Le sexe des médicaments
On constate que les femmes métabolisent différemment les médicaments, que leur transit est plus long et que leur composition corporelle est constituée de moins de masse maigre et d’eau, mais davantage de masse grasse. Cela étant, on ignore si le sexe et le genre sont réellement des facteurs déterminants. Pour la Pre Caroline Samer, responsable de l’Unité de pharmacogénomique et de thérapies personnalisées des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), il est bien difficile de l’affirmer: «Tous médicaments confondus, les effets indésirables sont certes plus décrits chez les femmes (jusqu’à 1,5 à 2 fois), mais il y a beaucoup de facteurs de confusion: l’âge, la génétique, la corpulence, le fonctionnement des organes et le fait qu’elles pourraient prendre plus de médicaments, qui augmente le risque d’interactions médicamenteuses néfastes.» Rapportent-elles davantage les effets secondaires subis? C’est un autre biais possible à prendre en compte.
Selon la spécialiste, à l’exception de certaines molécules, «nous n’avons pas connaissance d’énormes différences ayant de réelles répercussions cliniques entre hommes et femmes». Malgré tout, pour mieux comprendre la pharmacocinétique chez les femmes, il est nécessaire de les inclure dans toutes les phases d’études, afin qu’elles bénéficient de traitements sûrs et à des doses appropriées.
Les femmes enceintes, les oubliées de la recherche
Des méthodes de simulation informatique prédisent aujourd’hui la réponse aux médicaments chez les femmes enceintes, un sous-groupe peu étudié. «Durant la grossesse, en raison d’un plus grand volume de distribution, les molécules sont éliminées plus vite et les doses doivent parfois être augmentées, explique la Pre Caroline Samer, responsable de l’Unité de pharmacogénomique et de thérapies personnalisées des HUG. On crée alors un humain virtuel avec un profil génétique particulier. On simule des concentrations et on regarde ce qu’il se passe dans le placenta et dans le lait.» Pour l’heure, il n’y a que chez l’animal que l’on peut savoir si une substance est tératogène (susceptible de provoquer des malformations chez le fœtus).
Plus classiquement, le suivi de femmes ayant été exposées à des médicaments ou maladies durant leur grossesse améliore les connaissances, a posteriori. C’est ainsi que les HUG ont mis en place une consultation pour les troubles hypertensifs de la grossesse, qui touchent 10 % des femmes enceintes. Cette consultation unique en Suisse permet d’évaluer et de prévenir le risque cardiovasculaire de ces patientes, davantage exposées à l’hypertension durant la péri-ménopause.
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Article repris du site pulsations.swiss