«Bien vieillir se mérite!»
Que faut-il manger pour vieillir en bonne santé?
Dr Dimitrios Samaras Dans les grandes lignes, il est nécessaire de limiter sa consommation en sucres rapides et en produits industriels. Un modèle efficace pour ralentir le vieillissement comprend une alimentation qui fait la part belle aux végétaux et qui limite la consommation de protéines animales. Il est conseillé de manger moins de viande et davantage de légumes, légumineuses et céréales complètes. Restez donc loin des céréales transformées et pour le petit-déjeuner préférez l’avoine aux céréales ultra-transformées et ultra-sucrées… En suivant ces grands principes, le vieillissement de l’organisme sera ralenti.
L’origine des protéines est-elle importante?
Très importante! Plus on diminue les protéines d’origine animale, plus on augmente les protéines végétales et mieux on se porte. Limiter son apport en protéines, mais aussi en graisses animales, impacte positivement le vieillissement. Au quotidien, nous devons vraiment réduire notre consommation de viande. La charcuterie est même à éviter. Une récente étude vient d’ailleurs de confirmer encore une fois le lien entre les nitrites, présents dans la plupart des viandes transformées, et l’apparition de cancers. Finalement, faire davantage de «journées végétariennes» est un bon pas vers une meilleure santé et un environnement plus durable.
Avec l’âge, faut-il modifier son alimentation?
La règle universelle est: plus on prend de l’âge, plus on doit faire d‘efforts. On n’a rien sans rien! Il faut pratiquer une activité physique régulière, ne pas fumer et prendre soin de son alimentation. Avec les années, l’organisme corrige moins facilement les modifications qui apparaissent régulièrement sur nos gènes. Les erreurs s’accumulent, ce qui accélère le vieillissement. Plus on prend de l’âge, plus il faut surveiller son mode de vie. L’alimentation doit être encore plus saine à 60 ans qu’à 40. Bien vieillir se mérite!
A-t-on des besoins différents passé 80 ans?
Avec les années, les besoins nutritionnels varient. À 80 ans, le point essentiel à surveiller est la dénutrition. Cette préoccupation ne concerne pas les plus jeunes. Dans tous les cas, les conseils nutritionnels sont individuels et variables, notamment en fonction d’éventuelles maladies existantes. Une chose reste certaine et se révèle vraie à tout âge: l’alimentation possède un effet préventif indéniable sur le vieillissement.
Quel paramètre lié à l’alimentation accélère ce dernier?
Sans aucun doute, l’obésité, qu’il faut absolument essayer d’éviter. De plus en plus fréquente, elle est directement liée à un vieillissement accéléré. Plus largement, elle a un fort impact négatif sur la santé globale.
Faut-il moins manger avec l’âge?
Selon moi, les personnes qui n’ont pas besoin de perdre de poids ne doivent pas se focaliser sur les calories ingérées mais plutôt sur les fibres. En augmentant leur consommation en fibres, elles vont naturellement se tourner vers des aliments plus sains, moins transformés, et vers le monde végétal. Les fibres permettent de diminuer l’absorption du cholestérol, des graisses et des sucres par l’intestin. Elles améliorent ainsi le fonctionnement du système digestif et la santé intestinale. Par ailleurs, elles promeuvent un microbiote plus anti-inflammatoire et contribuent au ralentissement du vieillissement cardiovasculaire et à la prévention des cancers.
On parle beaucoup de l’importance de posséder un bon microbiote…
Oui, cela est essentiel. Et, là encore, chacun a le microbiote qu’il mérite! Il est possible de le rendre plus favorable pour nous grâce à une alimentation basée sur les végétaux complets. Au contraire, une consommation importante en produits d’origine animale rend notre microbiote plus inflammatoire et donc moins favorable pour notre santé.
Que faut-il penser des sucres, de plus en plus pointés du doigt pour leurs effets sur la santé?
Sur ce thème, je souhaite être très clair: les sucres ne participent pas à une alimentation équilibrée. Ils possèdent des effets positifs sur le plaisir, sont agréables à déguster… mais n’apportent que des ennuis! Je suis en faveur, comme cela existe pour le tabac, d’instaurer des taxes sur le sucre. Je souhaiterais que nous posions un regard plus politique sur cette question.
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Paru dans le hors-série «Votre santé», La Côte/Le Nouvelliste, Novembre 2022.