Décrocher le téléphone pour diagnostiquer le Parkinson
Nous connaissons tous les signes principaux de la maladie qui porte le nom de James Parkinson (1755-1824). C’est en effet ce médecin et activiste politique anglais qui en a fait la première description médicale moderne. Il y aura bientôt deux cents ans. Cette affection neurologique d’origine dégénérative et d’évolution chronique est la conséquence de la destruction (d’origine inconnue) de neurones situés dans une région spécifique du système nerveux central. La maladie de Parkinson apparaît généralement chez ceux qui en souffrent entre 45 et 70 ans. Elle se caractérise par une série de troubles moteurs particulièrement invalidants qui conduisent à un ralentissement général de la motricité, à une raideur des membres et à des tremblements au repos.
«Pour pouvoir être exécuté, le moindre des mouvements doit être voulu. Les gestes simples et répétitifs du quotidien comme se brosser les dents, s’essuyer les pieds, écrire, composer le code de sa carte bancaire ou battre des œufs, par exemple, demandent une très grande énergie, épuisant à force la personne, qui perd toute motivation» explique le Pr Pierre Pollak, médecin chef du Service de neurologie des Hôpitaux Universitaires de Genève. Ces symptômes caractéristiques sont dus à un déficit en dopamine, conséquence de la destruction neuronale progressive. Or on estime qu’ils n’apparaissent que lorsqu’une fraction importante des neurones est déjà endommagée.
Une question essentielle est donc celle de savoir si une autre approche permettrait de porter un diagnostic plus précoce de manière à mieux assurer la prise en charge des malades. Or, comme dans la plupart des maladies neurologiques dégénératives aucun test de dépistage biologique n’est disponible en pratique. Les modes de détection existants sont coûteux, complexes et prennent beaucoup de temps.
C’est ce qui a poussé un groupe de chercheurs à affiner l’approche clinique, et ce de manière pour le moins originale. Ils ont pour cela pris en compte le fait que les troubles moteurs avaient également un impact sur les muscles de la mâchoire et de la phonation. Pourquoi, dès lors, ne pas tenter un dépistage à partir d’une analyse fine de la voix?
User du téléphone pour diagnostiquer le Parkinson? Depuis plusieurs années, différentes équipes de recherche se penchent sur la question. Le Pr Shimon Sapir (Université de Haïfa) travaillant avec des scientifiques américains et le concours des National Institutes of Health (NIH) avait déjà publié des résultats concluants en 2010. Depuis, différentes études ont été publiées sur le sujet.
Pour Max Little, mathématicien au MIT et directeur du projet Parkinson’s Voice Initiative, un nouveau test peut être rapidement adapté à une pratique diagnostique de routine et permettre des décisions thérapeutiques à la fois précoces et individualisées. Il suffit pour cela de recruter suffisamment de voix pour optimiser la finesse du dépistage. Comment participer? Que l’on soit en bonne santé ou atteint de la maladie de Parkinson on peut aider à réunir l'information vocale nécessaire pour construire ce futur mode de dépistage vocal des symptômes parkinsoniens. Rien de plus simple: passer un appel téléphonique (anonyme) de moins de cinq minutes. Pour l’heure la Parkinson’s Voice Initiative met à disposition sur son site sept numéros d’appels correspondant à sept pays:
Etats-Unis |
1-857-284-8035 |
Brésil |
11 3957-0683 |
Mexique |
55-41703631 |
Royaume-Uni |
01865 521168 |
Espagne |
91 123 4793 |
Argentine |
11.5252.8741 |
Canada |
1-647-931-5776 |
L’initiative Parkinson’s Voice a pour objectif d’enregistrer 10000 voix à travers le monde. On pourrait imaginer que la langue française puisse contribuer à atteindre cet objectif.