Peut-on accoucher par voie basse après une césarienne?
Les taux de césariennes ne cessent d’augmenter dans les pays industrialisés. La Suisse, qui en comptait 32% en 2007, ne fait pas exception. Or, une des explications majeures de cette hausse n'est autre que l’augmentation de la répétition de cette intervention chez des femmes ayant déjà subi une césarienne. Sa cause? La crainte de l’ouverture de la cicatrice de l’utérus lors des contractions en cas de tentative d’accouchement vaginal après césarienne, complication rare mais potentiellement catastrophique pendant une naissance. La césarienne permet d’éviter la rupture de l’utérus dans la majorité des cas, mais elle reste associée à des complications néonatales, comme la détresse respiratoire du bébé, ou encore à des complications maternelles, comme l’hémorragie ou les infections. Il faut aussi tenir compte du fait qu’il y a des risques d’anomalie de l’insertion placentaire pouvant entraîner des complications potentiellement graves lors d’une grossesse ultérieure. C'est pour cette raison qu'une tentative d’accouchement vaginal après césarienne devrait être envisagée chez les femmes à bon pronostic de réussite et à faible risque de rupture utérine. Parlez-en donc à votre médecin et demandez-lui d'établir un plan d'accouchement.
Décision du mode d’accouchement
Il faut que vous soyez informée du risque de rupture utérine, qui, quoique faible, reste bel et bien présent. Sur le plan médico-légal, il est important de documenter de manière détaillée cette discussion. Suivant le mode d’accouchement choisi, vous devrez signer en tant que patiente un consentement de tentative d’accouchement vaginal après césarienne ou un consentement de césarienne élective.
Autre point à examiner: le nombre de césariennes antérieures. En cas d’antécédent de plus d’une césarienne, il semble en effet que le risque de rupture utérine soit augmenté, raison pour laquelle on recommande généralement une césarienne dans cette situation. De plus, des études ont montré que l’intervalle entre les accouchements conduisait à une augmentation du risque de rupture utérine lorsque cet intervalle était inférieur à dix-huit mois. Les antécédents d’accouchement vaginal sont aussi à prendre en considération : en présence d’un antécédent d’accouchement vaginal, on observe une augmentation du taux de réussite d’accouchement vaginal après césarienne et une diminution du risque de rupture utérine. Enfin, votre choix en tant que patiente et votre désir de grossesse ultérieur sont importants dans la discussion.
Référence
«Accouchement vaginal après césarienne en 2010», Drs Nicole Jastrow et Pablo Cantero Prs Michel Boulvain et Olivier Irion Service d’obstétrique, Département de gynécologie et obstétrique, HUG, in Revue médicale suisse 2010; 6: 2000-4, en collaboration avec les auteurs.