L’effet paradoxal du stress

Dernière mise à jour 10/11/16 | Article
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Parfois bénéfique, parfois délétère, le stress conditionne nos capacités de mémorisation. Un équilibre fragile qui, une fois rompu, peut tout faire basculer.

Essentiel à notre survie, le stress nous permet de nous adapter à un environnement parfois exigeant ou éprouvant. Grâce à un cortège de réactions physiologiques, il accroît nos performances face à une échéance, aiguise notre vigilance dans des situations de menace ou encore accélère notre fuite en cas de danger. Décuplant, en fonction des circonstances, la force de nos muscles ou la réactivité de nos neurones, le stress conditionne aussi notre mémoire.

Un état de vigilance dans un climat calme, saupoudré d’un soupçon de stress pour stimuler notre cerveau… telle est la situation idéale qui permettra à notre mémoire de bien fonctionner. Car, grâce à la stimulation fournie par cette pointe de stress, notre attention sera meilleure, tout comme l’ancrage des informations dans nos souvenirs. Seulement, de stimulant et bénéfique dans des proportions raisonnables, le stress peut basculer vers une influence délétère.

Mémoire chamboulée

Imaginez la scène: assis face à votre télévision, vous regardez les résultats de la loterie, quand, l’un après l’autre, vos numéros s’affichent, jusqu’à calquer à l’identique la combinaison de votre ticket. Sans aucun doute, une émotion vertigineuse va vous étreindre et vous propulser dans un état de «saturation émotionnelle», déclenchant des réponses intenses du système nerveux dit «végétatif»: accélération du cœur, pic de pression artérielle, etc. Cet envahissement de réponses émotionnelles et hormonales est assimilable à un stress majeur, même si la nouvelle est prodigieusement bonne.

Qu’en est-il de la mémoire dans ce tourbillon? Elle est comme sur un ballon rebondissant, elle aussi! Conséquence: il est très probable que tout ce qui vous sera dit pendant ces minutes d’excitation s’envolera aussitôt, et il faudra vous répéter les choses plusieurs fois pour que vous les reteniez vraiment, une fois la vague d’émotion retombée.

Trop-plein d’émotions

Lors d’une bouffée de stress, notre mémoire est en proie à deux phénomènes. D’un côté, elle est débordée par le flux d’hormones secrétées par les glandes endocrines (adrénaline et cortisol en tête). De l’autre, elle voit un rapport de force éclater entre l’amygdale, centre de la peur et des émotions fortes, et l’hippocampe, l’enregistreur de nos souvenirs. Très proches l’une de l’autre dans les profondeurs du cerveau, ces deux structures s’influencent mutuellement. Et, quand l’amygdale génère un flot d’émotions fortes, son activité déborde jusqu’à inhiber l’hippocampe. Alors, les performances de la mémoire s’effondrent. Elle ne parvient à faire qu’un enregistrement très parcellaire et peu fiable des faits vécus sur le moment, et a le plus grand mal à retrouver les faits déjà enregistrés. C’est alors le trou noir, l’absence totale de souvenirs. Mais, à l’inverse, ceux-ci peuvent aussi devenir trop présents et leur réminiscence d’une violence pathologique. Une situation qui se rencontre lors de stress post-traumatique.

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Paru dans Générations, Hors-série «Tout savoir sur notre mémoire», Novembre 2016.