Les traitements personnalisés guérissent plus de cancers

Dernière mise à jour 30/10/12 | Article
Les traitements personnalisés guérissent plus de cancers
Première cause de mortalité dans les pays occidentaux, le cancer peut cependant souvent être guéri. De plus en plus de gens mènent une vie normale et exercent des responsabilités après un cancer et les années à venir s'annoncent riches de progrès au niveau des traitements.

De quoi on parle?

Les faits

Hugo Chavez a été réélu président du Venezuela le 7 octobre, quelques mois après qu’il a annoncé avoir vaincu son cancer.

Les dates
Le 1er juillet 2011, après des mois de rumeurs, le président vénézuélien déclare officiellement avoir été opéré d’une tumeur cancéreuse. Un an plus tard il se dit «libéré» de sa maladie, dont il n’a jamais dévoilé la nature exacte.
Le bilan

Le cancer est aujourd’hui la première cause de mortalité dans les pays occidentaux, mais il est néanmoins possible de vivre avec.

En Suisse, le cancer touche chaque année près de 40 000 nouvelles personnes. S’il est devenu la première cause de décès, il est néanmoins possible d’en guérir. En effet, bien que les statistiques varient d’un type de cancer à l’autre ainsi qu’en fonction de son traitement, 50% des personnes atteintes survivent à long terme. Mener une vie normale, voire exercer des responsabilités comme le président vénézuélien Hugo Chavez, devient de plus en plus fréquent.

Combattre la maladie

Tous les cancers sont causés par une prolifération anormalement importante de cellules, mais certains sont plus faciles à guérir que d’autres. Ainsi, d’une manière générale, un cancer de la thyroïde a un meilleur pronostic que celui des poumons ou du pancréas. Mais chaque cancer est un cas particulier et il existe des possibilités de survie même dans les cas les plus graves.

«Dans le traitement des cancers, dès le départ, un bilan clinique avec imagerie est effectué, explique le Pr Jean Bourhis, responsable du Service de radio-oncologie au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). Il nous donne une cartographie de la maladie, de son extension et de son état avant traitement. Une fois que le patient a été traité, tous ces examens sont reproduits afin de vérifier qu’il n’y ait pas de rechute.» Si l’on parle d’une moyenne de cinq ans avant de pouvoir se considérer comme guéri, il faut parfois attendre davantage avec certains types de cancer.

Pour mieux combattre la maladie, mais aussi pour permettre aux patients de continuer à vivre normalement, les spécialistes privilégient une approche différenciée. «Il s’agit d’offrir une prise en charge et des traitements de plus en plus personnalisés, adaptés au patient lui-même et aux caractéristiques de sa tumeur.«En effet, un cancer du sein ou de la prostate, par exemple, est différent d’une personne à l’autre. Et on sait de mieux en mieux les définir», explique le Pr Bourhis.

Chimiothérapie et cancer

Trois formes de thérapie

Pour combattre la maladie, trois types d’armes thérapeutiques sont utilisés: la chirurgie, la radiothérapie, et des traitements qui utilisent des substances se déplaçant dans le système sanguin pour atteindre toutes les cellules du corps (chimiothérapie ou traitements hormonaux). Ces traitements peuvent être utilisés séparément ou en association. La chirurgie et la radiothérapie agissent de manière localisée, contrairement à la chimiothérapie et l’hormonothérapie dont l’action porte sur le corps tout entier. Tous ces traitements, cependant, ont des effets secondaires, qui demandent une phase de récupération. La chimiothérapie, par exemple, vise à tuer les cellules tumorales. Mais elle agit aussi sur les autres cellules du corps, en particulier celles qui se divisent beaucoup. C’est pourquoi certains patients peuvent perdre leurs cheveux (les cellules des follicules pileux sont sensibles à la chimiothérapie), avoir des nausées ou être sujets aux vomissements (par atteinte des cellules intestinales). Au-delà de ces effets généralement passagers, d’autres problèmes doivent être surmontés à long terme. Une chirurgie importante ou une hormonothérapie, par exemple, peuvent changer l’aspect du corps ou la perception que les patients en ont. Le défi est alors de s’adapter à un nouveau mode d’existence et de trouver d’autres repères. Il reste que lorsque les patients sont bien suivis, leurs capacités de résilience peuvent être étonnantes. Pour la majorité d’entre eux, une vie normale et un retour au travail sont possibles.

Surmonter les difficultés psychiques

Que ce soit pendant le traitement ou après, c’est la fatigue qui affecte le plus la vie des patients et leurs capacités à retrouver une existence normale. Ses causes sont multiples: elle peut être une conséquence directe du cancer et de la thérapie ou résulter de leur impact sur le psychisme. L’hygiène de vie, l’alimentation ou le sport peuvent parfois aider à la surmonter. Mais il faut avant tout se rappeler qu’une personne qui fait face au cancer a besoin d’être accompagnée dans la durée.«Pendant toute la période du traitement, il y a souvent de l’anxiété, souligne le Pr Bourhis, il faut alors vraiment se donner le temps de s’y consacrer.»

La période qui suit l’annonce du cancer est également très importante. «Il n’y a pas de réactions typiques observées, explique le Dr Alexandre Ahmadi, psychiatre installé à Genève. Dans la plupart des cas, elle passera par des phases de surprise, de déni et de colère, parfois même par des périodes dépressives. Dans tous les cas, parler de la maladie de façon ouverte permettra de lever un tabou.» Une fois l’effet d’annonce dépassé, certains patients ont l’impression que tout s’effondre autour d’eux, tandis que d’autres développent une envie particulière de se battre. Ces phases peuvent se confondre, s’enchaîner ou encore se croiser, de façon régulière ou non. Enfin, il est indéniable que lorsque l’on entend parler de cancer, l’idée de la mort surgit quasi immédiatement. «Le fait de discuter du traitement spécifique avec un oncologue, de comprendre ce qui est proposé pour attaquer la maladie redonne généralement de l’espoir», remarque le Dr Ahmadi.

Quel avenir pour le traitement?

En raison de l’augmentation de l’espérance de vie, il est désormais certain que de plus en plus de personnes devront vivre avec un cancer. «Cependant, considérant que les traitements et les modes de dépistage gagnent en efficacité, on devrait être à même de les maîtriser», souligne le Pr Bourhis. Le spécialiste estime qu’à l’avenir, les professionnels utiliseront une médecine toujours plus personnalisée, et qu’ils seront alors capables pour un type de cancer donné de décrypter son message moléculaire et ainsi d’adapter les traitements. Et de conclure: «On sent que dans les années à venir, la lutte contre la maladie va vraiment progresser.»

Le cancer peut-il être inoculé?

Complot

A la fin de l’année dernière, cinq présidents sud-américains annonçaient souffrir d’un cancer. Parmi eux, le Vénézuélien Hugo Chavez, qui a alors émis l’hypothèse que le fléau serait le fait d’agents américains. Une théorie rapidement réfutée par les Etats-Unis. Est-il pour autant possible d’inoculer le cancer? Le site américain slate.com s’est posé la question. Les spécialistes interrogés ont analysé quatre possibilités: l’injection de cellules cancéreuses, l’infection par tissu cancéreux, l’irradiation et enfin l’empoisonnement. Le premier cas serait un échec car les cellules cancéreuses injectées seraient immédiatement attaquées par le système immunitaire de la victime.

Dans le deuxième cas, il n’a pas été prouvé qu’on pouvait inoculer un cancer en prélevant des tissus sains sur la victime, en les exposant à une substance cancérigène pour les lui réimplanter. Quant à l’irradiation, il s’agirait d’utiliser des implants émettant des radiations, par exemple ceux qui servent à soigner certains cancers, sur une personne en bonne santé en attendant que l’effet inverse se produise. Cette technique n’a rien de réaliste.

Enfin, les agents des services secrets américains auraient pu contaminer la nourriture des chefs d’Etat au moyen d’agents biologiques cancérigènes. Là non plus, aucune étude n’a pu prouver le bon fonctionnement de la technique.

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