Gastroentérites à norovirus: portrait d'un virus en pleine expansion
Depuis quelques années, en Suisse comme dans le reste du monde, on constate une augmentation des épidémies de gastroentérite à norovirus. Extrêmement contagieux, ces derniers provoquent les symptômes habituels de la gastroentérite, mais peuvent également engendrer des complications plus graves.
Dans les pays touchés par ces épidémies, les ressources mobilisées, tant médicales que financières, sont extrêmement importantes. Au point que la protection face à la propagation des norovirus devient un véritable enjeu en termes de santé publique.
Contagiosité des norovirus
Les gastroentérites à norovirus se caractérisent avant tout par leur contagiosité, très élevée.
En effet, les norovirus sont très résistants et peuvent être retrouvés partout dans notre vie quotidienne, autant dans les aliments et l’eau que dans les objets que nous utilisons et qui nous entourent. Ils sont particulièrement transmissibles dans les milieux confinés et les lieux de vie communautaire comme les hôpitaux, les écoles ou les résidences pour personnes âgées.
De plus, ces virus connaissent de nombreuses mutations et se déclinent sous plusieurs souches virales différentes. L’immunité qui se développe naturellement après une contamination peut donc protéger le patient contre une souche spécifique, mais pas contre toutes les autres. Notons encore que, de toute manière, l’immunité qui s’ensuit est éphémère: son effet protecteur s’évanouit rapidement dans le temps.
Enfin, ajoutons que les personnes réagissent différemment selon la souche virale incriminée. Certaines peuvent, en conséquence, être porteuses du virus sans pour autant en présenter les symptômes, ce qui rend la propagation de la maladie d’autant plus rapide et difficile à contrôler.
Manifestations de l’infection
Les gastroentérites à norovirus se déclarent toute l’année, mais connaissent une recrudescence durant la période hivernale.
L’infection se manifeste la plupart du temps de façon brusque, environ douze heures après la contamination par le virus. Les premiers symptômes sont des douleurs abdominales et des nausées, avec survenue rapide de diarrhées et vomissements. Il est possible qu’apparaissent également de la fièvre, des douleurs musculaires et un état de grande fatigue.
En général, la maladie disparaît au bout de deux ou trois jours de façon spontanée. Or, dans certains cas, elle peut perdurer et avoir des conséquences très graves, y compris chez des patients en bonne santé, provoquant par exemple une insuffisance rénale aiguë.
Personnes à risque
Au vu des complications potentielles liées aux gastroentérites à norovirus, une attention particulière doit être accordée à certains patients plus fragiles, telles que les personnes âgées, les personnes à immunité déficiente ainsi que les patients présentant d’autres maladies. En effet, l’infection par norovirus se manifeste de façon plus sévère chez ces derniers: elle dure plus longtemps, les déshydrate davantage et évolue souvent en gastroentérite chronique.
Absence de traitement
Aucun traitement spécifique directement dirigé contre le virus n’est actuellement disponible sur le marché pour contrer l’infection. Il est difficile de créer un vaccin efficace en raison des mutations nombreuses et constantes des souches virales. Même s’il venait à exister, un vaccin ne nous protégerait que contre les souches les plus courantes.
En attendant, les seuls traitements consistent en la prévention des complications et de l'état de déshydratation des patients, de pair avec une hospitalisation si besoin est. C’est pourquoi la prévention reste, pour le moment, le moyen le plus efficace pour éviter la propagation de la maladie.
Une prévention rigoureuse
Pour empêcher que les infections isolées ne se transforment en véritable épidémie, il est fondamental d’adopter une hygiène stricte et rigoureuse. En plus de la désinfection régulière des mains, il est aussi préconisé de nettoyer régulièrement les objets environnants et les surfaces, et éviter toute exposition aux vomissures ou aux selles infectées.
Dans les milieux spécifiques de la santé que sont, par exemple, les hôpitaux ou les homes, où toutes sortes de patients déjà vulnérables se côtoient, il est très important d’isoler les personnes suspectées d’être contaminées. Et ce jusqu’à 48 heures après la fin des symptômes. Le personnel soignant devrait en outre prendre un arrêt de travail si lui-même est contaminé, et l’entourage des patients respecter les mêmes mesures de prévention.
Dans le milieu de l’industrie agroalimentaire, les règles d’hygiène devraient également être appliquées de façon rigoureuse, en raison de la capacité des norovirus à survivre dans les aliments et l’eau.
Référence
Adapté de «Gastroentérites à norovirus: fréquentes, souvent épidémiques et potentiellement graves», par Drs F. Kundig et P. Chevalley, Pr D. Genné, Service de médecine, Hôpital neuchâtelois – La Chaux-de-Fonds. In Revue médicale suisse 2013;9:1806-11, en collaboration avec les auteurs.