Retraite: et si on y pensait déjà?
1. Faire ses calculs
L’aspect financier est indéniablement l’une des pierres angulaires du projet de retraite. Si certains rêvent d’une retraite anticipée ou multiplient les projets de voyages au bout du monde, le passage par la case «calcul», quelques années avant de souffler ses 64 ou 65 ans, est incontournable. «À la retraite, les revenus diminuent et il faut s’y préparer pour éviter un trop grand décalage entre ce que l’on imagine et la réalité financière qui va rapidement s’imposer d’elle-même», alerte Joël Goldstein, directeur de Pro Senectute Genève. Taux de conversion, charges, biens immobiliers, hypothèque, épargne: un vaste ensemble de données personnelles à évaluer, idéalement avec l’aide d’un ou d’une experte.
2.Aménager son (nouveau) temps
Parmi les adresses utiles pour préparer sa retraite:
- Pro Senectute: www.prosenectute.ch
- AvantAge: www.avantage.ch
Comment passer d’une vie professionnelle active, voire «sur-active», à tout ce temps soudain «libre» qui surgit à la retraite? «Bien sûr, les situations varient selon la vie que l’on menait avant la retraite et le temps libre dont on disposait déjà, souligne Marion Repetti, professeure HES ordinaire et responsable de l'Institut Travail social à la HES-SO Valais-Wallis. Mais dans tous les cas, il est important de penser ce nouvel "espace-temps", qui peut être tout aussi appréciable que vertigineux s’il s’impose brutalement à nous.» Là encore, se faire aider ou participer à des séances d’information peut être salutaire pour anticiper certains défis inédits et découvrir des associations ou activités qui pourraient nous intéresser.
3. Repenser sa vie de couple
Départ à la retraite en décalé si les partenaires ont une certaine différence d’âge, omniprésence à la maison de celui ou celle qui n’y restait auparavant qu’un temps restreint en raison de son activité professionnelle: le quotidien d’un couple peut être révolutionné par un passage à la retraite. D’où l’importance de «renégociations»: «L’enjeu est de pouvoir distinguer des espaces et des temps "ensemble" et d’en organiser d’autres à soi. Ces derniers ont parfois été durement acquis, il est important de les préserver pour ne pas s’oublier soi-même dans cette nouvelle étape de vie», indique Joël Goldstein.
4. Savoir dire non
Ce temps libre qui soudain apparaît peut attirer de nombreuses sollicitations, pour le meilleur… mais pas seulement. «Famille, voisins, milieu associatif: les demandes peuvent rapidement venir de toutes parts et être sans fin, prévient Marion Repetti. Certains retraités se retrouvent en réelle surcharge entre les petits-enfants à garder, leurs tâches au sein d’une association, les demandes d’aide de leurs proches, voire de leurs propres parents, et ils s’épuisent.» La recette est bien sûr individuelle, mais préserver du temps pour soi et s’écouter reste primordial.
5. Garder une vie sociale
C’est un défi individuel, familial et sociétal considérable: faire que l’âge et le passage à la retraite ne riment pas avec solitude profonde. Car les liens à maintenir ou à créer ne vont pas de soi: souvent les anciennes relations professionnelles s’estompent, les proches s’éloignent, les enfants ou petits-enfants mènent leur propre vie… «Et puis il y a les difficultés liées à l’âge: les problèmes de vision, de surdité, de mobilité, de cognition parfois, isolent eux-mêmes. Et pourtant, ces liens sociaux, humains, avec des personnes plus jeunes comme avec ses pairs, sont tout simplement vitaux, à tout âge», ajoute Joël Goldstein. La solution? «Elle est complexe car certaines difficultés, comme la santé ou l’éloignement, constituent des obstacles majeurs, admet le spécialiste. Chacun, qu’il soit lui-même âgé ou proche aidant, peut s’interroger sur ce qu’il peut entreprendre, améliorer, demander. Mais les leviers reposent bien sûr aussi sur les structures d’aide à domicile, les associations de soutien aux proches aidants, etc.»
6. Prendre soin de son corps…
«Plus on s’en occupe, on le nourrit sainement, on le mobilise et moins notre corps nous fera souffrir», résume Joël Goldstein. Place à la marche, aux activités physiques douces ou plus toniques, si possible tous les jours! Un antidote précieux aux affres du temps et, plus concrètement encore, aux maladies cardiovasculaires, à l’hypertension artérielle et même à l’anxiété. «On s’imagine qu’avec le temps, les soucis s’estompent et qu’on va s’apaiser… c’est tout le contraire, insiste l’expert. Sans stimulation, physique et mentale, l’anxiété peut prendre une place colossale.»
7. Se préparer avec bienveillance
Après une vie de labeur, on a bien sûr le droit de souffler, de se dire que l’on a bien mérité une vraie pause. Mais la frontière peut être mince entre repos salutaire et impression qu’un vide abyssal s’installe. «La retraite peut évidemment présenter de nombreux avantages, mais elle comporte une question clé, à sa poser en amont du jour J: comment vais-je m’occuper des autres et comment de moi?», interroge Marion Repetti. À méditer, dès maintenant…
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Paru dans Générations, Hors-série «Comment rebondir… dans son corps, dans sa tête, dans son couple, dans sa famille, dans sa vie», Octobre 2022.