Vers un auto-dépistage à domicile du cancer du col de l’utérus
Un home-test pour détecter l'infection à papillomavirus humains (HPV) à haut risque cancérogène? Ce n’est plus de l’ordre de l’impossible, comme le montrent les résultats d’une étude menée par une des chercheurs du Centre hospitalier régional universitaire (CHRU) de Tours. Leurs conclusions viennent d’être présentées dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l’Institut français de veille sanitaire1.
L’étude suisse DEPiST*
En Suisse, une étude similaire, DEPiST, est également en cours. Les participantes se verront proposer un dépistage par frottis conventionnel ou par auto-prélèvement (ou auto-test). Les objectifs sont d'améliorer la participation au dépistage et de réduire le nombre de cancers du col utérin. Elle devrait également être l'occasion de comprendre les raisons de la non-participation au dépistage actuel (réticence à un examen gynécologique, manque d’information concernant le cancer du col de l’utérus, prix du dépistage, etc.).
* DEPiST est financée par la Recherche Suisse Contre le Cancer en collaboration avec le Département de Gynécologie et d’Obstétrique des Hôpitaux Universitaires de Genève et le Groupement Romand de la Société Suisse de Gynécologie Obstétrique (GRSSGO).
Meilleur dispositif
Le dépistage du cancer du col de l’utérus est aujourd’hui réalisé via la recherche d’HPV, à partir de frottis cervico-vaginaux. L’auto-dépistage pourrait être une technique efficace pour augmenter la participation au dépistage des femmes qui ne sont jamais ou rarement dépistées. Mais le choix du meilleur dispositif et des modalités de transport des prélèvements restent à évaluer.
Dirigés par les Drs Ken Haguenoer et Alain Goudeau, les chercheurs français ont comparé les performances diagnostiques de deux méthodes d’auto-prélèvement vaginal (APV): l’une réalisable avec un écouvillon sec (placé dans un tube en plastique), l’autre au moyen d’un écouvillon avec milieu de transport liquide. Les résultats de l’une et l’autre méthode ont été ensuite comparés avec le frottis réalisé par le gynécologue. L’étude a été menée chez 722 femmes volontaires, âgées de 20 à 65 ans. Chacune a réalisé les trois examens: le frottis et les deux tests d’auto-prélèvement à domicile.
Kit d’auto-prélèvement
En pratique, les participantes ont reçu un kit d’auto-prélèvement pendant la consultation contenant une notice d’explication et l’ensemble du matériel nécessaire. Au final, l’auto-prélèvement «à sec» montre une sensibilité et une spécificité supérieures. Cependant, 14% des participantes expriment certaines difficultés à effectuer les auto-prélèvements, en particulier pour évaluer la profondeur préconisée ou pour trouver où et comment introduire l’écouvillon. De plus, 9% font état d’une douleur ou d’une sensation désagréable.
«A notre connaissance, cette étude est la première à établir la comparaison sur un grand effectif. Cet auto-prélèvement vaginal nous semble une méthode performante et efficace, explique le Pr Goudeau. Elle pourrait permettre de faire bénéficier du dépistage de ce cancer des femmes qui, aujourd’hui, sont de fait exclues des programmes existants.»
Longues distances
Alors qu’environ 30 à 40% des femmes Suisses n’effectuent pas de dépistage du cancer du col de l’utérus, les auto-prélèvements vaginaux à réaliser au domicile et à envoyer soi-même au laboratoire par la poste pourraient bien devenir, à terme, une alternative au frottis cervico-utérin pratiqué par le gynécologue. Il pourrait en aller de même dans d’autres pays développés qui ne sont pas encore parvenus organiser une proposition généralisée de dépistage à l’ensemble des femmes concernées.
De la même manière les pays en voie de développement pourraient être un terrain privilégié pour développer ce procédé, qui permet d’adresser les prélèvements sur de longues distances à des centres de lecture automatisée.
__________
1. Le texte (en français) de cette étude est disponible ici.