Phimosis et autres petits problèmes chez le jeune garçon

Dernière mise à jour 12/06/24 | Article
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Lors du développement des organes génitaux des petits garçons, certains aspects sont à surveiller afin de s’assurer que tout se déroule normalement. Conseils et éclairages du Dr Enrico Brönnimann, chirurgien pédiatre spécialisé en urologie pédiatrique à Genève et Lausanne.

Hygiène intime et points à surveiller

  • Lors du bain du nourrisson, privilégier un savon doux pour laver délicatement le pénis et les testicules, en veillant à bien rincer pour éliminer tout résidu de savon.
  • Il est essentiel de ne jamais forcer le décalottage. Si le prépuce a été décalotté, il convient de le recalotter en douceur.
  • En cas de douleurs, d'apparence anormale de la peau, de difficultés à uriner ou de tout autre signe inhabituel, il est recommandé de consulter son pédiatre qui pourra si besoin adresser à un spécialiste.

Faut-il décalotter le nourrisson au moment du lavage? Voici l’une des questions que de nombreux parents de petits garçons se posent. «La réponse est non: il n’y a aucune urgence à repousser le prépuce, la peau qui recouvre le gland, pour la toilette», souligne le Dr Enrico Brönnimann, chirurgien pédiatre spécialisé en urologie pédiatrique à Genève et Lausanne. Le prépuce est généralement serré chez les nourrissons et il est tout à fait normal qu'il ne puisse pas être repoussé. Cette condition, connue sous le nom de phimosis physiologique, concerne la grande majorité des nourrissons. Dans certains cas, des adhérences entre le prépuce et le gland peuvent aussi empêcher le décalottage.

Forcer le décalottage est non seulement inutile, mais peut aussi créer des complications. «En forçant, on risque de causer des douleurs et même des microdéchirures pouvant conduire à une intervention chirurgicale, poursuit le spécialiste. Un autre risque est que le prépuce ne parvienne plus à se remettre en place, ce qui peut conduire à la formation d’un œdème qui doit être traité sans tarder par un médecin.»

Avec le temps, le prépuce s’élargit naturellement et les adhérences disparaissent, permettant un décalottage complet. Cela se passe en général pendant les premières années de vie. Néanmoins, dans certains cas, le phimosis peut devenir pathologique et provoquer des complications telles que des douleurs, des infections ou des difficultés à uriner. Sur avis médical, une crème à base de cortisone peut alors être appliquée au niveau du prépuce pendant plusieurs semaines afin d’assouplir la peau. «Dans la majorité des cas, le traitement suffit à faire disparaître le phimosis et à rendre le gland décalottable. Sinon, une intervention chirurgicale, telle qu’une circoncision ou une plastie du prépuce, peut être proposée», indique le médecin.

Surveiller sans se précipiter

Pour la plupart des jeunes patients, le meilleur conseil est néanmoins d’attendre que le prépuce finisse par s’assouplir et ne pas se précipiter sur un traitement. «Selon les recommandations de l'Association européenne d'urologie pédiatrique, il est conseillé de ne pas traiter le phimosis tant qu'il n'y a pas d'infection ni de douleurs. Tôt ou tard, le prépuce deviendra plus souple et élastique et le gland décalottable naturellement», note le Dr Brönnimann.

Néanmoins, si, à la puberté, le phimosis est toujours présent, et même s’il ne pose pas de problème à l’adolescent, un traitement est proposé. En effet, «si le phimosis n’a toujours pas disparu, il peut entraîner des problèmes lors des premiers rapports sexuels, tels que des douleurs ou un risque de déchirure», précise le spécialiste.

À noter que ces recommandations sont générales et peuvent varier en fonction de la situation. Chez certains enfants qui présentent des malformations des voies urinaires, il peut être judicieux de proposer une intervention plus précocement, afin de prévenir d'éventuelles infections. Les recommandations de traitement peuvent également varier selon la gravité du phimosis et de tout symptôme associé. Par conséquent, il est crucial de consulter son pédiatre pour évaluer chaque situation individuellement.

Des testicules bien en place

Autre point important à surveiller chez le petit garçon: la position des testicules. «La descente des testicules de l'abdomen vers les bourses se produit généralement avant la naissance, mais peut aussi intervenir un peu plus tard, jusqu'à l'âge de 6 mois en moyenne», explique le Dr Brönnimann.

Si après 6 mois un des testicules n’est pas descendu, il faut intervenir chirurgicalement et cela pour deux raisons principales. La première est qu’un testicule situé dans l’abdomen ne pourra pas fonctionner correctement, conduisant à une production de sperme et d’hormones perturbée. La deuxième raison est que le risque de développer un cancer des testicules pendant la vie est augmenté chez les patients dont les testicules ne sont pas descendus durant les premiers mois de vie. Ce risque passe alors d’environ 1 sur 400 à 1-2 sur 100. «Opérer le testicule ne réduit pas le risque de développer un cancer, mais le rend plus accessible pour une surveillance régulière. Par la suite, il sera important d'apprendre à l'adolescent à s'autopalper régulièrement, afin de détecter toute apparition soudaine d’une masse dure, qui peut être indolore», rappelle le médecin.

Le cas du testicule ascenseur

Dans certains cas, les parents peuvent observer que l'un des testicules, qui était descendu dans la bourse, n’y est plus à d’autres moments. C’est ce que l’on appelle un «testicule ascenseur». «Si cette situation se présente, le pédiatre procède à un examen des testicules pour évaluer s'ils remontent spontanément lorsqu'on les tire vers le bas ou s'ils restent dans les bourses pendant un certain temps. Si l’un des testicules remonte immédiatement, ou si l’examen n’est pas conclusif, le patient sera adressé à un chirurgien pédiatrique qui jugera de la nécessité d’une intervention chirurgicale. Dans le cas contraire, un suivi régulier sera recommandé, généralement tous les six mois», indique le Dr Brönnimann. À noter que le plus souvent, le «testicule ascenseur» finit par s’installer définitivement dans les bourses au moment de la puberté.

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Paru dans Planète Santé magazine N° 53 – Juin 2024