Ablation de la prostate: comment faire face à l'incontinence
Fréquentes, les interventions thérapeutiques concernant le cancer de la prostate soulèvent une série de questions pratiques quant aux conséquences résultant de l’ablation de cette glande. Deux dominent: les conséquences sur la fonction sexuelle et celles concernant le risque d’incontinence urinaire. Une synthèse de conseils pratiques sur ce sujet vient d’être publiée dans la revue Nursing Practice. Elle est rédigée par Wendy Colley, une infirmière dotée d’une longue expérience sur ce sujet 1.
Motivation et dignité
L’auteur souligne tout d’abord l’importance de la motivation dont le patient a besoin pour suivre la stratégie thérapeutique qui lui est proposée. Stratégie qui doit lui permettre de reprendre le contrôle de sa vessie et de gérer les phénomènes d’incontinence post-opératoire.
Il faut tout d’abord savoir que lorsqu’il est diagnostiqué à un stade très précoce de son développement (c’est aujourd’hui le cas le plus fréquent), le cancer de la prostate n’a pas encore de conséquences importantes au plan urinaire. En d’autres termes, les hommes concernés n’ont pas été confrontés à l’incontinence urinaire, à ses manifestations et à sa prise en charge. Sans être une conséquence systématique de l’ablation de la prostate (ou prostatectomie), l’incontinence est souvent une réalité qui doit être annoncée et prise en compte.
Incontinence d’effort
Dans les cas où elle existe, il s’agit le plus souvent d’une incontinence dite «d'effort». Elle est caractérisée par une fuite involontaire d'urine survenant à l'occasion d'un effort physique. Il peut s’agir d’une toux, de rires, d’exercices physiques ou encore de rapports sexuels. C’est là un phénomène mécanique: tout effort abdominal engendre une pression sur les muscles du plancher pelvien (la partie du corps située au bas du bassin et entre les jambes). Les muscles qui le forment se situent entre l'os pubien sur la partie antérieure et le coccyx (l'extrémité inférieure de la colonne vertébrale) sur la partie postérieure. Ils forment ainsi une bande musculaire qui soutient les organes situés dans le pelvis: la vessie et l'intestin (ainsi que l'utérus chez les femmes).
(Ré)éducation musculaire
Les muscles du plancher pelvien doivent être naturellement en tension pour assurer la fermeture de l'urètre. Lorsque la tension est relâchée, l'urètre s'ouvre et un peu d'urine peut s'échapper. La prostatectomie peut induire des modifications qui réduisent les résistances aux augmentations des pressions intra-abdominales. Cela se traduit alors par des fuites d'urine à l'effort. Dès lors, il est important de prévenir ces déséquilibres en apprenant à solliciter ces muscles pour maintenir le contrôle et éviter les fuites. Les hommes devant subir cette intervention auront intérêt à apprendre à contracter les muscles de leur plancher pelvien avant l’opération.
Protections
D'autres symptômes urinaires peuvent également apparaître après une ablation de la prostate. Il faut ainsi procéder à des réexamens cliniques réguliers dans les mois qui suivent l’intervention. C’est tout particulièrement nécessaire chez les hommes qui souffrent d’urgenterie ou d’impériosité mictionnelle» avant la chirurgie.
L’un des moments les plus désagréables peut se situer dans les suites immédiates de l’intervention chirurgicale, au retrait du cathéter. Il faut alors bénéficier de conseils adaptés dans le choix de «culottes» (sous-vêtements) absorbantes ou de simples protections.
En pratique
Les 5 conseils clefs de Wendy Colley:
- Les hommes concernés ont besoin de conseils pratiques très concrets sur l'utilisation des dispositifs ou protections pour l’incontinence.
- L’évaluation de l’incontinence après la chirurgie est indispensable et doit inclure la surveillance des infections urinaires et de la constipation.
- Dans les suites immédiates de la chirurgie, les patients doivent pouvoir disposer des bonnes protections et en nombre suffisant, en particulier au retrait du cathéter.
- En amont de l’intervention les patients doivent être formés aux exercices musculaires du plancher pelvien, et ce par une infirmière spécialisée ou par un physiothérapeute.
- Après l’intervention, il peut être utile pour les patients d’avoir accès à une assistance téléphonique sur la récupération de leur continence.
1. Le texte (en anglais) de cette publication est disponible ici.
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Chaque année en Suisse, environ 6100 hommes développent un cancer de la prostate, qui est le cancer le plus fréquent en général: 30% des cancers chez l’homme sont des cancers de la prostate. Pratiquement tous les patients (99%) ont plus de 50 ans au moment du diagnostic; 47% ont même 70 ans et plus.