Baisse de moral : avez-vous essayé le millepertuis ?
Huile de millepertuis
Le millepertuis peut être utilisé en application externe. L’huile de millepertuis, aux vertus désinfectantes, peut en effet servir à soulager plaies et brûlures. Pour la réaliser soi-même : faire macérer au soleil les fleurs de millepertuis dans de l’huile d’olive, pendant quelques semaines. L’huile rouge ainsi obtenue pourra ensuite être appliquée sur la peau.
Le millepertuis fait partie de ces plantes aux multiples bienfaits utilisées en phytothérapie. «Il a été l’objet de nombreuses études cliniques qui ont permis de mettre en évidence son efficacité, notamment en cas de baisse de l’humeur ou de chagrin passager. Et contrairement à un antidépresseur de synthèse, il n’entraîne ni accoutumance, ni dépendance», explique Kurt Hostettmann, professeur honoraire de pharmacognosie et phytochimie aux universités de Lausanne et de Genève.
Où le trouver?
Il existe plusieurs espèces de millepertuis. Celle que l’on utilise en thérapie est reconnaissable aux petites glandes transparentes présentes sur ses feuilles, qui leur donnent une apparence «perforée». En Suisse, on trouve très fréquemment le millepertuis à l’état naturel en plaine et jusqu’à environ 1500 mètres d’altitude. Il peut facilement être récolté et séché pour préparer des infusions, mais celles-ci sont néanmoins déconseillées par le Pr Hostettmann: «La tisane de millepertuis ne sert pas à grand-chose car l’eau chaude n’extrait qu’une petite partie des principes actifs. Il perd ainsi de son efficacité.» On lui préférera donc une utilisation sous forme de gélules ou d’huile.
Pas n’importe comment
Depuis 2002, le millepertuis est enregistré comme médicament de catégorie C par Swissmedic, autorisant sa vente libre uniquement en pharmacie. Une précaution due au risque d’interaction du millepertuis avec certains médicaments. Autre mise en garde : le millepertuis possède des substances photosensibilisantes et il est donc déconseillé de s’exposer au soleil d’altitude durant son utilisation. «Mais en respectant la dose indiquée par le fabriquant, il n’y a pas de risque», rassure le Pr Hostettmann. D’où l’importance d’éviter l’automédication et de demander un avis à son médecin ou pharmacien avant d’entamer une cure.
Si ça ne marche pas
Efficace sur une baisse de moral passagère, le millepertuis ne peut en revanche pas venir à bout, seul, d’une dépression profonde, ancrée depuis longtemps. «On peut l’essayer pendant un temps donné, mais sans signes d’amélioration de l’humeur, il faut consulter un médecin pour une éventuelle prise en charge allopathique (autrement dit conventionnelle, ndlr) et/ou psychologique», conseille le spécialiste.
Pour aller plus loin
Les plantes pour prévenir et soigner les affections du système nerveux central, Kurt Hostettmann, Ed. Favre, 2014.
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Paru dans Générations, Hors-série « Se soigner autrement – Gros plan sur la médecine intégrative », Octobre 2019.