Mycoses des ongles: un diagnostic précis est nécessaire pour garantir la guérison
Même quand la météo hivernale impose que nous les gardions bien au chaud, à l’abri des regards, nos pieds méritent en tout temps notre attention. En effet, divers types de mycoses peuvent s’y développer, en particulier dans les ongles. Vous en avez certainement entendu parler, ne serait-ce que par des campagnes publicitaires pour des traitements promettant de venir à bout de ces affections inesthétiques et parfois récalcitrantes.
Vous avez remarqué sur l’un de vos orteils un ongle pas bien joli: déformation, dépôts blanchâtres ou jaunâtres. Mais comment savoir s’il s’agit d’une mycose, et si oui, de quelle nature et nécessitant quels soins? En termes de diagnostic et de traitement, les mycoses des ongles représentent souvent un réel problème pour le monde médical, confronté à certaines situations où un traitement antifongique demeure sans effet.
D’emblée, il faut préciser que dans la moitié des cas, une déformation de l’ongle (onychodystrophie) n’est pas une mycose. Il s’agira donc dans un premier temps de déterminer s’il y a présence ou non de champignons. S’il n’y en a pas, il n’y a pas non plus de mycose et un traitement contre une telle affection n’aura aucun résultat. Dans un cas sur deux, il s’agit bien d’une mycose, causée par des dermatophytes, c’est-à-dire de petits champignons qui sont spécialisés pour dégrader la kératine, et qui s’attaquent à l’ongle, souvent après avoir déjà provoqué des mycoses entre les orteils ou sous la voûte plantaire. Cependant, il arrive que les agents infectieux responsables d’une onychomycose soient aussi des levures et des moisissures, pour lesquelles les traitements habituels antifongiques, c’est-à-dire traitant les dermatophytes, sont inefficaces.
Pas de traitement efficace sans diagnostic sûr
Ainsi, afin de traiter au mieux un ongle malade, il convient dans un premier temps de vérifier qu’il s’agit bien d’une mycose puis, dans un second temps, d’identifier l’agent infectieux (dermatophyte, levure ou moisissure). Dans la plupart des cas, des traitements existent et permettent de venir à bout de l’affection, pour autant qu’un diagnostic exact ait pu être posé. C’est pourquoi des spécialistes en mycologie et dermatologie se sont attelés à développer des techniques d’identification de l’agent infectieux de plus en plus fiables.
Après un examen mycologique systématique effectué directement au niveau de la lésion sur l’ongle, le procédé le plus habituel consiste à identifier le champignon après avoir déposé des fragments d’ongle sur un milieu de culture. Mais cette technique a montré ses limites. Non seulement l’identification prend du temps, reportant d’autant le début d’un traitement efficace, mais en plus l’analyse ne confirme pas, dans un tiers des cas, la présence de champignon détectée au microscope. Quant aux moisissures, lorsqu’elles sont présentes, il reste difficile de déterminer si elles sont bien un agent infectieux ou la conséquence d’une contamination lors de la mise en culture.
L’ADN pour identifier la présence de moisissures
Des spécialistes du CHUV ont trouvé la parade pour venir à bout de ces entraves à un diagnostic sûr. En développant une nouvelle méthode d’analyse des fragments d’ongles qui repose sur le séquençage de leur ADN, l’identification précise de l’affection touchant un ongle est désormais possible.
Cette méthode offre de meilleures garanties de guérison grâce à la précision du diagnostic qui détermine le choix du traitement le plus efficace. Elle permet aussi de gagner du temps, les résultats pouvant être obtenus en 48 heures seulement, contre deux à trois semaines avec le procédé habituel. De plus, elle prémunit contre un traitement inapproprié.
Mieux vaut consulter rapidement
Si vous remarquez que l’un de vos ongles change d’aspect, prenez garde à ne pas laisser la situation s’aggraver et ne vous laissez pas tenter par une automédication qui risque de ne pas être adaptée du tout et de compromettre ou retarder le diagnostic. Grâce à cette nouvelle méthode d’identification récemment développée, le recours à un spécialiste vous garantit un meilleur diagnostic et un meilleur traitement. En effet, les travaux déployés au CHUV ont confirmé que dans les cas d’onychomycose prouvée où un antifongique classique n’est pas efficace, cet échec est presque toujours dû à la présence de moisissures.
C’est pourquoi, si l’agent infectieux qui s’en est pris à votre ongle porte le petit nom de Fusarium, ou encore Acremonium ou Aspergillus, on ne vous prescrira pas le traitement oral standard, mais l’application locale quotidienne d’une solution adaptée, c’est-à-dire un antifongique à large spectre. Un traitement qui exige régularité et patience mais qui vient à bout du problème en douze mois. Ne tardez pas à consulter, ainsi vous mettrez toutes les chances de votre côté pour retrouver bientôt un ongle parfaitement sain.
Références
Adapté de «Diagnostic des onychomycoses à moisissures et importance pour le traitement», par Pr M. Monod, Dr M. Lurati et Dr F. Baudraz-Rosselet, Laboratoire de mycologie, Service de dermatologie, CHUV, Lausanne. In Revue médicale suisse 2013;9:730-3, en collaboration avec les auteurs.