Effet nocebo: la connaissance des effets secondaires d'un médicament augmente le risque de les subir

Dernière mise à jour 05/02/13 | Article
Effet nocebo: la connaissance des effets secondaires d'un médicament augmente le risque de les subir
De la même façon que certains préfèrent s'abstenir de lire la rubrique «effets indésirables» sur la notice d'un médicament avant de l'avaler, mieux vaut ne pas poser trop de questions à son médecin sur les complications que peut éventuellement causer un traitement, et ne pas se faire trop de souci concernant sa santé.

Car la probabilité d'avoir des effets secondaires en serait nettement augmentée rapporte l'hebdomadaire bavarois SZ Magazin. C'est ce que les médecins appellent «l'effet nocebo», ce qui en latin signifie «je vais nuire», soit l'exact contraire de l'effet placebo, qui lui signifie «je vais plaire»:

«Des psychologues américains ont par exemple pu prouver que la probabilité de mourir d'une crise cardiaque est trois fois plus élevée chez les femmes quand elles croient qu'elles seraient particulièrement disposées à avoir un infarctus.» «Les sentiments négatifs augmentent chez tout le monde le danger d'avoir un infarctus, d'une façon aussi déterminante qu'une tension élevée, dit Karl-Heinz Ladwig, expert en cardiologie à la clinique psychosomatique de l'Université technique de Munich. Des symptômes tels qu'une grande fatigue ou une mélancolie dans les six mois qui précèdent un infarctus seraient si typiques que les médecins devraient prêter beaucoup plus d'attention aux troubles psychiques et aux dépressions, et pas uniquement observer les facteurs de risques classiques tels que la tension, le diabète et l'augmentation du taux de cholestérol

L'hebdomadaire Der Spiegel reprend lui les résultats d'une expérience menée auprès de patients atteints de la maladie coronarienne, à qui a été administré un traitement dont un des effets secondaires pouvait être une baisse de la libido: seuls 3% des patients qui n'en avaient pas été informés ont témoigné de difficultés au lit, contre 31% de ceux qui avaient été informés au préalable de tous les effets secondaires possibles.

Dans certains cas, l'effet nocebo peut même conduire à la mort, comme l'explique le SZ Magazin, qui cite le cas d'un Américain à qui les médecins avaient diagnostiqué un cancer du foie en phase terminale dans les années 1970, et qui pensaient qu'il ne lui restait plus que quelques mois à vivre:

«Il mourut en fait quelques semaines plus tard. Quand son corps a été examiné, les médecins s'étonnèrent pourtant: la tumeur, d'un diamètre de 3 cm, était restée assez petite, ne s'était infiltrée dans aucun autre organe et n'avait pas formé de métastases, comme l'autopsie le montra. “L'homme ne mourut pas d'un cancer mais parce qu'il croyait qu'il était en train de mourir d'un cancer”, explique Clifton Meador [chercheur à l'Université Vanderbilt, à Nashville].»

L'auteur de l'article déplore que les médecins ignorent trop souvent l'effet nocebo et ne mesurent ainsi pas la portée de leurs paroles, qui peuvent s'avérer destructrices pour la santé de leurs patients. Un problème pris très au sérieux par la revue médicale professionnelle Ärzteblatt, qui a publié l'an dernier une liste des expressions à bannir à l'usage des professionnels de la santé, parce qu'elles provoquent une incertitude, telles que «Peut-être que ce médicament pourrait vous aider», qu'elles sont soit négatives – «Vous êtes un patient à risques» – ou rabaissantes – «Vous n'avez pas besoin d'avoir peur» – ou encore à double sens, comme le terrible «Maintenant nous allons vous endormir, tout va être fini dans un instant» avant une opération...

Article original: http://www.slate.fr/lien/67637/effet-nocebo-effets-secondaires

Articles sur le meme sujet
PS55_dossier_pseudo-embryons

Plongée au cœur de la recherche sur les pseudo-embryons

Observer les premières semaines de développement de l’embryon humain: une exploration désormais possible grâce à la synthèse de pseudo-embryons en laboratoire. Mais derrière les espoirs suscités par ces modèles, les interrogations éthiques, légales et scientifiques se multiplient. Enquête sur nos origines.
P24-04_traitements_hemophilie

Du nouveau pour soigner l’hémophilie

Aucun traitement n'est jusqu'à présent parvenu à guérir l’hémophilie. Aujourd’hui, de nouvelles thérapies innovantes font leur apparition et rebattent les cartes dans certaines situations.
BV13_recherche_basse_vision

Les défis de la recherche en basse vision

De nombreuses innovations visent à aider les personnes malvoyantes ou aveugles dans leur vie quotidienne. Encore faut-il évaluer celles qui leur sont réellement utiles. C’est notamment le rôle de Fatima Anaflous, cheffe de projet de recherche en basse vision et responsable de la plateforme de recherche sur la réadaptation clinique de l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin, et de Saliou Sangare, vice-président de la Section vaudoise de la Fédération suisse des aveugles et malvoyants (FSA) et lui-même malvoyant, qui participe au développement de moyens auxiliaires destinés à la basse vision.
Videos sur le meme sujet

Les grands singes et les humains observent de la même façon

Lorsqu'ils observent une personne interagir avec un objet, les humains et les grands singes alternent leur attention entre les deux éléments de la scène.

Découverte de Lucy: 50 ans d'enseignements sur notre évolution

Le 24 novembre 2024, nous célébrons les 50 ans de la découverte de Lucy, la fameuse Australopithèque femelle retrouvée en Éthiopie, en 1974, par une équipe de scientifiques dirigée par Donald Johanson, Maurice Taïeb et Yves Coppens.

Les HUG certifiés FACT: le sang de cordon ombilical reconnu mondialement pour des traitements vitaux

Les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) ont obtenu l'accréditation de la Foundation for the Accreditation of Cellular Therapy (FACT) pour leur banque de sang de cordon ombilical.