de population liés à l'accélération du tourisme international.
Bien que leurs piqûres ne représentent pas une véritable menace en termes de santé publique, dans la mesure où ces insectes ne véhiculent aucune maladie bactérienne ni virale, elles n'en constituent pas moins une gêne très désagréable pour les personnes qui sont affectées, sur lesquelles elles ont en outre un impact psychologique majeur. Elles constituent d'ailleurs un motif de consultation dermatologique très fréquent.
La Suisse n'est donc pas épargnée, et notamment la Suisse romande, où l'on a enregistré depuis quelque temps une augmentation historique des consultations consécutives à des piqûres de punaises de lit. Quant aux entreprises de désinfection des appartements, elles ont vu, elles aussi, le nombre de leurs interventions suivre une courbe exponentielle depuis deux ans.
Pour les scientifiques, ces petites bestioles brunâtres très plates, de la taille d'un grain de riz et dépourvues d'ailes, sont officiellement des arthropodes hématophages.C'est dire qu'elles se nourrissent de sang, animal ou humain, indispensable à leur maturation lors de chaque stade de leur développement. C'est généralement la nuit, de préférence dans un environnement peu éclairé, que les punaises de lit se nourrissent, autrement dit qu'elles viennent nous piquer, attirées par la chaleur de notre corps et par le gaz carbonique qu'exhale notre respiration.
Dans les endroits les plus cachés
Comme elles sécrètent une salive riche en substances anesthésiantes, on ne les sent pratiquement pas faire leur sale besogne. Les lésions cutanées qui sont très prurigineuses peuvent apparaître jusqu’à deux semaines après la piqûre. On pourra certes atténuer les démangeaisons grâce à des crèmes à base de corticoïdes, mais le traitement sera purement symptomatique. Tant que ces parasites ne seront pas exterminés, les lésions cutanées récidiveront. Ces punaises sont dites «de lit» non seulement parce qu'elles profitent de ce que nous soyons endormis pour nous attaquer, mais surtout parce que l'intérieur des matelas, des sommiers, ou des couvre-matelas, fait partie de leurs habitats privilégiés. C'est d'ailleurs là une caractéristique majeure de leur comportement, qui fait qu'on a de la peine à s'en débarrasser: elles adorent pondre leurs œufs dans toutes sortes d'endroits particulièrement cachés, comme les fentes de plancher, derrières les boiseries ou les papiers peints, voire dans les prises de courant! Et comme ces œufs – d'environ un millimètre de long – sont blanchâtres et recouverts d'une substance collante, ils sont très difficiles à déceler sur la plupart des surfaces.
Place à Sherlock Holmes
Or, une fois que les punaises de lit ont élu domicile chez vous, et si vous ne voulez pas renouveler à l'infini les consultations chez le dermatologue, vous n'avez guère d'autre parade que de chercher à les déloger de leurs diverses cachettes. Car si vous ne les éradiquez pas complètement, et si vous ne détruisez pas, du même coup, leurs nombreux œufs (chaque femelle pond jusqu'à 15 œufs par jour) vous n'avez aucune chance de vous en sortir.
Pour véritablement venir à bout de ces bestioles, il faudra vous déguiser en Sherlock Holmes, afin dans un premier temps de localiser les sites où la punaise de lit peut se nicher. Outre les interstices de l'habitat déjà mentionnés, cela pourra être aussi bien une vieille valise ramenée d'un pays lointain qu'un meuble acheté au marché aux puces, ou encore un livre d'occasion. Pour votre recherche, il semblerait que des chiens spécialement formés et régulièrement entraînés pourraient vous venir en aide de façon efficace.
Deux stratégies
Ensuite, pour détruire ces insectes désagréables, vous avez essentiellement le choix entre deux stratégies: une méthode purement mécanique, ou une approche chimique, celle-ci pouvant éventuellement être confiée à une société spécialisée. La méthode mécanique est tout bêtement celle de l'aspirateur (à condition de veiller ensuite à nettoyer à fond les tuyaux et de jeter le sac d'aspirateur en dehors du logement ou de l’immeuble) ou du brossage à sec des vêtements infestés, afin de supprimer les œufs et les jeunes insectes. Les habits doivent être lavés à la machine à plus de 55 degrés afin de détruire les punaises à tous les stades de leur développement.
Dans certains cas, et selon les objets à décontaminer, on pourra même avoir recours soit à un nettoyage à la vapeur à haute température (120 degrés) soit au contraire à une congélation durant plusieurs jours. La méthode chimique, quant à elle, est plus classique mais délicate. En effet, non seulement les insecticides peuvent être dangereux pour la santé si on les manipule mal, mais ils sont en outre de moins en moins efficaces, en raison des phénomènes de résistance qu'ils ont générés peu à peu, chez la punaise de lit comme chez les autres insectes. En d'autres termes, si l'on tient à cette méthode plus radicale, il vaut mieux en confier l'application à un spécialiste, qui traitera tout le site, au gré de plusieurs interventions successives.
Mais ici comme dans bien d'autres situations, seule une bonne prévention sera la clé du succès: si vous entretenez votre habitat de façon régulière, et y maintenez une hygiène très poussée, vous réduirez considérablement le risque de voir les punaises de lit vous pourrir la vie.
Référence
Adapté de «Punaise de lit: mieux la connaître pour mieux s'en débarrasser», Nicole Eicher, Service social de dermatologie et vénérologie, Drs Maral Sahil, Emmanuel Laffitte, Laurence Toutous Trellu, Service des maladies infectieuses, HUG et Dr Philippe Sudre, Odile Lacour, Direction générale de la Santé, Genève, in Revue médicale suisse 2013;9: 718-22, en collaboration avec les auteurs.

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