ECG, le cœur à la loupe
L'ECG, c'est quoi?
Une ligne avance et s’anime au rythme du coeur, un médecin l’observe à côté d’un patient harnaché à des électrodes. L’électrocardiogramme (ECG) est un examen que l’on a tous vu dans la fiction, parfois subi soi-même. Mais à quoi sert-il, et à quoi correspondent ces oscillations ? Réponses au service de cardiologie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).
12 électrodes, 12 mesures
Technicienne en rythmologie, Bernadette Roy équipe un patient d’électrodes qui mesureront l’activité électrique du cœur. Ces détecteurs sont au nombre de douze, un sur chaque membre et huit autour du cœur. Ils permettent d’observer l’activité électrique cardiaque selon douze axes différents, par exemple selon une ligne qui va du bras droit au bras gauche ou du coeur aux pieds. L’intérêt de ces douze mesures parallèles est qu’elles donnent des informations localisées sur le comportement du cœur. On peut ainsi voir sur l’ECG les séquelles d’un infarctus à un endroit donné ou une destruction du muscle cardiaque.
Que nous dit l'ECG?
Mais pourquoi observer l’électricité ? C’est toute l’astuce de l’ECG, qui est en fait un examen banal, sans chirurgie ni effets secondaires. A chaque battement, le muscle cardiaque se contracte pour faire circuler le sang dans les poumons et le corps. Mais il faut une impulsion pour que le muscle agisse. Le cœur comporte donc une sorte de centrale électrique, le nœud sinusal, qui envoie régulièrement de petites décharges pour que le muscle cardiaque se contracte. Avec l’ECG, on observe la circulation de ce courant à travers le cœur, et donc, indirectement, le mouvement du cœur.
«L’ECG nous donne trois informations de base, explique le professeur François Mach, chef du service de cardiologie des HUG. La fréquence à laquelle bat le cœur, si ces battements sont réguliers ou pas et si des secteurs du cœur sont anormaux.» On peut ainsi observer un rythme irrégulier qui nécessiterait la pose d’un pacemaker, ou des battements trop rapides ou trop lents qui nécessiteraient un traitement. Dans l’urgence, l’ECG permet de savoir si le cœur souffre d’un manque d’oxygène, et il est donc souvent utilisé à l’intérieur des ambulances.
L'ECG de longue durée (1/2)
Cependant, certains troubles cardiaques sont intermittents. Les palpitations par exemple, le fait de «sentir» son cœur (une cause fréquente de consultations en cardiologie). Prolonger un examen ECG jusqu’à ce qu’une crise arrive ne serait pas très pratique. On a donc développé un ECG dont la mesure est moins précise mais qui est portable et enregistre jusqu’à deux semaines d’activité du cœur: l’ECG de longue durée.
Bernadette Roy nous en fait une démonstration. Il n’y a cette fois que trois électrodes, reliées à un petit boîtier que le patient portera sur sa poitrine. Les examens durent vingt-quatre heures ou souvent une semaine, pendant que la personne vaque à ses occupations habituelles: travail, sport, loisirs. Mais si elle ressent quelque chose au niveau du cœur, un battement manqué ou des palpitations par exemple, elle note sur un tableau le symptôme et l’heure à laquelle il survient. A la fin de la période mesurée, elle rend ce formulaire à la technicienne.
L'ECG de longue durée (2/2)
La technicienne analyse alors l’enregistrement sur un ordinateur et répertorie les battements anormaux. Le médecin cardiologue rédige ensuite un rapport qui servira à confirmer ou infirmer un diagnostic.
«C’est un examen important car il permet d’observer ce qui se passe dans le quotidien des patients, loin des blouses blanches. Très souvent d’ailleurs il rassure les gens puisqu’on peut leur dire soit qu’on n’a rien vu sur l’enregistrement, soit qu’on a observé quelques événements mais qu’ils sont banaux. Des extrasystoles par exemple – un battement supplémentaire – nous en connaissons tous quelques-unes, tous les jours, généralement sans s’en rendre compte. C’est tout à fait normal.» L’électrocardiogramme de longue durée est aussi utilisé après la mise en place d’un traitement, pour contrôler que celui-ci donne satisfaction.
ECG normal
1. Un signal électrique (flèches jaunes) provenant du nœud sinusal déclenche la contraction des oreillettes.
2. La contraction des oreillettes fait passer le sang dans les ventricules.
3. Le signal électrique, qui a poursuivi son chemin à travers les oreillettes, arrive au nœud auriculo-ventriculaire, puis atteint finalement les ventricules.
4. La contraction des ventricules éjecte le sang dans le tronc pulmonaire et l’aorte.
5. Les oreillettes et les ventricules se contractent de façon synchronisée. Le rythme cardiaque est régulier.
Fibrillation auriculaire
La fibrillation auriculaire est le plus fréquent des troubles du rythme cardiaque.
Des signaux électriques désorganisés provenant de divers endroits des oreillettes provoquent une contraction anarchique de celles-ci, ce qui entraîne une irrégularité des contractions ventriculaires.