Choisir sa manière de donner la vie
Souvent présenté comme l’un des plus beaux moments de la vie, l’accouchement suscite malgré tout beaucoup d’appréhension et de questionnements, surtout chez celles qui attendent leur premier enfant. Ce, en raison de la part d’inconnu, la peur de ne pas être à la hauteur et la crainte de la douleur. Voie basse, césarienne, péridurale, etc.: que choisir?
Les cours de préparation à la naissance permettent de s’informer des différentes possibilités et, par là même, de se positionner avant que le grand jour n’arrive.
Plus ou moins de liberté
Mais tout d’abord, prévient Manuella Hubené-Revel, sage-femme à l’Hôpital de Morges, le déroulement de la naissance va en grande partie dépendre de la situation médicale de la femme à la fin de sa grossesse: «S’il s’agit d’une grossesse physiologique, sans particularités ni risques associés, alors la femme sera libre de choisir comment elle va accoucher».
La présence d’une grossesse à risque ou de problèmes de santé spécifiques pourrait en revanche présenter des restrictions, voire exiger certaines contraintes médicales (par exemple accouchement à l’hôpital, césarienne).
Ensuite, parmi les questions à trancher, il y a le lieu de naissance. A cet égard aussi, le bon déroulement de la grossesse, les convictions personnelles mais aussi les capacités financières peuvent entrer en ligne de compte. La plupart des femmes enceintes choisissent toutefois un lieu médicalisé (l’hôpital ou une clinique pour l’accueil hôtelier). Une minorité choisit une maison de naissance (parfois même à domicile) pour un accouchement le plus «naturel» possible.
Lieux et pratiques pour se sentir mieux
- Maison de naissance: Par crainte ou refus de la médicalisation ou par désir de vivre un moment aussi naturel que possible, certaines femmes font le choix d’accoucher en maison de naissance. Cela est possible à condition que la grossesse soit physiologique, que l’accouchement ait lieu à terme, que le bébé soit en position céphalique et qu’il n’y ait pas de cicatrice d’une césarienne antérieure. Car la surveillance médicale, hormis la présence de la sage-femme, y est très allégée.
- L’acupuncture: L’acupuncture permettrait de soulager les maux de la grossesse, mais aussi de préparer le travail à l’approche du terme. «Le but est d’aider le col de l’utérus à se préparer pour une dilatation plus rapide. En cours de travail, on peut y recourir en cas de stagnation de la dilatation ou de problèmes lors de la délivrance», affirme Manuella Hubené-Revel, sage-femme à l’Hôpital de Morges.
- Le bain: De plus en plus, les salles d’accouchement sont équipées d’une baignoire. Si l’accouchement complet dans l’eau reste une pratique marginale, la possibilité de prendre un bain au cours du travail est régulièrement utilisée. L’eau chaude offre une sensation de détente et permet au col de l’utérus de se relâcher et de s’ouvrir mieux.
Césarienne ou voie basse?
Au regret des spécialistes de la naissance, le choix que font certaines femmes d’avoir une césarienne programmée sans réelle indication médicale est en augmentation.
Parmi les raisons d’un tel choix, il y a la peur de la douleur lors de l’accouchement, la crainte d’être confrontée à des problèmes d’incontinence après la naissance, la volonté de préserver le périnée et la sphère vaginale ou encore la possibilité de prévoir le jour de la naissance.
Mais, pour Manuella Hubené-Revel, «la césarienne élective est une intervention chirurgicale non dénuée de risques et qui a des conséquences sur les grossesses futures. Un tel choix relève sans doute d’un manque d’informations», déplore-t-elle. Dans certains cas néanmoins, la césarienne s’impose pour des raisons médicales (placenta prævia, position du fœtus, utérus cicatriciel, etc.).
Dans le cadre de l’accouchement par voie basse, chaque femme est libre dans la façon dont elle souhaite gérer la douleur des contractions. Dans 60% des cas, une péridurale est posée.
Unique, chaque naissance comporte ses imprévus
Sinon, différentes techniques existent pour soulager la douleur, se détendre et favoriser la descente du bébé : bain (lire encadré), déambulations, différentes positions (accroupie, couchée, debout), utilisation d’aides comme des lianes, ballons, coussins d’allaitement, massage du père, etc.
Néanmoins, certains facteurs (premier enfant, ouverture du col de l’utérus, tolérance du bébé au travail, sa progression dans le bassin, endurance à la douleur de la parturiente, son état psychologique, etc.) ou la survenue de complications peuvent moduler le cours des choses voire exiger une intervention médicale (césarienne, instruments, épisiotomie).
Car oui, il ne faut pas oublier que chaque naissance est unique et comporte des imprévus: «il n’y a pas un schéma général strict pour toutes les femmes», conclut la spécialiste.
Le plan de naissance
Établir un projet de naissance avec une sage-femme permet d’exprimer ses souhaits et de vérifier leur adéquation avec l’environnement où aura lieu la naissance, tout en gardant à l’esprit qu’il n’est pas possible de tout maîtriser. Pour la femme, c’est l’occasion de devenir actrice de son accouchement et d’éviter dans la mesure du possible les déceptions. A l’Hôpital de Morges, au même titre que dans la plupart des établissements hospitaliers, un tel entretien –gratuit et libre– peut avoir lieu avec une sage-femme conseil de Profa. En marge des cours de préparation à la naissance, le couple peut lui poser toutes les questions qu’il souhaite.
Le lieu de naissance, la présence d’un tiers (conjoint ou proche), le rôle du père, l’ambiance (musique, bougie), la manière d’accoucher, la gestion de la douleur, la possibilité pour le père de couper le cordon ombilical, le contact peau à peau à la naissance, sont autant de points qui peuvent être discutés à cette occasion. Même si on ne peut pas tout planifier et qu’il est important de rester souple, il peut être utile d’en parler avant le jour J. Un moment qui sera à coup sûr chargé en émotions et en stress et où les décisions doivent être prises rapidement.