Psychiatrie et génétique: mythe ou réalité?
La psychiatrie et la génétique sont-elles bonnes amies ? Cette question était au coeur du symposium du service de psychiatrie générale, organisé aux HUG le 18 mai 2011, La vunérabilité en psychiatrie : regards croisés. A mesure que la connaissance du génome humain progresse, on espère pouvoir y découvrir des explications aux troubles psychiques. Le Pr Alain Malafosse, médecin adjoint agrégé au service de médecine génétique des HUG est aussi l’auteur du livre Conseil génétique en psychiatrie, sorti en 1999. Le conseil génétique vise à donner des informations aux malades, ou aux personnes concernées par une maladie, afin de leur permettre de prendre une décision.
Conseil génétique en psychiatrie
Mais quel est son rôle alors que l’on sait que l’influence des gènes dans les troubles psychiques est un débat qui n’est pas tranché à ce jour ? Pour le Pr Malafosse, « en premier lieu, c’est justement d’expliquer cela aux patients et à leurs proches. Bien souvent, ceux qui consultent ont une surestimation des risques de récurrence. » Le généticien précise aussi que des informations liées à des mutations associées à divers troubles psychiatriques, comme la schizophrénie, l’autisme, et le trouble bipolaire, sont aujourd’hui régulièrement publiées dans de grands journaux scientifiques : « Les patients et leurs proches en sont informés par les médias et il est très important de leur donner l’information la plus précise et la plus actualisée sur ces développements. »
Les gènes expliquent-ils tout ?
Il est vrai que suite aux découvertes liées au génome, la génétique est un peu mise à toutes les sauces. Et la psychiatrie n’échappe pas à la règle. Evaluation des patients à risque, recherches liées au caractère héréditaire de certaines pathologies psychiatriques, le débat est ouvert parmi les spécialistes de la psychiatrie et de la génétique. Et il est loin d’être clos : « Des maladies comme Huntington ou la mucoviscidose peuvent être mieux comprises grâce à la génétique, car les gènes qui en sont responsables ont été identifiés. Alors que pour les affections psychiques, seule une faible partie de la composante génétique est aujourd’hui connue », explique le Pr Malafosse.
Il reste que les nombreuses recherches menées aujourd’hui dans ce domaine réactualisent, et amplifient même, des préoccupations classiques concernant les bases génétiques des troubles psychiatriques. On sait maintenant que l’environnement régule les gènes de l’individu. Mais ce que l’on sait moins, c’est que la psychothérapie
et la pharmacologie agissent également sur le génome.
Des progrès très récents
Les progrès de la génomique et des techniques de séquençage du génome accomplis lors des deux dernières années ont permis de trouver des variations génétiques très rares qui contribuent de façon importante à la vulnérabilité à certaines affections psychiatriques. « C’est donc probablement par la combinaison de mutations rares à haut risque d’une part et d’interactions entre gènes et environnement d’autre part que la génétique intervient dans la vulnérabilité aux affections psychiatriques. Cette combinaison est certainement spécifique à chaque patient. C’est pourquoi la recherche et la prévention dans ce domaine vont très probablement être davantage centrées sur la personne à l’avenir », conclut le Pr Malafosse.
Source
Pulsations - juillet-aout 2011
Article original: http://www.hug-ge.ch/_library/pdf/Actualite_sante/Journale_Pulsations_07_2011/p04_ACTUALITE.pdf