Cancer du colon: très grandes disparités entre pays
Parmi les cancers les plus diagnostiqués dans le monde, le cancer colorectal figure en troisième place, avec une incidence d'un million et demi de nouveaux cas chaque année. Il constitue la quatrième cause de décès par cancer. Or, on estime que dans quinze ans l'incidence risque de grimper jusqu'à 2,2 millions, et la mortalité de dépasser largement le million. Les diverses régions du monde sont toutefois très inégales face à ces chiffres, puisque cette incidence peut varier d'un facteur 10 d'un point à l'autre du globe.
C'est ce que démontre une récente étude publiée sous l'égide du Centre international de recherches sur le cancer à Lyon (CIRC), agence spécialisée de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). En s'appuyant sur la base de données GLOBOCAN de l'OMS, le Dr Melinda Arnold et ses collègues de Lyon ont pu dépouiller les chiffres issus de 184 pays, chiffres d'incidence et de mortalité qu'ils se sont efforcés de comparer. Ensuite, pour 37 pays, ils ont cherché à analyser leur évolution dans le temps. Leurs conclusions viennent de faire l'objet d'un article dans la revue GUT (intestin en anglais) affiliée au British Medical Journal.
Cancer propre aux pays riches
C'est ainsi qu'ils relèvent tout d'abord que les pays les plus touchés sont la Slovaquie, la Hongrie et la Corée, avec chaque année environ 60 nouveaux cas de cancer colorectal pour 100000 habitants de sexe masculin, et que les régions où l'incidence est la plus faible, avec environ 1,5 nouveau cas pour 100000 habitants, sont l'Afrique sub-saharienne, la Gambie, et le Mozambique. A noter que les chiffres concernant les femmes se situent généralement 25% en dessous de ceux des hommes.
Les chercheurs soulignent ensuite que 60% des décès dus au cancer colorectal surviennent dans des pays à haut, voire très haut, indice de développement humain (IDH), une référence qui prend en compte les chances de vivre longtemps en bonne santé, les années de scolarisation, ainsi que le niveau de vie moyen, lié au revenu national brut. Sur les cartes qui accompagnent l’article, la différence saute d'ailleurs aux yeux: l'Europe de l'Ouest et l'Amérique du Nord se distinguent très nettement, avec l'Australie et le Japon, des autres parties du monde.
Mais c'est surtout la variation de ces chiffres au cours du temps qui fournit l'enseignement le plus intéressant, dans la mesure où l'analyse de cette évolution suggère quelques pistes permettant de réduire, à long terme, l'important fardeau que constitue cette maladie.
Importance du dépistage
Les chercheurs ont ainsi classé les pays en trois groupes: premièrement ceux où l'incidence du cancer colorectal ainsi que sa mortalité se sont plutôt révélées à la hausse; deuxièmement ceux où l'incidence a augmenté mais où la mortalité a diminué; et enfin ceux où l'incidence comme la mortalité ont toutes deux baissé.
On trouve dans le premier groupe des pays comme le Brésil, la Chine et la Russie, ou encore les Philippines et l'Espagne. La Suisse, elle, figure dans le deuxième groupe, en compagnie notamment des quatre pays scandinaves, du Canada, du Royaume-Uni, de l'Italie ou encore de la Slovénie. Quant au troisième groupe, où le nombre de nouveaux cas et le nombre de décès sont tous deux à la baisse, il réunit entre autres les Etats-Unis, la France, l'Islande, le Japon et l'Australie.
Première remarque des médecins de Lyon: la baisse de mortalité dans les groupes 2 et 3 est très vraisemblablement due, ne serait-ce qu'en partie, à un dépistage plus systématique de la maladie, puis à de meilleures procédures thérapeutiques ainsi qu'à des protocoles de chimiothérapie et de radiothérapie plus efficaces. Il n'est pas impossible non plus qu'elle soit due à des modifications importantes survenues, ces dix dernières années, dans les habitudes alimentaires des pays les plus riches, qui ont mieux pris conscience de certains risques.
Message d'alerte
A contrario, les chercheurs soulignent que l'augmentation des nouveaux cas enregistrée dans certains pays des groupes 1 et 2 est très certainement liée à leur évolution rapide vers un style de vie occidentalisé: consommation d'alcool, tabagisme, pauvreté de la nourriture en fruits et légumes et consommation croissante de viande rouge, obésité plus répandue, et inactivité physique.
L'analyse détaillée de toutes ces disparités, parfois saisissantes, fait donc dire aux auteurs de l'article qu'elles constituent une indication très claire de ce qui attend les pays à revenu faible ou moyen aspirant au développement. «Il est urgent –écrivent-ils– de mettre en œuvre des mesures de contrôle efficaces pour stopper l'augmentation rapide de la mortalité à laquelle ces pays pourraient être confrontés». La menace est d'autant plus grande que le vieillissement de la population et l'évolution démographique constitueront des éléments défavorables supplémentaires.
«Sans des investissements majeurs en faveur du dépistage du cancer colorectal et de ses traitements, et sans des mesures énergiques pour accroître l'accessibilité des options thérapeutiques, le nombre de victimes ne cessera d'augmenter ces prochaines décennies», concluent les scientifiques de Lyon.
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Référence
«Global patterns and trends in colorectal cancer incidence and mortality», Arnold M, et al., Gut 2016;0:1-9
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