Protéger les enfants du soleil, une nécessité
Les beaux jours arrivent et avec eux les habituels messages de prévention liés à l’exposition au soleil. Ne pas s’exposer pendant les heures les plus chaudes, mettre de l’écran solaire, un chapeau et des lunettes, c’est en résumé ce qu’on entend saison après saison. Des conseils qui sont valables pour tout un chacun et qui ne doivent surtout pas être pris à la légère par les parents. «Les cellules qui font les pigments de la peau sont immatures chez les enfants, explique Olivier Gaide, chef de clinique au Service de dermatologie et vénéréologie du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). Cela signifie que, contrairement à un adulte, les plus jeunes ont de la peine à synthétiser la mélanine capable de les protéger des rayons UV.» Le spécialiste est catégorique: pas de soleil direct pendant la première année de vie. «C’est l’année où l’immaturité des cellules est la plus grande. Par ailleurs, on sait que le soleil pris pendant l’enfance a une influence sur la quantité de grains de beauté de l’adulte. Et plus on en a, plus on risque un cancer de la peau.»
Protéger le corps
Les bébés de 0 à 12 mois doivent donc être mis à l’ombre. Celle des bâtiments est plus efficace que celle d’une forêt, qui est plus efficace que le port de vêtements. La crème solaire arrive en dernier dans la hiérarchie des protections anti-UV. «Idéalement, il faudrait mettre 1 mg de crème par centimètre carré de peau, poursuit Olivier Gaide. Un tube ne suffit donc pas à protéger efficacement une famille de quatre personnes qui passe une journée à la plage!» Crémer petits et grands suffisamment et à plusieurs reprises s’avère donc une activité non seulement fastidieuse, mais également onéreuse. Sans oublier qu’il faudrait appliquer la lotion environ quinze minutes avant l’exposition pour qu’elle soit efficace.
T-shirts anti-UV...
Alors que faire avec les garnements de plus de 12 mois? «Le plus simple, c’est de leur acheter des T-shirts anti-UV. On les enfile une fois en arrivant à la piscine, on crème les parties du corps qui ne sont pas couvertes par le T-shirt, on leur met un chapeau et c’est tout.» Il n’est toutefois pas nécessaire d’investir dans un vêtement estampillé anti-UV: un gros t-shirt en maille épaisse et de couleur foncée peut aussi faire l’affaire, mais il sera bien moins agréable à porter toute une journée et mettra du temps à sécher. Et attention, le petit haut blanc en coton lâche n’est d’aucune utilité face aux UV. Il suffit pour cela de regarder à travers pour constater qu’il laisse bien passer les rayons du soleil. Le jeans est plus efficace, mais moins pratique à la plage!
... et lunettes
Une fois la peau protégée, reste encore à mettre un chapeau et des lunettes pour compléter la panoplie du parfait petit vacancier. Sans surprise, les yeux des enfants sont plus fragiles que ceux des adultes. Pierre-François Kaeser, responsable de l’Unité de strabologie et ophtalmologie pédiatrique à l’Hôpital ophtalmique Jules Gonin de Lausanne, explique: «Les structures oculaires des petits jusqu’à 2-3 ans ne filtrent pas bien les UV dans une certaine longueur d’onde. Et jusqu’à 8-9 ans, le cristallin est très transparent. Il laisse passer plus de lumière bleue. Selon certaines études, c’est elle qui serait la plus toxique pour la rétine.»
Mettre des lunettes qui protègent des UV est primordial en été pendant les heures les plus lumineuses, tout comme en montagne, sur l’eau ou à la neige. Et peu importe que la journée soit nuageuse ou non, car les cumulus laissent passer les UV. «Préférez des verres des couleurs qui filtrent le plus le bleu, comme le jaune, le brun orangé ou le gris, et évitez les verres bleus, roses ou violets, poursuit Pierre-François Kaeser. Pour les petits enfants, choisir une lunette qui recouvre bien l’œil, c’est-à-dire également sur les côtés.»
Méfiez-vous des lunettes proposées par des vendeurs ambulants ou sur les marchés de vacances. Si les verres assombrissent sans filtrer, les risques de lésions oculaires sont élevés. «Un verre sombre supprime l’éblouissement et donc les comportements d’évitement du soleil, tout en dilatant la pupille. Ce qui fait que l’œil risque d’être plus exposé à la lumière que si on n’avait pas mis ce type de lunettes foncées!»
Il ne faut toutefois pas mettre des binocles aux enfants lors de chaque sortie en plein air de peur d’induire une photophobie. Car la lumière naturelle n’a pas que des inconvénients. Au niveau de la peau, elle permet de synthétiser la vitamine D. Exposer visage et bras des enfants de plus d’un an (avant cet âge un supplément leur est administré) quelques minutes par jour est suffisant. Au niveau du cerveau, cette vitamine induit la sécrétion de dopamine, un neurotransmetteur important pour ralentir la croissance du globe oculaire, et donc diminuer l’apparition ou la progression d’une myopie.
Quelle crème choisir?
La meilleure crème est celle qu’on a du plaisir à mettre! Inutile en effet d’acheter une lotion 50 super épaisse que l’on ne mettra qu’une fois ou avec parcimonie. S’il est vrai que les crèmes sans filtres chimiques (et donc avec des filtres physiques) sont souvent conseillées pour les plus petits, il est vrai également qu’elles sont plus grasses, plus épaisses et peuvent donc engendrer quelques réticences au moment de l’application. «Les crèmes avec des filtres chimiques contiennent des substances qui sont suspectées d'avoir un effet de perturbateur endocrinien. C’est la raison pour laquelle on a tendance à les déconseiller chez les enfants, explique Olivier Gaide. Mais les crèmes avec des filtres physiques contiennent des nanoparticules dont on ne connaît pas bien les effets secondaires. En portant un t-shirt UV, on ne doit crémer que de petites surfaces de peau (main, visage, jambes) et on contourne alors le problème.» En Suisse, les index de protection indiqués sur les emballages sont fiables. Il est conseillé de choisir au minimum un index 20. Toutes les lotions vendues sous nos latitudes protègent aussi bien des UVA (responsables du vieillissement cutané) que des UVB (responsables du cancer de la peau).