Nourrir la confiance en soi de son enfant
Pour vivre sereinement et nous accomplir dans ce que nous sommes, l’estime de soi et la confiance en soi sont des ingrédients essentiels. Mais comment les cultiver? Pour répondre à cette question, les experts des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) nous ramènent aux premiers temps de la vie. «L’estime de soi, c’est-à-dire la valeur consciente et inconsciente que l’on se donne à soi-même, se construit dans les relations très précoces», déclare la Dre Marie Schneider, psychiatre à l’Unité de guidance infantile des HUG. «Elle découle en partie du sentiment de sécurité interne que ressent le bébé dans le lien avec sa mère, pour autant qu’il ait reçu suffisamment de soins et de chaleur émotionnelle», complète le Dr Dante Trojan, psychiatre responsable de l’Unité ambulatoire péri-hospitalière des HUG. Car le bébé est programmé pour être en lien avec l’autre et va ainsi réguler ses affects en fonction des soins qu’il reçoit. Le regard de ses parents, mais aussi celui des proches, est primordial: «Je me sens beau dans tes yeux, parce que tu me vois beau», illustre le psychiatre.
Deux faces d’une même médaille
La vraie confiance en soi découle d’une bonne estime de soi. Elle est l’affirmation de soi, autrement dit la mise à l’épreuve, dans la réalité, de son estime de soi. «L’une et l’autre sont les deux faces d’une même médaille», explique le Dr Trojan. Ce sentiment de confiance s’exprime dans la capacité à agir, à surmonter les obstacles sans avoir trop peur de l’échec. Les succès augmentent ce sentiment d’auto-capacité. Mais il ne faut pas toujours se fier aux apparences. Un excès de confiance et l’affichage de certitudes ne sont souvent que des tentatives pour réparer une mauvaise estime de soi, tel un mécanisme de défense.
La perception que l’on a de soi-même dépend beaucoup de l’image que nos parents nous ont renvoyée et de ce qu’on a intériorisé. Ainsi, «plus l’idéal que l’on croit devoir atteindre est élevé, moins on a des chances d’y parvenir, ce qui conduit à une mauvaise estime de soi», relève la Dre Schneider. En effet, «un regard jugeant et sévère sur l’enfant diminue son sentiment de sécurité et de valeur», ajoute le Dr Trojan. De même que la négation de ses besoins, la répétition d’expériences désagréables sans possibilité de les partager, ainsi que la survenue d’événements traumatiques. Ainsi, il faut être particulièrement attentif et réagir si l’enfant est triste, s’il se renferme et s’isole, se dévalorise ou montre une intolérance à l’échec. En cas d’inquiétude ou de questions, il vaut la peine de consulter un psychothérapeute, ne serait-ce que pour «dénouer un nœud psychique», selon les termes de la Dre Schneider. L’intervention d’un tiers ou un changement dans l’environnement de l’enfant peuvent modifier le regard qu’il porte sur lui. Temporiser les échecs, valoriser les réussites et lui montrer que les erreurs sont utiles l’aideront dans sa construction.
Valoriser son enfant, mode d’emploi
Comment s’y prendre avec son enfant? Il convient de «lui donner une vraie place, apprendre à le connaître et le considérer comme un individu à part entière, reconnaître ses émotions, nommer son ressenti et accorder de l’importance à sa parole tout en maintenant un cadre et des limites claires». Pour le Dr Trojan, il s’agit d’avoir des attentes et des exigences à l’égard de son enfant, mais sans être trop coercitif. Le soutenir, l’aider à progresser, sans toutefois le surprotéger, au risque de valider ses peurs. Dans un rythme de vie effréné, s’octroyer simplement de vrais moments relationnels avec lui compte beaucoup.
Tout n’est pas joué d’avance
L’entourage aussi joue un rôle. La vie offre heureusement des possibilités de gagner de la confiance. Des expériences positives et des rencontres réussies avec des figures parentales, des professeurs, des pairs, durant l’enfance mais aussi plus tard dans sa vie privée et professionnelle, etc., vont nourrir ce sentiment de valeur. Et c’est d’autant plus réjouissant qu’avoir une bonne estime de soi est un bagage protecteur pour traverser avec quiétude les contraintes et les difficultés de la vie. «Cela nous aide à faire la part des choses, à diminuer le sentiment de culpabilité ou d’incompétence en cas d’échec, et à se sentir globalement plus serein et moins menacé», conclut la Dre Schneider.
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Article repris du site pulsations.swiss