Méditer pour sa santé
Un environnement calme, une position confortable, les yeux mi-clos ou fermés, les bras relâchés, les mains sur les cuisses. Vous êtes prêt pour un moment de méditation de pleine conscience? Les adeptes de cette approche très en vogue sont à la recherche d’une plus grande sérénité, un sentiment qui peut être mis à mal par la vie que nous menons, mais aussi par la maladie physique ou des troubles psychiques. Les personnes qui méditent espèrent retrouver un bien-être et un rythme plus humain que notre monde effréné ne cesse de bousculer.
Cette approche consiste globalement à diriger de manière intentionnelle son attention sur le moment présent. L’idée étant de laisser vagabonder ses pensées, sans porter de jugement à leur égard. Il s’agit ainsi de combattre les comportements et émotions réflexes qui peuvent être à l’origine de nombreuses souffrances, comme l’anxiété et le stress. Rien de spectaculaire ni de très complexe de prime abord, et pourtant le mindfulness –comme on l’appelle également– demande un certain entraînement pour être capable de retrouver cette liberté intérieure.
Pour les enfants aussi
Ils ont l’art de vivre dans le présent et on les envie souvent pour cela. Malgré tout, les enfants subissent aussi des pressions et des stimulations incessantes venues de l’extérieur. Le mindfulness pourrait être un outil intéressant pour mieux gérer le stress, favoriser l’attention, l’écoute et l’apprentissage. Depuis une vingtaine d’années, des programmes spécifiques se développent un peu partout dans le monde. Car il est important d’adapter ces interventions à l’âge de l’enfant. Chez les plus petits, on recourt au conte ou aux métaphores pour les rendre attentifs à leur «météo intérieure». Dès l’âge de raison (7-8 ans), l’enfant est certes davantage conscient des pensées qui le traversent, mais la pratique doit rester ludique et accessible. Si elle est ouverte à tous, les enfants en proie à des troubles de l’attention, à des difficultés émotionnelles ou à de l’anxiété pourraient en particulier en tirer bénéfice. Dans tous les cas, il est important de choisir un instructeur formé et reconnu.
Inspirée des pratiques de méditation bouddhistes et du yoga, la méditation de pleine conscience est une pratique laïque qui a désormais sa place en médecine. Elle entre en effet aujourd’hui dans des programmes d’interventions de soins divers dans les hôpitaux, notamment. Elle est indiquée par exemple en cas de maladies chroniques (diabète, hypertension, maladies cardio-vasculaires, cancer) ou de douleurs chroniques (migraine, fibromyalgie, par exemple). Comme son nom l’indique, la réduction du stress basée sur la pleine conscience (Mindfulness Based Stress Reduction ou MBSR) n’a pas pour but de guérir, mais d’aider le patient à mieux vivre sa pathologie. Et pour cause, la maladie chronique peut, en soi, engendrer un stress supplémentaire dont on doit se préoccuper.
Éviter les rechutes
Associée à des techniques de thérapie cognitive et comportementale (psychoéducation des mécanismes de la maladie, par exemple), la MBSR est utilisée avec succès dans la prévention de rechutes dépressives. «Le patient apprend à devenir plus attentif à ses humeurs, ses pensées et ses sensations corporelles. Il peut plus facilement identifier ses ruminations mentales ainsi que les premiers symptômes d’une rechute, qu’il saura éviter», analyse Adrien Zerbini dans son ouvrage récemment paru sur le sujet*. De même, dans le cas des addictions, un programme spécifique peut permettre de prévenir les rechutes. On médite alors pour mieux supporter les états d’angoisse qui peuvent conduire à la consommation de substances. Et on profite de cette pratique pour développer de la bienveillance envers soi-même.
La méditation peut également entrer dans le cadre des traitements contre les troubles du comportement alimentaire (anorexie, boulimie, hyperphagie boulimique), en complément des prises en charge habituelles. Le but de cet autre programme spécifique est d’aider les personnes concernées à tenir compte des dimensions physiologiques, émotionnelles, cognitives, comportementales et d’image de soi qui sont en rapport avec leurs troubles. Concrètement, la méditation peut aider à mieux contrôler les impulsions alimentaires auxquelles la personne a souvent recours pour calmer un mal-être ou une anxiété.
Une intervention sûre
La méditation de pleine conscience fait l’objet de nombreuses études scientifiques et ses effets positifs sont de plus en plus démontrés. Elle a l’avantage d’entraîner pas ou peu d’effets secondaires, ce qui fait d’elle une approche sûre. Néanmoins, certaines personnes peuvent éprouver une anxiété passagère, selon ce qu’ont soulevé des études. Et pour cause, la méditation nous met face à nous-même et implique une forme de rupture par rapport au rythme effréné du quotidien. Un temps suspendu qui peut donner le vertige. Dans certains cas, on peut ressentir une forme de dépersonnalisation désagréable, comme l’explique Adrien Zerbini dans son ouvrage: «L’individu a le sentiment d’avoir changé, se détache de lui-même au point de percevoir sa vie comme s’il regardait un film, comme s’il ne possédait aucun contrôle de la situation». Ceci reste pourtant marginal et dans la très grande majorité des cas, la méditation de pleine conscience, si elle est bien menée, participe au bien-être de ceux qui en font l’expérience.
Témoignage
Anna*, 48 ans: «Une bulle d’intimité avec moi-même»
«C’est par hasard que j’ai découvert la méditation de pleine conscience, dans le cadre d’une thérapie de groupe centrée sur les troubles du comportement alimentaire. Cela fait maintenant plusieurs années que je pratique, d’abord avec une psychologue en consultation individuelle, puis en groupe avec des instructeurs. Cela m’a aidée à préparer mon by-pass gastrique, puis à accepter mon nouveau corps à la suite de cette intervention. Aujourd’hui, j’y recours pour supporter les douleurs chroniques. La méditation telle que je la pratique n’a rien de mystique ni de spirituel. J’aime au contraire sa dimension médicale et scientifique.
Mon but est d’être plus en lien avec moi-même, de mieux identifier mes besoins et mes émotions. Par exemple, de faire la différence entre la faim, la soif, la fatigue, l’angoisse, etc. Au quotidien, on vit en pilote automatique. On est pris par le stress, le travail, et on est vite coupé de soi-même. Pour ne rien arranger, je ne suis jamais seule : ni dans le train, ni au travail dans l’«open space», ni chez moi. La méditation m’offre un espace de liberté, un espace à moi qui me permet de me recentrer. Cela m’apprend aussi à accepter mes émotions, à les vivre. On les regarde passer, comme des nuages ou des bulles de savon, sans intervenir. Ce n’est jamais raté, c’est toujours une expérience.
Je pense qu’au début, c’est important d’être bien guidé par un instructeur. Mais ensuite, on intègre la méditation de pleine conscience dans sa vie. Au travail, je me mets dans ma petite bulle le temps de quelques minutes pour laisser descendre la pression. Mais méditer, c’est tout autant savourer une fraise au marché ou regarder un beau paysage à travers la vitre du train. Il n’y pas toujours besoin de tout un cérémonial».
* Nom connu de la rédaction.
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* J’ai envie de comprendre… La méditation de pleine conscience, Adrien Zerbini, en coll. avec Guido Bondolfi, Françoise Jermann et Béatrice Weber, Ed. Planète santé, 2018.
Paru dans le Quotidien de La Côte le 10/10/2018.
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