Tous égaux face à l’anxiété?
Pénible, parfois très intense, la peur est indispensable à notre survie. Elle est notre amie quand elle nous permet de prendre conscience d’une menace et de réagir immédiatement. Mais elle peut se transformer en ennemie dès le moment où elle se manifeste sans raison valable. Devenu inefficace, le système de défense en fait alors clairement trop et ouvre la porte aux maladies de la peur que sont les troubles anxieux.
Vrai danger ou fausse alerte?
Afin d’éviter les alertes intempestives, notre système de défense est capable de se réguler tout seul en opérant un tri, en quelques fractions de seconde, entre vraies et fausses menaces. Imaginez la scène: au cours d’une promenade, vous êtes soudainement tendu, paralysé face à une forme par terre qui évoque fortement celle d’un serpent… Très vite, votre comparateur interne vous informe que, vérification faite, cette silhouette est un bout de bois verdâtre inoffensif. Fin de l’alarme et soulagement garanti.
Hélas, le circuit de la peur connaît des ratés, engendrant chez les personnes prédisposées des fausses alertes épuisantes. Le cerveau, vigie habituellement fiable, réagit fortement face à des dangers mineurs ou peu probables. Et à force d’associer une alerte à un danger surestimé, il finit par créer des peurs imaginaires. Trouble panique, phobies, TOC, anxiété généralisée… le problème peut prendre beaucoup de formes et touche près d’une personne sur cinq.
Pourquoi moi?
Il est très probable que certains gènes soient à l’origine de la sensibilité aux troubles anxieux. Cependant, la génétique constitue davantage un terrain favorable à la maladie qu’une cause. C’est pourquoi on parle plutôt de prédisposition ou de vulnérabilité génétique face aux situations de stress et aux événements de vie difficiles Toutefois, la transmission d’une génération à l’autre de certains traits du caractère anxieux est une piste qui se confirme. Ainsi, des aspects de la personnalité anxieuse du père ou de la mère peuvent se retrouver chez les enfants. Un modèle parental inquiet donnant des informations négatives («Fais attention quand tu sors, dehors il y a des gens dangereux») augmente lui aussi le risque de transmission de traits de personnalité anxieux d’une génération à l’autre.
D’autre part, les troubles anxieux sont davantage présents chez les personnes divorcées ou séparées, les individus veufs, vivant seuls ou sans enfants, chômeurs ou inactifs, à revenus faibles, ou encore établis en milieu urbain. Les événements de vie traumatisants (maladie ou perte d’un être cher, séparation affective précoce, accident, agression, etc.) ou jugés comme négatifs font grimper également le risque de développer un trouble anxieux.
Mais attention: tous ces facteurs de risque ne doivent pas faire oublier que l’anxiété pathologique peut concerner absolument tout le monde. A l’instar de la dépression, on peut être «heureusement» marié, vivre dans un environnement social privilégié et souffrir tout de même d’un trouble anxieux.
Femmes et enfants plus vulnérables
La plupart de ces troubles apparaissent pendant l’enfance, l’adolescence et le début de l’âge adulte. Ce sont les maladies psychiques les plus fréquentes chez les jeunes (jusqu’à 8% des 13 à 18 ans) et celles dont l’apparition est la plus précoce. Chez les plus petits, on peut voir l’anxiété comme un prolongement pathologique des peurs normales qui surviennent à différentes étapes du développement infantile (peur de l’inconnu, du noir, de la séparation).
Malgré ces chiffres, les problèmes anxieux restent sous-estimés chez les jeunes contrairement aux troubles du comportement. En conséquence, de nombreux enfants ne sont jamais diagnostiqués et ne reçoivent donc aucun traitement.
Le pic de prévalence des troubles anxieux se situe entre 25 et 44 ans. Les femmes sont plus de deux fois plus touchées que les hommes, à l’exception toutefois des troubles obsessionnels compulsifs et de la phobie sociale où les deux sexes sont presque à égalité. Ce lourd tribut payé par les femmes n’a pour l’instant pas d’explication unique. On évoque cependant un rapport aux émotions plus sensible et une plus grande attention au corps. En outre, les attentes et les normes sociales font qu’il est probablement plus facile pour une femme d’exprimer un malaise psychique –assimilé à un «signe de faiblesse»– que pour un homme. Et pourtant, nommer le trouble anxieux permet de mettre en place un plan de traitement adapté et de prévenir le risque de chronicisation
À SAVOIR… Quand faut-il consulter ?
Pris isolément ou à petites doses, les symptômes anxieux ne sont pas inquiétants. Tout est une question d’intensité. En présence d’anxiété excessive persistante associée à des comportements d’évitement, il y a de fortes chances pour que le fonctionnement social ou affectif soit perturbé. Dès le moment où la souffrance est telle qu’elle empêche de vivre et de travailler normalement, il est conseillé de consulter. Sans une prise en charge adéquate, ces symptômes peuvent conduire à une chronicité et à une dépression.
Consultez si l’anxiété…
→ a des répercussions importantes sur la vie sociale, affective, familiale ou professionnelle;
→ entraîne une réduction de l’espace de liberté (sortir, utiliser les transports publics, participer à des activités sociales…);
→ s’accompagne d’idées noires;
→ commence à faire souffrir les proches.
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Références:
- Adapté de J’ai envie de comprendre… L’anxiété et les troubles anxieux, de Suzy Soumaille avec le Pr Guido Bondolfi, Ed. Planète Santé, 2015.
- Paru dans le supplément "Votre santé" du Quotidien de La Côte, novembre 2016.
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Anxiété
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