Combattre les allergies aux piqûres de guêpes et d’abeilles
Une sensibilité anormale à une substance étrangère qui est responsable de symptômes clinique s’appelle allergie. Elle peut être déclenchée par le venin inoculé dans le corps lors de piqûres de guêpes et d’abeilles. Ces dernières années, les techniques de biologie moléculaire ont permis d’identifier et de séquencer les principaux composants de ces venins d’insectes et donc de mieux préciser le diagnostic en vue d’une immunothérapie. Rappelons que l’immunothérapie est un traitement qui modifie le système immunitaire, Pour qu’il tolère les allergènes auquel il est sensibilisé.
La quantité de venin libérée lors d’une piqûre varie considérablement d’un insecte à l’autre. Une piqûre d’abeille libère en moyenne 50 mg de venin, tandis qu’une piqûre de guêpe – insecte capable de piquer à plusieurs reprises – en libère 2 à 3 mg.
Quelle réaction à une piqûre?
Chez la plupart des individus piqués, une réaction locale se développe sous la forme d’un petit bouton qui démange parfois douloureusement pendant quelques heures. Une réaction locale sévère peut survenir chez environ 20 à 25% des individus piqués. Celle-ci se manifeste par un bouton de plus de 10 mm qui persiste habituellement 24 à 48 heures mais peut durer jusqu’à dix jours. Cette atteinte peut avoir une ampleur conséquente et toucher l’ensemble d’un membre. En principe, lors d’une réaction locale même sévère, aucune intervention spécifique n’est nécessaire puisque la majorité de ces réactions sont d’origine toxique. Certains auteurs suggèrent néanmoins une désensibilisation en cas d’exposition importante et d’altération considérable de la qualité de vie liée aux réactions.
Chez les patients allergiques, des réactions qui s’étendent au-delà du site de la piqûre peuvent apparaître. Celle-ci sont de gravité variables. Dans les cas peu graves, elles se manifestent par une atteinte cutanée isolée (urticaire ou gonflement des tissus sous-cutanés). Dans les cas plus sévères, elles se traduisent par une crise d’asthme ou un choc anaphylactique. Il s’agit de la forme la plus sévère de la réaction allergique, qui peut provoquer une perte de connaissance voire un arrêt cardiaque. Cette réaction est tout de même responsable de trois à quatre décès par année en Suisse. Les insectes les plus fréquemment incriminés sont les abeilles et les guêpes, suivis de loin par les bourdons et les frelons.
Diagnostic et traitements
Outre l’examen attentif du patient, les nouveaux tests diagnostiques permettent, en association avec les tests standards, de déterminer précisément dans l’immense majorité des cas l’insecte responsable de la réaction et de cibler l’immunothérapie spécifique de manière adéquate.
Le port permanent d’une trousse d’urgence contenant des antihistaminiques (médicaments qui servent à réduire les symptômes des réactions allergiques), un auto-injecteur (seringue) d’adrénaline et de la cortisone est indiqué lorsque vous avez déjà présenté une réaction allergique sévère. Vous devez absolument porter ce matériel en permanence sur vous. En cas d’allergie, après une piqûre, les spécialistes recommandent de prendre immédiatement deux comprimés d’antihistaminique et de se tenir prêt à employer la seringue d’adrénaline. En cas de réaction sévère, par exemple lors de difficultés de respiration, de symptômes digestifs, de sensation de malaise ou de perte de connaissance imminente, l’injection d’adrénaline doit se faire sans attendre.
Les corticostéroïdes (cortisone) sont en principe réservés aux réactions survenant dans des régions isolées où vous ne pouvez solliciter une consultation médicale dans les heures suivant la réaction. Ils ne font pas partie du traitement de première urgence puisque leur action ne débute qu’après deux heures environ, mais ils offrent une protection sur 24 heures et visent surtout à contrecarrer les réactions allergiques tardives.
Immunothérapie spécifique sous-cutanée
L’immunothérapie spécifique sous-cutanée est un moyen efficace de protéger les gens allergiques contre une réaction systémique ultérieure. On la nomme aussi désensibilisation. Elle se fait sur trois à cinq ans et elle est indiquée chez les personnes ayant présenté une réaction systémique sévère. Chez les personnes exposées dans le cadre de leur profession ou de leurs loisirs, comme les apiculteurs notamment, on recommande la désensibilisation même en cas de réaction légère
Même après cinq ans de désensibilisation, il est recommandé de garder sa trousse d’urgence à portée de main, surtout en cas d’antécédent de réaction sévère.
Adapté de «Allergie aux venins d’hyménoptères: nouveautés diagnostiques et prise en charge», Drs Denis Comte, Stéphanie Petitpierre, Pierre-Alexandre Bart et Annette Leimgruber, Pr François Spertini, Service d’immunologie et d’allergie, CHUV, in Revue médicale suisse 2011;7:844-9.