La main: attention fractures
EXPERTS
La main est très exposée
Les occasions de se casser un os de la main ne manquent pas. « Nous l’utilisons en permanence pour prendre des objets, et elle est très exposée aux accidents », explique le Dr Thierry Christen, médecin associé en chirurgie plastique et de la main au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). « Les fractures peuvent survenir à la suite d’un choc direct sur l’os, lors d’un écrasement par exemple, ou être consécutives à un mouvement brusque. Comme quand on tombe et que l’on se casse le poignet en essayant de se rattraper avec la main ».
Après un accident, n’essayez pas de remettre vous-même un doigt démis, vous risqueriez de rendre impérative une opération. Et surtout, faites-vous examiner après un traumatisme de la main: il est parfois difficile de distinguer une entorse (qui touche les ligaments des articulations) d’une fracture (qui touche les os).
Analyses et solutions
Après un examen par un médecin, une radiographie sera sans doute réalisée. La radio est en effet fondamentale pour les spécialistes de la main. « La plupart des fractures sont visibles sur de simples radiographies, relate le Dr Christen, et les examens plus poussés tels qu’un scanner ou une IRM sont rarement nécessaires.»
Pour le traitement d’une fracture de la main, « si l’on pense obtenir un bon résultat sans opérer, on privilégiera une option dite conservatrice ». Il s’agit d’immobiliser l’os fracturé pour lui permettre de se consolider dans une position adéquate. Pour ce faire, les techniques varient: selon la situation, on peut simplement attacher deux doigts l’un à l’autre, ou, à l’extrême inverse, devoir poser un plâtre rigide. Ces mesures durent rarement plus d’un mois.
On opérera généralement les fractures déplacées et celles que l’on ne parvient pas à stabiliser par une immobilisation seule. Pour fixer les fractures, les chirurgiens de la main ont les mêmes outils que leurs confrères qui réparent les os longs, mais en plus petit. « Nous utilisons des broches – des sortes de longs clous –, des vis, des plaques métalliques, des fils de fer, voire des dispositifs externes – des armatures qui sortent de la main », détaille le chirurgien. « Dans la règle, ces opérations sont assez courtes. Mais si l’on souffre de multiples fractures, la durée opératoire sera allongée. »
«Au bout des doigts»
Un clou, un marteau, un coup… qui atterrit sur le bout des doigts. La fracture de la phalange distale (celle où se trouve l’ongle) est la plus fréquente des fractures de la main. « Elle n’est généralement pas grave », rassure le Dr Christen. Et d’ailleurs, elle se répare souvent d’elle-même. Une bonne partie de la phalange étant couverte par l’ongle, celui-ci sert d’attelle naturelle pour guider la consolidation de l’os. La fracture se ressoude en quelques semaines dans « l’immense majorité des cas ». Faute de quoi, une opération sera pratiquée pour aider à la consolidation de l’os fracturé.
«Le coup de poing de trop»
«C’est la “fracture du boxeur”, résume le Dr Christen. Un choc entre un poing fermé et une surface dure.» On prétend parfois être tombé, relève-t-il, mais c’est bien un coup de poing contre un mur, ou contre autrui, qui fracture le cinquième métacarpien au niveau de son col. Cette zone où l’os se rétrécit est effectivement plus fragile lors d’un choc direct dans l’axe. Après cette fracture, l’ampleur du déplacement de la tête de l’os par rapport à sa position normale détermine le traitement. Si elle n’est pas ou peu déplacée, on prescrit une immobilisation de quatre semaines. «Si, par contre, il y a une bascule importante, on essayera de repositionner l’os et de le fixer par des broches, relève le spécialiste.» Non replacé, l’os déformé pourrait créer une sensation de boule dans la main, «gênante pour les travaux manuels et qui raccourcit le doigt».
Le scaphoïde rattrape les chutes
Parmi les fractures du poignet, «celle de l’os scaphoïde a, chez les patients, une mauvaise réputation justifiée», note le Dr Christen. Cet os est situé à cheval entre l’avant-bras et la main, du côté du pouce. Et il n’est en effet pas simple à soigner. «On se le casse généralement en chutant et en se rattrapant sur la paume de la main. Les patients pensent souvent n’avoir qu’une entorse, alors qu’en réalité cet os est cassé.» Il est donc capital de consulter pour déterminer les dégâts subis par la main, même si l’on ne pense pas être victime d’une fracture. D’autant plus qu’une fracture de l’os scaphoïde non soignée ne consolidera pas et causera de l’arthrose, et donc notamment des douleurs articulaires.
Mais la difficulté ne s’arrête pas là, puisqu’une fracture du scaphoïde peut ne pas apparaître sur une radiographie réalisée juste après l’accident. Dès que les médecins suspectent une fracture de cet os, ils prescrivent par prudence une immobilisation de trois semaines, après lesquelles de nouvelles radios sont réalisées. Si la fracture est confirmée, l’immobilisation durera trois mois au total. Très long. Pour éviter ce désagrément, une opération consistant à introduire une vis dans l’os peut être réalisée, surtout chez des patients jeunes et actifs.