Personnes âgées: il n'est jamais trop tard pour se bouger

Dernière mise à jour 21/01/14 | Article
Personnes âgées: il n'est jamais trop tard pour se bouger
Même après des décennies d'inactivité, se mettre tardivement à faire du sport peut apporter un gain considérable si l'on veut «vieillir en bonne santé». Les 3500 sujets britanniques qui ont été suivis durant huit ans à l'occasion de l'étude originale que publie le «British Journal of Sports Medicine» en ont apporté la preuve convaincante.

On l'aura assez répété: le fait de conserver une activité physique tout au long de son existence contribue à réduire sensiblement les soucis de santé associés au vieillissement. Et plus on s'en préoccupe tôt, plus on retarde la survenue de nombreuses maladies ainsi que de divers handicaps liés à l'âge. Il est en effet désormais avéré que l'absence d'activité physique, au même titre que l'alcool, le tabagisme, ou l'obésité, fait partie des facteurs susceptibles de réduire ce qu'il est coutume d'appeler notre espérance de vie en bonne santé.

Mais serait-il inutile, à partir d'un certain âge, de se mettre enfin à pratiquer une activité physique régulière? En l'absence d'une réponse claire validée par une étude scientifique sérieuse, une équipe de spécialistes britanniques et canadiens en épidémiologie et santé publique s'est dit qu'il pourrait être utile de le vérifier.

Les chercheurs ont choisi ainsi de s'appuyer sur la vaste étude de cohorte anglaise ELSA, qui suit en continu le vieillissement d'une population britannique née avant fin février 1952. Ils se sont concentrés sur les données récoltées entre 1998 et 2001 par l'étude «Health Survey for England» (HSE). Leur but était double: d'une part relever l'éventuel changement d'attitude de ces individus face à une activité physique régulière, et d'autre part évaluer la proportion d'entre eux qui avait conservé une bonne santé au cours des années.

Suivis durant huit ans

Dans un premier temps, entre 2002 et 2003, les chercheurs ont contacté les 11 391 individus, hommes et femmes, inclus dans le groupe de départ, dont environ 70% ont répondu aux questions des investigateurs. Les mêmes questions ont ensuite été posées régulièrement tous les deux ans, jusqu'en 2010-2011, soit durant huit ans.

Dans l'intervalle, plus d'une centaine de participants avaient été admis dans une institution pour personnes âgées, certains avaient quitté le Royaume-Uni, et plus de 2100 étaient décédés. En retranchant encore ceux qui s'étaient révélés être déjà malades au lancement de l'étude (plus de 1100) et ceux pour lesquels les données étaient devenues inutilisables, l'échantillon final des participants encore en vie s'était réduit à 3454 individus, dont 42,5% d'hommes.

Sur ce groupe résiduel tout de même important, constitué de personnes âgées de 55 à 73 ans, près d'un participant sur cinq (précisément 19,3%) avait été épargné par une maladie chronique majeure ou par d'autres affections physiques ou mentales, et pouvait donc être considéré comme «vieillissant en bonne santé»!

En revanche, 38% avaient développé une maladie chronique au cours de ces huit années, 17% étaient devenus dépressifs, 32% avaient été frappés d'une invalidité, 19% présentaient des troubles de la fonction cognitive et pour 18% d'entre eux la démarche était devenue hésitante. Tous ces critères faisaient évidemment l'objet d'une évaluation médicale ou psychologique rigoureuse, grâce à des mesures cliniques objectives ou à des tests neuropsychologiques reconnus.

Du pantouflard au sportif

Il devenait donc intéressant de comparer ces résultats aux différents niveaux d'activité physique déployée par les participants. Et particulièrement à leur éventuel changement d'attitude face aux exercices physiques. Pour cela, les chercheurs ont d'abord pris en compte ce qu’avaient spontanément déclaré les participants au début de l'étude. Plusieurs catégories avaient ainsi été dégagées: ceux qui disaient se livrer à une activité physique plus d'une fois par semaine, ceux qui limitaient leurs efforts à une fois par semaine, ceux qui étaient actifs encore moins souvent (d’une à trois fois par mois), enfin ceux qui ne pratiquaient presque jamais une activité physique quelconque.

Deux ans, quatre ans, et six ans plus tard, cette information était validée ou infirmée. Si bien que quatre groupes ont finalement été définis. Ceux qui étaient toujours restés passifs, représentant 8,9% des sujets. Ceux qui avaient peu à peu abandonné leurs bonnes habitudes et étaient devenus physiquement inactifs (11,9%). Ceux qui au contraire s'étaient mis tardivement à pratiquer une activité physique, ce groupe représentant 9% des participants. Et enfin ceux qui avaient toujours été actifs, exerçant une activité physique modérée ou importante au moins une fois par semaine, et qui constituaient la majorité, avec 70,1%.

Se secouer après 55 ans

En croisant ces diverses valeurs (activité physique et état de santé au terme des huit années de suivi), les chercheurs britanniques et canadiens confirment tout d'abord clairement l'intérêt d'une activité physique régulière, souvent considérée comme le principal facteur du mode de vie susceptible de permettre un vieillissement sans soucis de santé. En effet, les sujets qui s'adonnaient dès le départ à une activité physique qualifiée d'importante (plus d'une fois par semaine) se sont révélés de 3 à 6 fois plus nombreux à avoir «vieilli en bonne santé» que les sujets inactifs au début de l'étude.

Mieux, et plus original: le changement d'activité physique, même après des décennies d'inactivité, s'est révélé avoir une influence non négligeable. En effet, alors que ceux qui avaient progressivement abandonné l'activité physique qu'ils pratiquaient au début semblaient conserver malgré tout un petit avantage par rapport à ceux qui étaient restés passifs, les individus qui s'étaient mis à bouger après 55 ans avaient en moyenne près de 4 fois plus de chances de vieillir en forme!

Ce qui frappe surtout, soulignent les auteurs de l'article dans Sports Medicine, c'est la proportionnalité entre le niveau d'activité physique et le gain – en termes de santé global e– retiré après huit ans d'étude. Car les sujets qui n'ont cessé d'être physiquement actifs finissent l'étude avec 9,5 fois plus de chances de conserver la forme que les sujets passifs, et même 7,7 fois après ajustement dû aux facteurs potentiellement confondants (âge, sexe, tabagisme, alcool, et statut matrimonial).

Comme quoi, là encore, il n'est jamais trop tard pour bien faire…

Référence

«Taking up physical activity in later life and healthy ageing», Drs Mark Hamer, Kim L Lavoie, Simon L. Bacon, in Br J Sports Med, 2013-092993.

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