Un bracelet pour détecter le cancer

Et si la lutte contre le cancer passait par le port d’un bracelet capable de détecter, en temps réel, des cellules malignes dans votre organisme? C’est le nouveau défi du géant américain Google, qui multiplie les annonces dans le domaine de la santé. Sa filiale, Google X, a révélé l’automne dernier travailler sur l’élaboration d’un bracelet anticancer. Les informations techniques sur cet accessoire futuriste sont encore floues, le produit étant au stade du développement. Néanmoins, «c’est un projet crédible et prometteur, qui s’appuie en partie sur des techniques existantes», déclare Idris Guessous, médecin responsable de l’Unité d’épidémiologie populationnelle aux Hôpitaux universitaires de Genève.
L’utilité d’un dépistage
Ce bracelet se base sur l’utilisation de nanoparticules, absorbées via un comprimé, et sur le procédé de luminescence. Ces nanoparticules sont capables de reconnaître des protéines exprimées par les cellules tumorales. Elles s’y fixent et s’illuminent. Par un mécanisme de reconnaissance entre les nanoparticules illuminées et le bracelet, ce dernier détecterait alors les cellules problématiques.
«Le principe s’utilise déjà en médecine dans un but diagnostic. Par exemple, avant une IRM ou un scanner, le patient avale un produit de contraste permettant de mettre en lumière des zones d’intérêt spécifiques. Mais on ne sait pas encore capter les signaux lumineux par voie transcutanée, donc via un bracelet, explique Idris Guessous. Autre inconnue, trouver des protéines capables de détecter tout type de cancer, comme l’envisage Google.»
Mais la recherche de cellules cancéreuses pose d’autres questions: celles de la probabilité de développer réellement la maladie, et de la nécessité de faire des examens diagnostics. «Ce n’est pas parce qu’on a des cellules malignes que l’on va développer un cancer. C’est emblématique pour la prostate, une glande dans laquelle on trouve bon nombre de cellules tumorales dormantes chez les plus de 50 ans. Or tous ne vont pas souffrir, et encore moins mourir, d’un cancer de la prostate. Le risque auquel exposerait ce bracelet serait de découvrir continuellement du matériel tumoral et de ne pas savoir qu’en faire!» Aussi, la médecine préventive n’a de sens que si un traitement efficace existe et permet de diminuer les complications liées à la maladie ou la mortalité. Ce n’est le cas que pour une minorité de cancers et de maladies.
Pour le médecin, à moyen terme, l’intérêt réel d’un bracelet anticancer s’inscrit avant tout dans un but de recherche, et non dans une application clinique individuelle. A plus long terme, des patients en rémission ou des personnes à haut risque de développer un cancer en raison de leur bagage génétique, de leur contexte ou de leur mode de vie, pourraient peut-être bénéficier de telles informations.

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