Troubles de l’orgasme chez la femme: une souffrance intime
Les troubles de l’orgasme chez la femme peuvent susciter de nombreux doutes chez la personne qui en souffre et son partenaire. En plus d’une nette perte de confiance et d’estime de soi, ces troubles entraînent souvent un sentiment de culpabilité face au partenaire, de honte de ne pas être «à la hauteur», l’impression de ne pas être normale ou encore la peur de perdre celui qu’on aime.
Le partenaire, quant à lui, peut être amené à douter également de lui-même, de sa virilité, perdre son estime de soi et se demander s’il est encore aimé. Lorsqu’il tient sa partenaire pour seule responsable, considérant par exemple qu’elle fait preuve de mauvaise volonté, cela peut se traduire par de l’agressivité, des critiques, voire des conflits ouverts pouvant mener à la séparation.
Les scénarios possibles sont aussi multiples que les couples, mais tous nécessitent de réagir et le cas échéant de demander de l’aide au plus vite, pour mettre fin à une souffrance qu’on peut souvent soigner avant qu’il ne soit trop tard.
Deux types de troubles
Les troubles de l’orgasme sont décrits comme la difficulté ou l’impossibilité récurrente ou persistante à atteindre l’orgasme après une phase d’excitation sexuelle, ce qui peut provoquer une détresse personnelle marquée ou des difficultés interpersonnelles.
On distingue principalement deux types de troubles de l’orgasme. Tout d’abord le trouble primaire, lorsque l’orgasme a toujours été faible ou absent, que la femme ne l’a jamais connu, même en se masturbant et quelles que soient les zones de stimulation. Le trouble secondaire, quant à lui, concerne les situations où le plaisir diminue ou disparaît progressivement ou subitement.
Dans les deux cas, le trouble peut être soit situationnel, soit généralisé. S’il est plutôt situationnel, la jouissance est difficile à atteindre ou absente dans certaines situations seulement, par exemple avec un partenaire en particulier. Parfois, la femme y parvient toute seule, mais jamais avec un partenaire. Si le trouble est généralisé en revanche, le problème apparaît dans toutes les situations et indépendamment du partenaire. La femme ne parvient pas non plus à jouir en se stimulant elle-même.
Alcool et orgasme, un mythe qui subsiste
«Faire boire une femme accroît son plaisir.» Une idée largement répandue, mais est-ce vraiment le cas? A faible dose, l’alcool a certes un effet désinhibiteur et euphorisant qui peut faciliter le passage à l’acte sexuel et le lâcher prise. Boire modérément peut augmenter la lubrification et la sensation orgasmique. Mais à trop haute dose, l’alcool aura l’effet contraire sur la femme, même si elle a l’impression d’être plus excitée: plus elle consommera d’alcool, moins elle aura de lubrification vaginale.
Quand et qui consulter?
Répétons-le: il est tout à fait normal pour une femme de ne pas atteindre l’orgasme à chaque rapport sexuel, ou que cela prenne plus ou moins de temps. Tout comme il est normal que certaines jouissent souvent et d’autres moins, ou de ne pas avoir d’orgasme vaginal, ou du moins pas à chaque fois, ou encore d’avoir besoin d’une stimulation simultanée du clitoris pour y parvenir.
Il faut en revanche consulter lorsque le trouble de l’orgasme se répète ou qu’il y a un changement durable durant plusieurs mois et qu’il provoque une souffrance, chez la femme et/ou chez son partenaire, altérant la qualité de vie du couple.
Dans un premier temps, une consultation chez son médecin de premier recours –généraliste, gynécologue– permettra de déterminer si l’origine du problème est plutôt physiologique ou psychologique. Le cas échéant, le médecin pourra guider la patiente vers le/les spécialistes appropriés selon les causes du trouble.
Causes et facteurs de risque
Les troubles de l’orgasme peuvent être déclenchés par divers facteurs, dont certains prévalent fortement. Les facteurs organiques les plus fréquents sont notamment l’hypertension artérielle et ses traitements ou encore l’incontinence urinaire (notamment l’appréhension d’une «fuite» durant l’acte sexuel; si l’accident est déjà arrivé, c’est autant la peur que la honte qui vont empêcher la femme de jouir, voire d’avoir des rapports sexuels). Le manque d’activité physique et le diabète peuvent également être des facteurs de risques. Un trouble de l’excitation peut aussi entraîner un trouble de l’orgasme, car la difficulté orgasmique s’accompagne d’un très mauvais ressenti de la phase d’excitation. Certains antidépresseurs diminuent parfois notablement le pouvoir orgasmique.
Certains facteurs psycho-sociaux peuvent aussi jouer un rôle important: l’orgasme suppose un lâcher prise total, pas facile pour tout le monde, et peut donc être inhibé par la peur de perdre le contrôle et la maîtrise de soi. Pour diverses raisons, la femme (et l’homme aussi) peut craindre de ne plus maîtriser la situation, son image, son apparence, de crier (très, trop fort), d’avoir une émission d’urine ou de gaz involontaires, etc.
On notera aussi que le partenaire et la relation de couple jouent un rôle central dans l’orgasme féminin, et constituent l’une des principales causes de troubles, notamment. Les problèmes et conflits de couple, telles la peur de l’abandon, l’infidélité, ou l’inadéquation des stimulations par le partenaire, peuvent avoir des effets négatifs sur la capacité d’atteindre l’orgasme. Le manque de communication verbale et non verbale concernant les envies et besoins de stimulations (positions, mises en scène sexuelles, etc.) entre les partenaires prévaut fortement lors de problèmes d’orgasme. Trop de femmes restent passives durant l’acte sexuel, se contentant fréquemment d’attendre que leur partenaire devine ce qui leur ferait du bien et ce qu’elles aimeraient qu’il leur fasse. De nombreux autres facteurs, allant du stress ou la dépression à la méconnaissance de son propre corps peuvent également créer un trouble. En tous les cas, il est important d’aborder ces questions avec le médecin afin de bien les identifier.
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Extrait de J’ai envie de comprendre… Ma sexualité (femme), de Ellen Weigand, en collaboration avec le Dr Francesco Bianchi-Demicheli, Ed. Planète Santé, 2013.