Un nouveau traitement pourrait accroître l’espérance de vie dans le cancer de l’ovaire

Dernière mise à jour 17/05/13 | Article
Le CHUV réalise un vaccin contre le cancer de l’ovaire
Une nouvelle immunothérapie pourrait permettre de ralentir la progression du cancer de l'ovaire, une maladie qui touche principalement les femmes dans la cinquantaine.

De quoi on parle?

Les faits

Le professeur George Coukos, chef du département d’oncologie de l’Université de Lausanne et du CHUV, a conçu une nouvelle thérapie contre le cancer de l’ovaire, en collaboration avec une équipe de l’Université américaine de Pennsylvanie. Cette approche, basée sur le principe de l’«immunothérapie», a permis de stabiliser la maladie chez les trois quarts des patientes dans un essai clinique.

Le bilan

Ce traitement, dont l’efficacité doit encore être confirmée, pourrait accroître l’espérance de vie des femmes souffrant de cancer ovarien.

Le cancer de l’ovaire, qui touche chaque année environ 600 femmes en Suisse, peut souvent être traité avec efficacité lors de sa première apparition. Malheureusement, la grande majorité des patientes fait une rechute et décède quelques années plus tard. Un des objectifs de la recherche est par conséquent d’allonger l’intervalle entre le traitement initial et la récidive de la maladie. C’est justement ce que permet de faire une thérapie personnalisée, récemment mise au point par une équipe du CHUV et de l’Université de Lausanne (UNIL): dans des essais, elle a ralenti la progression du cancer chez près de trois quarts des patientes.

«L’une des principales difficultés liées au traitement du cancer ovarien est qu’il est difficile à diagnostiquer», explique le docteur Patrick Petignat, chef du service de gynécologie aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Ce cancer, qui touche surtout des femmes âgées d’une cinquantaine d’années, se développe à partir de la surface de l’un des ovaires ou de la «trompe de Fallope», conduit qui relie l’ovaire à l’utérus. Les premiers symptômes – douleurs au dos ou au ventre, sensation de ballonnement – sont peu spécifiques. L’échographie ne permet pas non plus de repérer le cancer débutant, car il ne forme que des petits nodules (renflement) de quelques millimètres. C’est pourquoi la maladie est souvent repérée à un stade avancé, alors que la tumeur a gagné la cavité abdominale.

Rechutes fréquentes

A ce stade, le traitement consiste à retirer la tumeur grâce à une opération chirurgicale. En parallèle, la patiente subit une chimiothérapie. Cette approche combinée donne d’assez bons résultats, puisqu’à l’issue du traitement environ 70% des femmes sont dites en rémission, c’est-à-dire qu’elles n’ont plus de tumeur visible. Mais elles ne sont pas guéries pour autant: la majorité d’entre elles font une rechute dans les deux à trois ans qui suivent, et doivent alors subir une nouvelle chimiothérapie. «Or les patientes deviennent progressivement résistantes aux médicaments. Nous devons alors en utiliser d’autres, qui sont moins efficaces», indique le Dr George Coukos, chef du département d’oncologie UNIL-CHUV. Finalement, l’état de santé des femmes concernées se détériore, et la majorité de celles dont le cancer a récidivé décèdent dans les cinq ans qui suivent.

Afin d’améliorer ce pronostic, l’équipe de George Coukos a développé une approche dite d’«immunothérapie», qui consiste à apprendre au système immunitaire de chaque patiente à se défendre contre son propre cancer. Le protocole thérapeutique, élaboré en collaboration avec des scientifiques américains de l’Université de Pennsylvanie, implique de conserver la tumeur prélevée lors de la chirurgie. Des cellules immunitaires sont également prélevées chez chaque femme, afin d’en extraire un sous-type particulier, les cellules dendritiques. Le rôle de celles-ci est de repérer les éléments étrangers dans le corps humain et d’apprendre à d’autres cellules immunitaires, appelées lymphocytes T, à les reconnaître et à les détruire.

Traitement sûr

Dans le cadre du nouveau traitement, les cellules dendritiques des patientes ont été mises en contact avec leur tumeur en laboratoire, afin qu’elles «apprennent» à la reconnaître. Elles leur ont ensuite été réinjectées en plusieurs fois sur une période de trois mois, en plus d’un traitement de chimiothérapie. «Cette thérapie a été testée sur 31 femmes et elle s’est avérée parfaitement sûre. De plus, elle a permis de ralentir la progression de la maladie chez 65% despatientes,pourtant atteintes d’un cancer à un niveau avancé», détaille George Coukos.

Onze femmes ont également participé à une étape supplémentaire du traitement, dans laquelle leurs lymphocytes T ont été recueillis et stimulés en laboratoire, avant de leur être de nouveau administrés. Cette manipulation a encore amélioré l’efficacité de l’approche: «Sur les 11 participantes, 7 se sont stabilisées. Pour l’une d’elles, on peut même parler de rémission complète, puisque son cancer ne s’est pas réactivé depuis dix-huit mois, alors qu’elle avait déjà fait trois rechutes», indique George Coukos.

Cancer des ovaires

Le médecin a désormais l’intention de tester sa thérapie auprès de patientes n’ayant pas encore eu de récidive de leur cancer. «L’efficacité de cette thérapie doit encore être prouvée sur un grand nombre de cas, estime Patrick Petignat, mais ce type de traitement personnalisé constitue une des approches les plus prometteuses dans la lutte contre le cancer de l’ovaire.» Pour les médecins, l’espoir est de parvenir à maintenir la maladie en veille le plus longtemps possible, transformant ainsi ce cancer souvent fatal en une pathologie chronique.

Le vaccin stabilisateur

Définition

La vaccination consiste à stimuler le système immunitaire afin qu’il apprenne à se défendre contre une pathologie spécifique. Dans le cas des maladies infectieuses, le tétanos par exemple, on utilise les vaccins de manière préventive. Des personnes en bonne santé reçoivent des substances qui activent leurs défenses immunitaires, afin qu’elles soient capables de réagir efficacement face à la maladie. Dans d’autres situations, les vaccins sont pratiqués de manière thérapeutique, chez des personnes malades. C’est le cas du nouveau traitement du cancer de l’ovaire mis au point au CHUV, dans lequel les cellules de défense des patientes sont mises en contact avec leur tumeur, afin qu’elles apprennent à la reconnaître et à l’attaquer. Ce nouveau vaccin, qui permet de ralentir la progression du cancer, est dit «stabilisateur».

Le kyste ovarien est souvent bénin

Les kystes ovariens sont des poches remplies de liquide qui se forment au niveau des ovaires. Ils peuvent entraîner des symptômes tels que des douleurs du bas-ventre ou des saignements en dehors des règles, mais ils sont le plus souvent découverts par hasard, à l’occasion d’une échographie réalisée pour d’autres raisons (dans le cadre d’une grossesse, par exemple).

Environ 9 kystes ovariens sur 10 sont dits fonctionnels, c’est-à-dire qu’ils sont liés au fonctionnement normal de l’ovaire. En effet, pendant l’ovulation, l’ovule se développe au sein d’une enveloppe appelée follicule, qui peut, dans certains cas, atteindre une taille inhabituelle. Ce type de kyste, bénin, régresse en général au bout de quelques semaines. Sinon, une pilule à base de progestérone est prescrite pour faciliter sa résorption.

L’autre type de kyste ovarien, dit organique, est lié à un développement anormal du tissu de l’ovaire. Il est constitué d’une poche épaisse pouvant contenir des éléments inattendus tels que des tissus graisseux, osseux, pileux ou dentaires!

Des examens complémentaires sont nécessaires pour déterminer le degré de dangerosité de ce type de kyste, mais seule une minorité d’entre eux est cancéreuse. Si une tumeur est suspectée, la patiente sera opérée.

En collaboration avec

Le Matin Dimanche

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