La peau à l’épreuve de l’eau
L’été réjouit les sens et ensoleille l’humeur, mais la baignade met la peau à rude épreuve. Zoom sur quelques-uns des petits soucis qu’impliquent les activités aquatiques. La peau sèche après une journée à la mer? C’est possible. «Le sel fait partir les squames (ndlr: des particules de peau morte) peu adhérentes; il dissout aussi certaines protéines comme la kératine qui constitue, entre autres, la corne de notre peau», explique le Pr Daniel Hohl, chef du service de dermatologie du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). Les dermatologues utilisent d’ailleurs cette propriété pour le traitement de maladies comme le psoriasis ou de maladies héréditaires qui touchent la peau (ichtyoses). Pour Monsieur et Madame Tout-le-monde, on peut contrer cet effet asséchant en utilisant un après-soleil ou toute autre crème hydratante après s’être baigné, suggère le spécialiste.
Ça pique
Aïe. Les baignades dans les lacs, justement prisées des Suisses, apportent parfois leur lot de piqûres. On blâme alors des puces de canards… qui n’ont rien de puces, même si en effet elles sont des hôtes du canard. La coupable est la cercaire, un ver qui parasite le volatile. Pour se reproduire, la cercaire pond des œufs dont sortent des larves qui se développent sur des escargots aquatiques. Une fois ces larves devenues cercaires, elles quittent ces hôtes pour trouver un canard sur lequel se fixer. C’est là que l’être humain intervient quand il se baigne dans des eaux peu profondes et chaudes (plus de 20 °C), c’est-à-dire l’environnement dans lequel les cercaires cherchent de nouveaux hôtes cancanants. Mais les petits vers ne font pas la différence entre volatiles et humains et ils s’insèrent sous notre peau où elles mourront rapidement. Notre corps réagit à leur présence. Peu lors des premières piqûres que l’on subit dans sa vie. Mais l’on développe souvent une allergie qui fait que les piqûres suivantes démangeront terriblement (en moyenne durant quatre jours, parfois plus). «Si vous souffrez beaucoup de ces démangeaisons, consultez un dermatologue ou votre pharmacien qui prescrira peut-être une crème à la cortisone», recommande le Pr Daniel Hohl.
Ces piqûres peuvent d’ailleurs être prévenues: pour peu qu’on en ait la possibilité, nager au large, à quelques dizaines de mètres du bord, évite de se faire piquer. Là où le lac est plus profond et plus froid, il n’y a en effet pas d’abri pour les escargots dans lesquels grandit la cercaire. Par ailleurs, si vous savez que vous faites des réactions importantes aux «puces de canard», mieux vaut peut-être préférer la baignade en piscine ou en cours d’eau quand le mercure affole les lacs.
Ça colonise
Une petite rougeur qui se développe lentement et qui fait parfois tomber un peu de peau ou crée de petites fissures? C’est peut-être une mycose, un champignon microscopique. Ceux-ci aiment les environnements chauds et humides et sont donc fréquents l’été. «On peut les attraper partout où l’on est pieds nus, explique le spécialiste. On marche sur des squames, de minuscules morceaux de peau laissés par une autre personne, et le champignon se transmet par ce biais.» La parade? Bien se laver les pieds avant d’entrer dans la piscine, bien s’essuyer les pieds quand on sort de l’eau, et mettre rapidement des chaussures ou des claquettes pour minimiser le risque d’être en contact avec la peau d’autrui. Il se peut que la mycose disparaisse sans traitement, mais dans le cas contraire, consultez un médecin.
Ça brûle, gravement
Pas de doute, les cancers de la peau sont liés à l’exposition solaire et il faut s’en protéger. Pour bien vivre avec le soleil, il faut avoir un comportement et un équipement adaptés. D’abord, en évitant le soleil quand il est à son zénith, entre 11h et 15h, une mesure impérative pour les enfants. Profitez-en pour déjeuner ou faire la sieste mais ne vous exposez pas à ces heures. Ensuite, cherchez l’ombre ou créez-la avec parasols et abris de plage. «D’ailleurs, n’oubliez pas que le soleil vous atteint aussi à l’ombre!», rappelle le Pr Wolf-Henning Boehncke, chef du service de dermatologie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Si vous voulez vraiment bronzer, pas besoin de vous exposer directement. L’habillement est aussi un précieux allié contre le soleil, qu’il s’agisse de chapeaux à larges bords ou de t-shirts de surf qui préserveront votre dos et vos épaules ainsi que ceux de vos enfants. Enfin, appliquez généreusement sur toutes les parties du corps qui dépassent, avant d’aller au soleil et après être sorti de l’eau (lire encadré), de la crème solaire avec un indice élevé, ce d’autant plus si vous avez la peau claire. Si vous avez la peau noire ou très noire par contre, le soleil présente beaucoup moins de risques pour vous.
WATERPROOF LA CRÈME, CHICHE?
«Résistante à l’eau», affirme fièrement l’emballage de la crème solaire que vous venez d’acheter. Alors, on en met le matin et on est bon pour la journée? Pas si vite, expliquent les spécialistes. «Pragmatiquement, nous recommandons de diviser l’indice de protection par deux pour rejoindre les conditions réelles, où l’on a tendance à ne pas mettre assez de crème et où la baignade et la transpiration la font partir de la peau», préconise le Pr Wolf-Henning Boehncke, chef du service de dermatologie des Hôpitaux universitaires de Genève. «Notre recommandation est donc de se crémer au moins deux fois par jour, une première fois avant de sortir pour laisser à la crème une demi-heure pour pénétrer dans la peau avant de se baigner et d’en appliquer une seconde fois plus tard dans la journée», recommande le spécialiste. Il ajoute qu’il faut utiliser généreusement la crème solaire: si un flacon de 200 ml dure une semaine de plage, c’est sans doute que vous n’en mettez pas assez!