Trouble de l’excitation: comment le reconnaître?
La définition moderne des troubles de l’excitation sexuelle féminine va au-delà des seuls critères de lubrification et vasodilatation. Globalement, il s’agit d’une difficulté persistante ou récurrente d’obtenir ou de maintenir une excitation sexuelle suffisante, provoquant un stress personnel. Cette difficulté peut se manifester par un manque d’excitation subjective ou un manque de réponses génitales (lubrification vaginale).
Un trouble, trois différentes formes
Le trouble de l’excitation peut se manifester sous trois formes distinctes. Tout d’abord, le trouble subjectif de l’excitation, caractérisé par une absence ou une diminution des sensations de plaisir lors d’une stimulation adéquate, mais avec une lubrification et une vasodilatation périphérique normales. Le corps réagit, mais la femme ne ressent pas la sensation ni le plaisir de l’excitation «dans sa tête».
Au contraire, dans le cas du trouble génital objectif de l’excitation, la femme ressent l’excitation dans sa tête et a du plaisir à l’activité sexuelle, mais son corps ne réagit pas. Finalement, la combinaison des deux formes citées entraîne chez la femme un ressenti du désir, mais ni son corps ni son mental ne parviennent à l’excitation, peu importent les stimulations sexuelles.
A relever que l’on peut également définir différentes manifestations des problèmes liés à l’excitation: d’abord le trouble primaire, lorsque la femme n’a jamais eu de réponse génitale locale (lubrification vaginale, etc.) suffisante. Ensuite le trouble secondaire, dans le cas où la femme vivait une excitation normale avant. Puis également le trouble situationnel, qui apparaît dans certaines situations seulement, par exemple avec certains partenaires. Et finalement le trouble généralisé, lorsque la femme souffre de ce trouble de manière constante, quelles que soient les circonstances et le partenaire.
Quand et qui consulter?
Quelle qu’en soit la cause, les femmes souffrant de problèmes d’excitation sexuelle se sentent souvent coupables et honteuses. De plus, elles peuvent craindre d’être quittées par leur partenaire. Ce qui peut arriver hélas dans bien des cas, lors que le couple ne consulte pas, ou trop tard. Pourtant, il est souvent possible de remédier à la difficulté en quelques semaines ou mois seulement.
Un trouble génital de l’excitation, avec une sécheresse vaginale, peut aussi provoquer des douleurs au niveau de la vulve (irritation de la peau) ainsi qu’à l’entrée et à l’intérieur du vagin non lubrifié, rendant la pénétration plus difficile. Survient alors une sorte de cercle vicieux: anticipant la douleur, la femme s’empêche de s’exciter au niveau génital et en l’absence de lubrification suffisante, elle risque effectivement d’avoir mal. Peur et douleur effectives peuvent induire encore un trouble subjectif de l’excitation, ôtant tout plaisir aux rapports sexuels. On comprend aisément qu’à la longue cela puisse aussi altérer le désir sexuel.
Il faudrait donc consulter lorsque les problèmes d’excitation sexuelle durent depuis un certain temps (plusieurs mois) et provoquent une souffrance personnelle de la femme, et/ou du partenaire et du couple. Dans un premier temps, une consultation chez son médecin de premier recours –généraliste, gynécologue– permettra de déterminer si l’origine du problème est physiologique ou psychologique. Le cas échéant, il pourra vous guider vers le spécialiste approprié selon les causes du trouble.
Causes et facteurs de risque
Le saviez-vous?
Le fait d’exercer une activité physique et de vivre ensemble des émotions très fortes, belles, émouvantes, voire dangereuses, par exemple lors d’une randonnée à la montagne, renforce le pouvoir d’excitation et la réponse physiologique dans le couple.
Il existe de nombreux facteurs de risque et causes des troubles de l’excitation, avec une prévalence scientifiquement reconnue pour certains d’entre eux. On distingue tout d’abord des facteurs organiques, comme les maladies cardiovasculaires, infectieuses (infections urinaires, vaginales) et chroniques. Les cancers et leurs traitements, ainsi que les angoisses et les effets secondaires liés à ces maladies sont également connus comme des facteurs pouvant altérer l’excitation.
Il existe aussi des troubles hormonaux, notamment une carence en œstrogènes, qui peuvent altérer la lubrification vaginale. Certaines opérations chirurgicales et la radiothérapie peuvent quant à elles endommager le système nerveux, avec des conséquences sur le ressenti subjectif de l’excitation. Des atteintes aux muscles et ligaments du plancher pelvien ou des mutilations génitales peuvent également générer un trouble.
Certains médicaments sont parfois à l’origine de fortes variations de l’excitation, comme les antidépresseurs notamment, qui provoquent parfois une diminution de l’excitation objective et subjective. Les pilules contraceptives œstroprogestatives peuvent aussi entraîner une sécheresse vaginale dans les premiers mois de leur prise.
De nombreux facteurs psychologiques peuvent aussi être à l’origine de troubles de l’excitation, par exemple des abus sexuels ou des négligences affectives durant l’enfance, des traumatismes durant la puberté, le stress, l’anxiété vis-à-vis du partenaire, une dépression, un manque d’estime de soi ou encore un bas niveau d’éducation sexuelle.
Cependant, les facteurs les plus fréquents restent relationnels. Les conflits de couple, le manque d’intimité, de confiance dans le partenaire, de communication au sein du couple au sujet des envies et besoins sexuels de chacun (fréquence des rapports, situations propices, pratiques et stimulations souhaitées, etc.), et des besoins du quotidien sont autant d’aspects qui peuvent avoir une influence sur l’excitation. Une bonne entente et surtout une bonne communication érotique sont donc très importantes pour prévenir ce type de trouble.
On notera finalement que d’autres troubles sexuels comme les troubles du désir et de l’orgasme accompagnent souvent les problèmes d’excitation.
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Extrait de J’ai envie de comprendre… Ma sexualité (femme), de Ellen Weigand, en collaboration avec le Dr Francesco Bianchi-Demicheli, Ed. Planète Santé, 2013.