Miel, thym ou citron: que penser des remèdes de grand-mère?

Dernière mise à jour 28/09/22 | Article
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Chaque année, avec la baisse des températures, rhumes et maux de gorge ressurgissent. Côté chiffres: les infections des voies respiratoires supérieures surviennent à raison de six à huit épisodes en moyenne par an chez les jeunes enfants et entre deux et quatre chez les adultes. La grande majorité de ces infections étant d’origine virale, les traitements sont le plus souvent symptomatiques. Or ces derniers peuvent être pharmacologiques (prescrits par un médecin ou achetés sans ordonnance) ou faire partie des fameux remèdes de grand-mère.

Mais que valent vraiment cuillérées de miel et tisanes au thym? Si peu de publications scientifiques ont à ce jour évalué leur efficacité, un groupe de recherche de l’Institut universitaire de médecine de famille et de l’enfance de la Faculté de médecine de Genève (IuMFE) a initié une vaste enquête sur le sujet. Il en livre des premiers éléments.

Côté définition

En l’absence de définition universelle, le groupe de recherche suisse a opté pour appeler «remède de grand-mère» un remède ne contenant aucun composant actif commercialisé explicitement du fait de son effet thérapeutique et ne nécessitant pas l’aide externe de thérapeutes. Dès lors, ne sont pas considérés comme tels les médicaments en vente libre, les thérapies à base de plantes commercialisées pour une indication précise (huiles essentielles ou suppléments nutritionnels, par exemple), les thérapies physiques (physiothérapie, ostéopathie, hypnose, etc.) ou encore les méthodes relevant plus spécifiquement de la médecine complémentaire (homéopathie, phytothérapie, acupuncture, etc.). Comme leur nom l’indique, les remèdes de grand-mère sont le plus souvent des traitements aux indications transmises de génération en génération.

Un nouveau duo patient-médecin

Les remèdes de grand-mère se glissent-ils souvent dans les consultations médicales? L’équipe suisse a posé la question à des patients et à des médecins. Ressenti quasi unanime des premiers: leurs médecins manquent généralement de connaissances sur le sujet. De leur côté, les médecins de famille interrogés ont reconnu prescrire peu de tels remèdes, la plupart indiquant un certain inconfort à conseiller des traitements n’ayant pas apporté la preuve de leur efficacité dans des essais contrôlés randomisés. Revers (positif) de la médaille: cette conjoncture pourrait nourrir la relation patient-médecin et permettre à certains patients, endossant le rôle de «patients-experts», de davantage s’impliquer pour leur propre santé.

Miel, thym et citron: les trois stars

Menée auprès de 1012 personnes, la recherche entreprise par l’IuMFE révèle un plébiscite net du miel, du thym et du citron en tant que remèdes utilisés et jugés efficaces pour traiter maux de gorge, toux et rhume. À noter la présence au palmarès également du thé et du lait chaud, en particulier pour calmer la toux. Des résultats faisant écho aux pratiques observées aussi bien en Europe qu’ailleurs dans le monde et à certaines recommandations. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) propose ainsi par exemple d’utiliser des infusions de miel et de citron pour soulager les maux de gorge chez l’enfant et plusieurs revues scientifiques ont conclu à l’efficacité du miel pour traiter la toux liée aux infections des voies respiratoires supérieures. Le miel serait efficace de par son activité antimicrobienne. Associé au citron, il permettrait un «recouvrement» du pharynx lésé par l’inflammation, une action qui faciliterait le passage de la salive et diminuerait la douleur. Une méta-analyse appuie quant à elle l’efficacité des préparations de thym (mais également de lierre et de primevère) pour soulager la toux. Le thym serait efficace de par son activité anti-inflammatoire. Côté effets secondaires? Si peu de publications scientifiques existent sur le sujet, les données existantes sont rassurantes en particulier pour le miel, le citron et le thym. Seul bémol, un risque (faible) de botulisme en cas d’utilisation de miel chez les nourrissons de moins d’un an.

Une réflexion aussi écologique

Représentant près d’un cinquième de l’empreinte carbone du système de santé, les traitements pharmacologiques ont un impact environnemental non négligeable. Par ailleurs, sur prescription ou en vente libre, leur usage suppose un coût, pas négligeable non plus, pour la communauté et les individus. Les auteurs de l’étude suisse soulignent donc que l’utilisation, dans certains cas, des remèdes de grand-mère pourrait contribuer à diminuer cet impact environnemental et économique inhérent aux produits pharmacologiques.

__________

* Adapté de Maisonneuve H, Sebo P, Sommer J, et al. Emploi des remèdes de grand-mère en ORL: la recherche éclaire nos pratiques et celles de nos patients. Rev Med Suisse. 2022/781 (Vol.8):925-929.

Paru dans Planète Santé magazine N° 46 – Septembre 2022

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