Les dates de péremption ne sont pas des limites absolues
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Que se passera-t-il cette nuit dans votre pot de yogourt moka préféré si son emballage indique «À consommer jusqu’au 30 avril 2023»? L’onctueux dessert lacté se transformera-t-il en bombe toxique dès que minuit sonnera? On peut légitimement en douter. Ces dates sont, la plupart du temps, indicatives et en aucun cas un ultimatum. Toutefois, certaines sont plus restrictives que d’autres. «Il existe deux cas de figure différents. Il y a la date limite de consommation, qui concerne des produits très périssables comme la viande et le poisson. Ces aliments ne doivent pas être mangés une fois l’échéance dépassée. Ensuite, il y a la date de durabilité minimale. On la trouve souvent sur les emballages avec la mention "À consommer de préférence avant…" Il s’agit de produits de longue conservation: pâtes, huiles, céréales, etc. On peut sans crainte les manger une fois la date dépassée, pour autant qu’ils aient été bien conservés. Il faut se fier à ses sens!», explique Rebecca Eggenberger, responsable alimentation à la Fédération romande des consommateurs.
Moins gaspiller, c’est possible
Quelques astuces simples permettent d’éviter de raccourcir la durée de vie des aliments. Un bon stockage est en effet indispensable. Les denrées dont la date est proche doivent être mises sur le devant des étagères du garde-manger ou du frigo. Ce dernier doit être nettoyé régulièrement afin d’éviter que des bactéries introduites lors des manipulations ne s’y développent. Les fruits et légumes devraient être achetés en quantité limitée afin qu’ils ne pourrissent pas en attendant d’être mangés. Certains peuvent être gardés au frais. Respecter les indications de conservation des produits achetés est aussi indispensable: ne pas briser la chaîne du froid, ne pas entreposer des produits secs dans un lieu humide, ne pas exposer les emballages au soleil ou à la chaleur, entre autres. Et de manière générale, n’acheter que ce dont on a besoin afin de ne pas jeter inutilement des vivres.
L’odorat, la vue et le goût sont souvent des indicateurs assez fiables pour savoir si le yogourt ou la confiture sont encore bons. Les traces de moisissures sur le produit, une odeur nauséabonde ou un aspect anormal doivent nous alerter. Sans oublier l’état de l’emballage. Un pot de crème au couvercle bombé indique clairement qu’il y a une prolifération de bactéries. Attention avec les boîtes de conserve: celles qui sont gonflées peuvent contenir la bactérie du botulisme. Par ailleurs, abîmées, elles sont susceptibles d’avoir un contenu infecté par d’autres bactéries.
Attention aux produits frais
Mais que risque-t-on vraiment à manger des produits périmés? La Dre Dominique Truchot-Cardot, médecin nutritionniste et professeure à la Haute École de la Santé La Source, explique: «Tous les aliments de longue conservation, tels que riz, miel, légumineuses, farines, entre autres, peuvent être consommés même des mois après la date indiquée. Ils auront peut-être perdu de leur saveur, voire de leur couleur, sans pour autant être dangereux pour la santé. En revanche, pour les produits frais, il faut faire plus attention. Les bactéries, comme la salmonelle, l’Escherichia coli ou le staphylocoque peuvent nous rendre malades et cela peut être grave. Elles peuvent provoquer des troubles digestifs très sévères. Certaines d’entre elles se développent avec le temps, alors que d’autres sont introduites par la manipulation des aliments avec des mains sales. La cuisson peut en éliminer tout ou une partie à condition de respecter une certaine température et de les cuire suffisamment longtemps. Les charcuteries sont également susceptibles d’être contaminées dès l’ouverture de l’emballage plastique. En revanche, les viandes séchées présentent moins de risques.»
Bon sens
Quid du yogourt qui est par essence bourré de bactéries bonnes pour la flore intestinale? «Dans ce type d’aliment, la présence bactériologique est positive car souhaitée. La date de consommation indiquée peut en principe être dépassée de plusieurs jours sans que le yogourt ne soit mauvais pour la santé. Il faut alors faire preuve de bon sens et le consommer seulement s’il semble bon et d’aspect et odeur normaux.»
La Dre Truchot-Cardot et Rebecca Eggenberger insistent sur le fait que les personnes dont le système immunitaire est faible, les femmes enceintes ou encore les jeunes enfants doivent être plus regardants quant aux dates indiquées sur les emballages. «Ces dates servent de repère, elles permettent également d’en tenir compte pour stocker les aliments dans le frigo ou les placards. Elles sont un indicateur utile, sans pour autant être le seul», précise Rebecca Eggenberger. Inutile en effet de jeter à la poubelle fromages, yogourts ou viandes séchées dont l’échéance est récente. Et Dominique Truchot-Cardot de conclure: «En Suisse, 30% de la nourriture produite est jetée à la poubelle, c’est énorme. Il serait utile de revoir les règles qui régissent les dates de consommation, car elles ont été fixées il y a bien longtemps, alors que les modes de production et de consommation ont évolué depuis…»
Conseils anti-gaspillage
Une pomme flétrie, une salade défraîchie, une carotte un peu molle se retrouvent trop souvent au compost alors qu’elles sont encore comestibles. Philippe Ligron, maître d’enseignement au Centre d’orientation et de formation professionnelle (COFOP) et cuisinier, livre quelques astuces simples et savoureuses: «Avec les légumes un peu abîmés, on peut faire des soupes. Pour qu’ils gardent leurs valeurs nutritives, il ne faut pas les cuire plus de vingt minutes.» Les fanes de carottes et de radis, ainsi que les feuilles de salades un peu ramollies, sont aussi parfaites en soupe ou en sauce. «Quant aux fruits, il suffit d’enlever les parties gâtées et de couper le reste en petits cubes. On les mange avec un yogourt, des céréales et un peu de miel. Cela fait un petit-déjeuner savoureux et sain», poursuit le cuisinier. À noter que les épluchures de fruits ou de légumes sont souvent riches en vitamines. «Lorsque l’on achète une pomme de terre ou une carotte bio, il suffit de les passer sous l’eau, de les frotter un peu et on peut les manger sans les éplucher», précise Philippe Ligron. Non seulement c’est meilleur pour la santé mais cela réduit également les dépenses ménagères liées aux poubelles. Enfin, lorsque certaines feuilles ou herbes sont un peu ramollies, un bain d’eau froide permet souvent de les revigorer et de les rendre à nouveau appétissantes.
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Paru dans Le Matin Dimanche le 30/04/2023
36.9°: Poissons, entre oméga-3 et métaux lourds
