Des pistes pour mieux traiter les TOC

Dernière mise à jour 07/01/20 | Article
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Dans le cadre de leur programme «troubles anxieux», les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) développent de nouvelles thérapies pour les personnes souffrant de troubles obsessionnels compulsifs.

«Depuis deux ans, j’ai peu à peu développé un besoin incessant de m’assurer que ma porte était close. C’est paradoxal, car plus je la ferme, plus j’ai des angoisses. En dehors de cela, quand je marche dans la rue, j’ai peur des excréments. Je considère tout ce que je ramène chez moi, une paire de chaussures que je viens d’acheter par exemple, comme une source de salissures. Je ne peux même plus inviter mes parents à boire un café à la maison». Julia, 32 ans, souffre de troubles obsessionnels compulsifs (TOC). Comme leur nom l’indique, ces affections se traduisent par des obsessions. En d’autres termes, par «des pensées ou images mentales qui jaillissent dans l’esprit de manière récurrente et engendrent de l’anxiété», explique le Pr Guido Bondolfi, médecin-chef du Service de psychiatrie de liaison et d’intervention de crise des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). A ces angoisses, les personnes réagissent par des compulsions, qui sont «des rituels censés réduire leur anxiété». C’est ce que fait Julia quand elle retourne sur ses pas pour vérifier qu’elle a donné un tour de clé.

Thérapie par l’exposition

La jeune femme a d’abord pris des médicaments. «Ils m’ont fait grossir et ne m’ont pas aidée», dit-elle. Puis elle a suivi une thérapie cognitive et comportementale. «J’ai appris à mieux gérer certaines de mes angoisses. Mais je ne peux toujours pas acheter des chaussures, ni inviter mes proches chez moi. Mes médecins cherchent l’origine de ce qui me perturbe pour pouvoir s’y attaquer.» Pour traiter les patients souffrant de TOC, il est en effet «crucial de comprendre ce dont ils ont peur et les conséquences graves que leur obsession pourrait engendrer», souligne le Pr Guido Bondolfi.

D’ordinaire, la prise en charge commence généralement par une thérapie comportementale et cognitive. «On a recours à l’exposition avec prévention de la réponse. Si, par exemple, un patient ne veut pas toucher une table par crainte de s’infecter, on lui demande de le faire, en coupant à la racine son envie d’aller se laver les mains après, précise le Pr Guido Bondolfi. De cette manière, on crée une habituation à l’anxiété.» Quatre patients sur cinq répondent à cette psychothérapie. Toutefois, certaines personnes refusent ce traitement très contraignant. On leur propose alors de prendre des antidépresseurs à des doses supérieures à celles utilisées pour traiter la dépression. Des médicaments qui peuvent toutefois entraîner des effets secondaires.

Stimuler le cerveau

Il reste que «10 % des patients sont atteints de TOC sévères résistant à tous les traitements», constate Luc Mallet, professeur à l’Université de Genève et directeur de la Fondation Fondamental Suisse. Dans le cadre du programme «troubles anxieux» des HUG, ce dernier et ses collègues traitent certains de leurs patients à l’aide d’une tout autre approche: la stimulation cérébrale profonde. Elle consiste à implanter des électrodes qui délivrent dans le cerveau un courant électrique de faible intensité afin de modifier l’activité de ces zones profondes. Pour améliorer la compréhension des réseaux neuronaux impliqués dans le TOC, des recherches sont en cours à l’UNIGE, soutenues par la Fondation privée des HUG. Dans le cadre d’un programme européen, les psychiatres ont par ailleurs entrepris «de valider la stimulation cérébrale profonde et de vérifier que ses effets durent sur le long terme», précise le Dr Joao Flores Alves Dos Santos, médecin associé au Service de psychiatrie de liaison et d’intervention de crise des HUG.

Et pour les personnes ne répondant que partiellement aux traitements habituels? Pour les aider, les médecins des HUG développent de nouvelles technologies avec des objets connectés, des applications sur smartphone ou la réalité virtuelle dans l’idée «de concevoir des scénarios personnalisés, explique le Pr Luc Mallet. Filmées en 3D, ces scènes permettront au patient de s’exposer, à domicile, à l’objet de ses craintes». Pour l’instant, «cette approche a été expérimentée avec un seul patient», précise le Dr Joao Flores Alves Dos Santos. La recherche est donc encore très préliminaire, mais elle ouvre de nouveaux horizons. Julia pourra peut-être un jour en bénéficier.

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Article repris du site  pulsations.swiss

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