«Hyperactivité» et TDAH: le rôle apaisant du sommeil

Dernière mise à jour 26/03/15 | Article
«Hyperactivité» et TDAH: le rôle apaisant du sommeil
Des chercheurs australiens mettent en lumière les bénéfices du repos nocturne chez les enfants et les adolescents souffrant des troubles de l’attention.

Bien que très médiatisé, le «trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité» (TDAH) demeure une entité mal connue. C’est aussi une pathologie qui concerne au premier chef l’entourage des jeunes affectés par ce trouble qui touche des enfants et des adolescents souffrant au quotidien et qui font dans le même temps souffrir leurs proches. En France, la Haute Autorité de Santé (HAS) a récemment publié une série de recommandations pratiques afin d'aider les médecins de premier recours à savoir réagir, établir un pré-diagnostic et accompagner les enfants et adolescents concernés ainsi que leur famille(1).

Souffrance durable

Que faut-il savoir sur ce trouble? Trop souvent le TDAH est réduit à l’expression «hyperactivité», laissant entendre qu’il ne s’agit ici que d’enfants «agités» ou «turbulents». Il s’agit au contraire d’un trouble qui associe trois symptômes majeurs dont l’intensité et les manifestations varient selon la personne: le déficit de l'attention, l'hyperactivité motrice et l'impulsivité.

«Ces symptômes peuvent constituer des traits de caractère habituels chez l'enfant ou des signes réactionnels à un contexte particulier, une période de transition, résume la HAS.C'est uniquement lorsque ces symptômes deviennent un handicap pour l’enfant –que ce soit dans son apprentissage scolaire, ses relations sociales, sa vie quotidienne– et provoquent une souffrance durable qu'il pourra s'agir d'un TDAH et qu'une prise en charge pourra être envisagée.»

Pas de diagnostic biologique

Il faut ajouter qu’il n’existe pas de signes neurologiques ou biologiques propres à ce trouble. L’expression du TDAH est en outre variable d’un individu à l’autre: les trois symptômes vont se manifester de manière très différente selon l’âge et parfois selon le contexte de vie. Ils peuvent en outre être semblables à ceux d’autres troubles: troubles des apprentissages, du comportement, de la précocité intellectuelle, troubles anxieux, de la dépression, de la maltraitance, troubles du spectre autistique…

Sans méconnaître le rôle de repérage que doit jouer le médecin généraliste, la HAS souligne que la suite (confirmation du diagnostic et traitement) est du ressort d’un professionnel ayant acquis une compétence dans le diagnostic et la prise en charge de ce trouble. Il peut s’agir d’un médecin psychiatre, d’un pédopsychiatre, d’un pédiatre, d’un neuro-pédiatre ou d’un neurologue.

«Une fois le diagnostic posé la prise en charge doit être globale et adaptée aux symptômes de l’enfant et à leur sévérité, estime la HAS. En première intention, une prise en charge non médicamenteuse doit être mise en œuvre, combinant en fonction des besoins de l’enfant des mesures psychologiques, éducatives et sociales. Si ces mesures sont insuffisantes, un traitement médicamenteux peut être initié.» Un seul médicament est indiqué à ce jour dans la prise en charge du TDAH: le méthylphénidate commercialisé sous différents noms (Ritaline®, Concerta® ou Quasym®).

Rôle du sommeil

Des chercheurs australiens ont publié dans le British Medical Journal(2) les résultats d’une étude mettant en lumière l’importance du sommeil dans la prise en charge des enfants et des adolescents souffrant d’un TDAH. Dirigés par la Pr Frank Oberklaid, les chercheurs du Royal Children’s Hospital de Parkville et de l’Université de Melbourne ont mené un essai comparatif auprès de 244 enfants âgés de 5 à 12 ans, tous atteints de TDAH. Ces enfants ont été répartis en deux groupes.

Les premiers bénéficiaient d’une intervention menée par des psychologues ou des pédiatres portant sur les pratiques d’hygiène du sommeil (avec deux consultations mensuelles et un suivi téléphonique). Les seconds («enfants témoins») ont bénéficié du suivi habituel (soins standards). Les principaux critères de l’étude étaient (à 3 puis à 6 mois) la gravité des symptômes, des troubles du sommeil, du comportement, de la qualité de vie, du fonctionnement «au quotidien», de la mémoire de travail et des niveaux de stress.

Au total l’action sur le sommeil s’avère efficace, marquée notamment par une réduction significativement plus importante des symptômes du TDAH à trois et à six mois et une amélioration de la qualité de sommeil. A trois mois 30% des enfants du groupe intervention présentaient encore des troubles modérés à sévères du sommeil (à comparer au 56% du groupe témoin). Les chercheurs australiens estiment que le tiers voire la moitié de l'effet bénéfique de l'intervention sur les symptômes du TDAH est ici obtenu par l’amélioration du sommeil. Les enseignants des enfants du groupe d’intervention signalent une amélioration également plus significative du comportement à l’école et de la mémoire de travail.

En conclusion une intervention courte visant, grâce à des techniques comportementales, à restaurer une meilleure qualité de sommeil chez l’enfant hyperactif peut réduire de manière significative la sévérité des symptômes du TDAH. Et la plupart des bénéfices obtenus semblent pouvoir perdurer au-delà d’une période de six mois.

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1 Les recommandations de la HAS peuvent être consultées ici et ici.

2 L’étude complète (en anglais) du BMJ est disponible ici.

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