Mieux faire face aux défis de l’existence

Dernière mise à jour 11/12/19 | Article
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Face aux difficultés, comment faire pour résister et avoir du plaisir malgré tout? Les solutions ne manquent pas, à chacun néanmoins de trouver les siennes.

La vie n’est pas un long fleuve tranquille. Un jour ou l’autre, nous sommes tous confrontés à des événements de vie stressants, comme peuvent l’être le deuil d’un proche, une rupture amoureuse, la maladie, un accident ou la perte d’un emploi, pour ne prendre que quelques exemples. Comment faire face aux défis de l’existence et éviter de sombrer lorsque les malheurs frappent à notre porte? C’est peut-être, pour commencer, une question de posture ou de croyances fondamentales, diront certaines théories en psychologie. Penser que l’on a de la valeur, autrement dit, avoir une bonne estime de soi, aide à mieux aborder les difficultés de la vie. Être doté d’un optimisme forcené qui nous porte à croire que demain est un autre jour et que toutes les difficultés peuvent être surmontées, aussi. On se sent également plus fort lorsqu’on est convaincu qu’on peut agir, qu’on a le contrôle sur soi et sur son environnement. De même, penser que le monde est bienveillant et que, comme nous l’avons appris enfant, de bonnes choses arrivent si l’on se comporte bien. Lorsque l’une de ces croyances est mise à mal, il faut avant tout trouver des moyens de les rétablir.

Les ressources externes

Le divorce, et après?

Au sein du Pôle de Recherche National LIVES, des chercheurs se sont intéressés spécifiquement à la perte du partenaire, notamment après un divorce, pour savoir quelles étaient les ressources qui étaient d’une plus grande aide dans cette situation. La réponse à cette question est d’abord liée à la temporalité, comme l’explique Daniela Jopp, professeure à l’institut de psychologie de l’Université de Lausanne et chercheuse à LIVES: «L’importance des ressources activées n’est pas forcément la même dans les deux ans qui suivent la séparation et plus tard.» La personnalité joue dans un premier temps un rôle majeur, les personnes extraverties et ouvertes aux autres souffrant alors moins de solitude. Se sentir en bonne santé, avoir un nouveau partenaire et suffisamment de ressources financières dans les deux années qui suivent sont des facteurs protecteurs. Dans un deuxième temps, une fois que la personne a dépassé le stress immédiat de la séparation, d’autres aspects prennent de l’importance. Le sentiment de continuité dans son identité et l’appartenance à différents groupes sociaux augmentent le bien-être et diminuent le sentiment de solitude.

Quand les ressources internes manquent, il peut être sage de se tourner vers l’extérieur. Car notre capacité à surmonter les épreuves dépend aussi de notre environnement. «Une politique sociale soutenante et un système de santé efficace sont des vrais filets de sécurité», souligne le Pr Dario Spini, directeur du Pôle de Recherche National LIVES, qui s’intéresse aux trajectoires de vie et de vulnérabilité. Aussi, selon ce que l’on a à soigner ou à réparer, les ressources matérielles peuvent, quoi qu’on en dise, aider dans certaines situations. Mais le facteur humain joue évidemment un rôle fondamental. De plus en plus d’études montrent l’importance des relations sociales non seulement pour le bien-être psychique mais aussi pour la santé physique. Le fait d’être entouré et d’avoir des proches à qui se confier est une source de réconfort importante lorsque les difficultés surgissent. L’appartenance à des groupes, ce que des chercheurs australiens nomment les «cures sociales», est, elle aussi, un multiplicateur de ressources. Avoir la possibilité d’évoluer dans des espaces neutres, où l’on partage des intérêts ou des activités avec d’autres, et plus spécifiquement où l’on réussit ce que l’on entreprend, est aussi d’une grande aide. Chanter, danser, faire du théâtre, du sport, méditer, etc., à chacun de trouver ce qui lui convient le mieux. L’essentiel étant de pouvoir se laisser aller, et perdre momentanément la conscience de soi, de diluer en quelque sorte son identité. En s’adonnant à une activité que l’on aime, on peut reprendre le contrôle sur soi et rétablir, en partie, ces fameuses croyances abîmées. Avoir un sentiment de contrôle et un retour positif sur ce qu’on fait alimente déjà la croyance que cela va nous faire du bien, et donc participe à notre mieux-être. De plus, estime le Pr Spini, «ce sont généralement des lieux bienveillants, où l’on ne risque rien, et où on est valorisé».

Souvent décriés, les jeux vidéo peuvent, dans certaines situations, avoir des vertus, poursuit le spécialiste: « Ce sont des sortes de bulles où l’on se sent sécure et où l’on ne prend pas de risque. On fait quelque chose qu’on contrôle, et on gagne de temps en temps.» Dans un contexte où tout nous échappe, entrer dans la peau d’un personnage virtuel qui évolue dans des mondes imaginaires semés d’obstacles divers, peuplés d’ennemis ou de monstres de toutes sortes, permet de mettre son propre monde sur pause. La culture en général est un bon moyen de s’évader, d’accéder à d’autres modes de faire et de voir le monde, au travers de personnages de fiction, par exemple.

Dans la vraie vie, à moins d’une passion sans borne ou d’un don extraordinaire, il vaut mieux ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Ainsi, avoir des intérêts diversifiés et s’investir dans les différents pans de sa vie (travail, couple, famille) plutôt que de ne miser que sur un seul peut s’avérer protecteur: «Avoir plusieurs identités sociales aide à rebondir plus facilement en cas de rupture», assure le Pr Spini. Enfin, lorsque tout ce que l’on met en place ne suffit pas à garder la tête hors de l’eau et que l’on peine à fonctionner au quotidien, se faire aider par un professionnel n’est pas un luxe (lire encadré).

Un psy pour moi?

Trouver de l’écoute, du soutien, des conseils et un regard extérieur sur nos difficultés: voilà tout l’intérêt de recourir à un psychothérapeute. Les thérapies cognitives et comportementales, qui rencontrent un certain succès, sont un bon levier d’action, commente le Pr Dario Spini, directeur du Pôle de Recherche National LIVES: «Travailler sur nos croyances profondes permet de retrouver un sentiment de contrôle, notamment en changeant notre comportement et nos référents de situation.» C’est d’autant plus aidant lorsqu’on est face à une situation que l’on ne peut pas changer. Les distorsions cognitives, qui entretiennent les pensées et les émotions négatives, empêchent bien souvent d’avancer et de faire face. Ce sont, par exemple: penser de façon dichotomique et sans nuance (vision «tout ou rien» ou «noir ou blanc»), avoir tendance à généraliser à outrance sur la base d’un événement négatif ou d’un échec, s’attarder uniquement sur les aspects négatifs d’une situation, dramatiser ou au contraire minimiser nos réussites, tirer des conclusions hâtives (souvent négatives) à partir de peu d’évidence ou se penser, à tort, responsable de ce qui arrive de malheureux. Selon les besoins, on s’adressera à un psychologue ou à un psychiatre, l’important étant de trouver le thérapeute qui nous convient.

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Paru dans le Quotidien de La Côte le 04/12/2019.

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