Les maux et bobos des plus de 45 ans

Dernière mise à jour 13/05/24 | Article
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À l’approche de la cinquantaine plusieurs troubles plus ou moins handicapants ou graves se manifestent. Tour d’horizon pour mieux appréhender cette étape de la vie.

La vue change, les os se fragilisent, la peau se plisse, les muscles fondent et la libido part à la retraite… Ce tableau décrit – de manière caricaturale – ce qui arrive avec l’âge: tous les organes prennent un coup de vieux. C’est un fait biologique établi, mais cela n’empêche pas les quadras, quinquas, sexas et les personnes encore plus âgées de croquer la vie à pleines dents, quitte à avoir des lunettes à double foyer! Car oui, la vue évolue avec l’âge. «La rigidité du cristallin change au cours de la vie. Cette lentille à l’intérieur de l’œil permet de faire l’accommodation. En perdant son élasticité, elle peine à se déformer et le focus ne se fait plus correctement. Cela affecte surtout la vision de près, raison pour laquelle, passé la cinquantaine, la plupart des gens deviennent presbytes», explique la Pre Gabriele Thumann, médecin-cheffe du Service d’ophtalmologie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). La presbytie n’est cependant pas une maladie et donne l’occasion de porter des lunettes de lecture fantaisistes, par exemple. Un bon moyen de ne pas sombrer dans la morosité.

Avec le temps, le cristallin perd aussi progressivement sa transparence, avec pour conséquence une cataracte qui finit par s’installer chez tout le monde. La gêne qu’elle provoque est cependant subjective et varie largement. L’opération de la cataracte concerne 20% des personnes entre 65 et 75 ans et 50% au-delà de 75 ans.

D’autres maladies ophtalmologiques sont à surveiller bien avant le grand âge, à l’instar du glaucome. «Il est dû à une augmentation de la pression oculaire qui peut abîmer le nerf optique de manière irréversible. Il passe souvent inaperçu car les premiers symptômes touchent surtout la vision périphérique. Il est donc important de faire contrôler la pression des yeux chaque année dès 40 ans», met en garde la Pre Thumann.

Booster la vitalité! 

En vieillissant, les capacités physiques et mentales diminuent, mais ce n’est pas une raison pour ne plus quitter son canapé. Au contraire, pour maintenir son corps et son cerveau en pleine forme, il est bon de continuer à les stimuler. Pourquoi ne pas apprendre une langue étrangère ou le tango? Dans les faits, «il y a une réduction des capacités respiratoires, cardiaques ou digestives, notamment. Les fonctions de tous les organes sont réduites. Cela est dû aux changements hormonaux, mais aussi aux changements au niveau du cerveau. Le sommeil est également perturbé. Les heures de sommeil profond diminuent tout comme les périodes de sommeil paradoxal», explique la Pre Patrizia D’Amelio, cheffe du Service de gériatrie et réadaptation gériatrique du CHUV. Ce dernier est très important pour consolider la mémoire, notamment. Moins de repos dit aussi moins envie de se dépenser. Pourtant, l’activité physique est un excellent élixir de jouvence et permet, lorsqu’elle est exercée en groupe, de mêler efforts physiques et vie sociale. Une combinaison parfaite pour rester jeune dans sa tête et fuir la solitude.

Os à surveiller

Les os sont aussi sujets à des changements avec le temps. «Le principal problème après 50 ans est l’ostéoporose. Cette dégradation progressive du squelette affecte en premier lieu les femmes ménopausées, sous l’effet de la carence en œstrogènes liée à cette période. Cependant, les hommes peuvent aussi être touchés. On estime qu’après 50 ans, une femme sur deux et un homme sur quatre souffrira d’une fracture liée à l’ostéoporose», explique le Pr Serge Ferrari, médecin responsable du Service des maladies osseuses des HUG. Pas de panique, bouger régulièrement permet de préserver sa santé osseuse. Nul besoin de courir un marathon: marcher, jardiner, faire de la gymnastique ou simplement monter et descendre régulièrement les escaliers sont des activités qui stimulent les os. 

À noter cependant, que la vigilance est de mise car la perte osseuse est indolore. Une banale fracture ou un tassement des vertèbres peuvent mettre la puce à l’oreille. «Chez la femme, il est préconisé de faire un dépistage en calculant la densité osseuse environ dix ans après la ménopauseou plus tôt lorsque des maladies inflammatoires existent ou que la patiente est particulièrement maigre, notamment», poursuit le Pr Ferrari. Tabac, alcool en excès et véganisme fragilisent les os. A contrario, manger suffisamment de protéines permet de préserver la masse musculaire et de protéger le squelette. 

Un autre effet de l’âge, qui se manifeste dès la trentaine mais prend de l’ampleur à partir de la cinquantaine, est la perte de masse musculaire. «La composition corporelle change au fil du temps. Nous perdons de l’os, mais aussi du muscle, au profit de la masse grasse. Nous perdons aussi des cellules cérébrales. Il est donc important de faire de l’exercice car il a non seulement une influence sur le système musculosquelettique mais aussi sur le cerveau! L’activité physique ralentit le déclin cognitif», explique la Pre Patrizia D’Amelio, cheffe du Service de gériatrie et réadaptation gériatrique du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). À nouveau, le sport est un très bon allié anti-vieillissement. 

Que celles et ceux qui ont le sentiment de tomber plus facilement malades à 45 ans qu’à 20 ans se rassurent, ils ne sont pas hypocondriaques. «Le système immunitaire vieillit également et perd en efficacité. Il a plus de difficultés à lutter contre les virus et les bactéries et réagit en produisant plus vite de l’inflammation», conclut la Pre D’Amelio. 

Sans grande surprise, pour vieillir en bonne santé il faut adopter une bonne hygiène de vie. Et lorsque l’on voit des octogénaires participer à la Patrouille des glaciers, on se dit que l’état d’esprit compte souvent plus que la date de naissance. 

Moins d’hormones, plus de tracas

«Pendant l’enfance, de nombreuses hormones sont requises pour un développement harmonieux, en particulier l’hormone de croissance, les hormones thyroïdiennes, les hormones sexuelles et la DHEA (déhydroépiandrostérone, une hormone stéroïdienne, ndlr) », explique le Pr Gérard Waeber, chef du Département de médecine du CHUV et endocrinologue. Comme son nom l’indique, l’hormone de croissance permet à l’enfant de grandir, alors que la DHEA joue un rôle important dans l’acquisition des premiers déterminants sexuels. «Cette hormone est déjà produite par le fœtus. Il y a un pic de production à la puberté et un autre vers la trentaine. Puis, elle diminue progressivement. Des taux bas de DHEA sont associés à de multiples symptômes du vieillissement», poursuit le Pr Waeber. 

Vers 45-55 ans, surviennent les symptômes de déprivation d’œstrogènes chez les femmes, qui causent la ménopause. Chez l’homme, la production de testostérone diminue de 1% par année à partir de 30 ans. Ces changements hormonaux n’affectent pas tout le monde de la même façon. Celles et ceux qui présentent des symptômes peuvent se faire aider par des médicaments ou des thérapies. Il faut donc éviter le fatalisme et passer ce cap avec l’aide nécessaire pour profiter pleinement d’une vie, sans règles douloureuses (pour les femmes)!

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Paru dans Le Matin Dimanche le 28/04/2024

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